/

L'employabilité du travailleur wallon

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 103 (2011-2012) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 16/11/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Sur le plan de la comparaison internationale du PIB et de la valeur ajoutée industrielle, la Wallonie semble afficher, au niveau du PIB par habitant, un retard par rapport à certains pays ou régions. La Wallonie produirait, en termes absolus, moins de valeur ajoutée et les écarts avec des pays comme la Suède et les Pays-Bas semblent plutôt importants.

    Cependant, la valeur ajoutée par employé traduit une bonne performance de l'économie wallonne, comparée à celle des autres régions d'Europe. L'industrie manufacturière constitue le principal secteur industriel de Wallonie et comprend une série de sous secteurs parmi lesquels on retrouve les industries alimentaires, textiles, de production de bois et de papier, chimiques et pharmaceutiques, métallurgiques, de fabrication de machines et de matériel de transport, etc. La Wallonie semble donc disposer d'un secteur industriel exceptionnellement performant, mais dont le périmètre serait actuellement trop limité.

    Combinant les deux facteurs, doit-on conclure que la productivité de ceux qui ont un emploi serait très bonne, tandis que le nombre des personnes employées (contribuant donc à la création de valeur ajoutée) serait plutôt faible comparé aux mêmes régions voisines ?

    En d'autres termes, plus notre productivité (étroitement liée au niveau de qualification et de savoir-faire des travailleurs) s'améliore, plus nous creusons l'écart entre ceux qui peuvent être considérés comme employables et ceux qui ne le sont pas.

    Monsieur le Ministre partage-t-il cette analyse ? Quelle politique mettre en œuvre pour réduire l'écart entre les travailleurs employables et ceux que les patrons ne souhaitent pas embaucher ?

  • Réponse du 11/01/2012
    • de ANTOINE André

    En tant que Ministre de l’Emploi et de la Formation, au-delà des indicateurs économiques de création de richesses, je ne peux qu’être interpellé par la productivité différenciée entre ceux qui sont correctement formés et ceux qui ne le sont pas. Cette problématique a été épinglée par l‘économiste britannique William Beveridge qui épinglait que la demande de travail exprimée par les entreprises n’aboutissait pas à une réduction de l’offre de travail, tout simplement parce que les travailleurs disponibles sur le marché ne sont pas employables. Cette modélisation illustrée dans l’entre deux guerres reste pleinement d’actualité. Plusieurs secteurs à haute valeur ajoutée, mais aussi des secteurs plus traditionnels ne trouvent pas la main-d’œuvre adéquate. D’un point de vue préventif, c’est un défi pour l’enseignement à tous les niveaux, mais c’est aussi, d’un point de vue curatif, un défi pour la politique de l’emploi et de la formation. Les 25 centres de compétence répondent à cet impératif d’adéquation sur le marché du travail. En outre, comme l'honorable membre le sait, le plan Marshall réserve un volet important aux métiers en demande avec une production que je me permets de rappeler :
    a) en matière de promotion des métiers : de janvier 2010 à juin 2011, 27.799 personnes ont bénéficié d’actions de sensibilisation dans les Carrefour Emploi Formation ;
    b) en matière d’orientation des demandeurs d’emploi : de janvier 2010 à juin 2011, 1.570 personnes ont effectué des essais-métiers ;
    c) en matière de formation des demandeurs d’emploi et des élèves en alternance : de janvier 2010 à juin 2011, il y a eu
    * 12.484 screenings,
    * 767.190 heures dans des formations qualifiantes additionnelles dans les métiers en demande,
    * 1.153.984 heures dans des Centres de compétence,
    * 73.851 heures de formations additionnelles dans la formation en alternance (IFAPME).

    Par ailleurs, en matière de développement des compétences linguistiques, je rappelle également que de janvier 2010 à juin 2011, ce sont 570 bourses d’immersion linguistiques qui ont été octroyées à des demandeurs d’emploi et 417 bourses à des rhétoriciens en 2010. Cet apprentissage linguistique par les personnes peut d’ailleurs se poursuivre aussi, en autonomie, grâce à la plate-forme d’apprentissage des langues nationales et de l’anglais, opérationnelle depuis ce mois de novembre.

    Enfin, pour réduire l’écart entre les travailleurs employables et les autres, la région pourra moduler, suite à la 6e réforme de l’Etat, sa politique de l’emploi, tant du côté de l’offre ou que de la demande d’emploi. Ainsi, la gestion des réductions ONSS en faveur de groupes-cibles ou de secteurs spécifiques, ainsi que la gestion des mesures d’activation, permettront autant de contribuer à rencontrer les besoins de main-d’œuvre dans des métiers ou secteurs spécifiques qu’à favoriser la réinsertion de publics présentant des profils spécifiques.

    En clair, toutes ces mesures répondent à la nécessité que vous soulevez de « réduire l’écart entre les travailleurs employables et ceux que les patrons ne souhaitent pas embaucher ».