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Le chemin d'une industrie wallonne compétitive et durable

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 177 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 17/11/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Au rayon des constats positifs, les gains de productivité ont été substantiels durant les 20 dernières années, principalement en raison d’importants investissements, tandis que les coûts salariaux ont progressivement retrouvé une trajectoire de croissance plus en phase avec la productivité du travail.

    Dès lors, la compétitivité de l’industrie wallonne s’est globalement améliorée. En effet, la compétitivité n’est pas seulement liée à la question du coût de la masse salariale, mais plutôt au coût de production par unité – notion où la productivité reprend toute son importance. S’il y a des gains en termes de productivité, c’est à la fois le fruit de l’investisseur (ex. investissements de rationalisation) et le fruit des travailleurs (ex. niveau de qualification).

    L’amélioration de la compétitivité est encore insuffisante pour placer l’industrie wallonne en bonne place face à la concurrence mondiale. C’est souvent un constat qui est fait par les patrons.

    L’évolution de la spécialisation sectorielle de l’industrie wallonne va aussi dans le bon sens mais à un rythme trop lent. Il est indiscutablement de bonne augure que les secteurs pharmaceutique et de biotechnologie aient connu une rapide expansion au point d’occuper la première place des secteurs industriels, mais il est par contre regrettable que d’autres secteurs, à l’avenir prometteur sur les marchés émergents comme celui des machines-outils ou de l’électronique, ne se soient pas plus développés.

    D’où probablement la nécessité de mener une politique industrielle d’innovation et de spécialisation sectorielle.

    Si on considère les investissements en R&D, là aussi l’image globale est plutôt encourageante, puisqu’ils ont augmenté de près de 50 % entre 2002 et 2007. Mais est-ce suffisant, vu que malgré ces bonnes nouvelles, nous ne nous trouvons toujours pas dans le peloton de tête en la matière ? N’est-ce pas d’autant plus vrai que cette bonne nouvelle trouve son origine dans deux ou trois grandes entreprises d’un seul secteur, la pharmacie.

    Au contraire, les dépenses R&D des moyennes et petites entreprises ont peu ou pas augmenté durant cette période. C’est en tout cas le constat de la FEB. Monsieur le Ministre confirme-t-il ce constat ? Comment y remédier ?

    S’il en est ainsi, c’est que cela traduit une mutation trop lente et avec une ampleur insuffisante. Il faut de l’ambition, plus d’ambition et plus d’exigence. « Il faut pousser nos entreprises à innover plus et à augmenter les transferts de technologies venant des unités de recherche ou d’autres entreprises. De même, il faut accompagner les entreprises pour les inciter à exporter plus vite et plus loin. » (FEB)

    Si nous partons du fait que bon nombre de PME sont des entreprises sous-traitantes, la question gagne toute son importance. En effet, le client final (entreprise de finition) choisira toujours un produit de qualité au moindre prix. Donc un produit que le sous-traitant va pouvoir offrir pour autant qu’il soit compétitif en termes de productivité.

    Ne faut-il dès lors pas décliner l’objectif des 3 % d’investissement dans la R&D secteur par secteur, catégorie d’entreprise par catégorie d’entreprise, plutôt que de partir sur un tableau général où les investissements importants des uns (secteur de la chimie) dissimulent le non-investissement des autres (PME) ?
  • Réponse du 05/12/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    L’objectif des 3% du PIB investis dans la R&D ne concerne pas que les entreprises. Certes, elles contribuent, tous secteurs et toutes tailles confondus, à plus de 75 % du montant total investi annuellement en recherche en Wallonie. L’enseignement supérieur y contribue aussi à hauteur d’environ 23%, le solde provenant des pouvoirs publics (en tant que secteur d’exécution, essentiellement via le centre de recherche agronomique de Gembloux), cette répartition étant basée sur les chiffres de 2009.

    Au niveau des entreprises, il est indéniable que la plus grande part est prise en charge par les grandes entreprises (plus de 1000 personnes) qui ont supporté à elles seules 56 % du montant total investi par les entreprises en 2009. Toutefois, la part des PME (moins de 250 personnes) est loin d’être négligeable avec 28%, les entreprises entre 250 et 999 employés contribuant au solde, soit 16%. Si l’on s’intéresse aux entreprises de moins de 50 personnes, leur part dans le total investi en R&D par les entreprises est tout de même de 11%. Il n’est dès lors pas opportun de parler de « non-investissement ».

    Il est clair que l’accroissement observé ces dernières années est principalement attribuable aux grandes entreprises avec un taux de croissance des dépenses de 70% pour les entreprises de plus de 1 000 personnes et de 30% pour celles occupant entre 250 et 999 employés, sur la période 2004-2009. Au niveau des secteurs, les secteurs de haute technologie, incluant la pharmacie, ont vu leurs dépenses croître de 48% entre 2004 et 2009, celles-ci représentant, en 2009, 55 % du total des dépenses des entreprises. Les autres secteurs de l’industrie manufacturière (medium high-tech, medium low-tech et low tech) ont quant à eux connu une baisse de l’ordre de 25% de leurs investissements entre 2004 et 2009.
    D’autres secteurs aux investissements plus modestes ont cependant également accru leurs dépenses, notamment le secteur « Production et distribution d’eau, gaz et électricité » dont les dépenses ont plus que doublé, les secteurs de l’agriculture (+17%), « Transports, entreposage et communications » (+15%), et les activités informatiques (+15%).

    Sur la question de décliner les objectifs de croissance des dépenses d’investissement en R&D en fonction de la taille et/ou des secteurs d’entreprise, il est nécessaire de se poser la question de l’objectif poursuivi. Si le but est que les entreprises s’engagent à atteindre tel ou tel niveau de dépenses en R&D au niveau des secteurs, ou le leur imposer, il faut se rappeler que les montants investis en recherche sont une chose, la qualité et la pertinence des investissements réalisés en sont une autre. Si ces objectifs par taille/secteur doivent être indicatifs et permettre de mesurer l’écart entre le niveau observé et le niveau attendu, on remarquera qu’il est difficile, voire impossible, de définir le niveau souhaitable ou souhaité pour chaque catégorie d’entreprises, sachant que certains secteurs sont par nature peu intensifs en R&D. Au niveau régional, les investissements en R&D sont, sans conteste, un facteur crucial pour la compétitivité. Au niveau de la stratégie d’une entreprise toutefois, ou d’un groupe cohérent d’entreprise, d’autres éléments entrent en ligne de compte. Certaines entreprises innovent en effet par d’autres biais que la R&D.

    Concernant la politique menée par la Wallonie, divers éléments peuvent être mis en avant par rapport à la volonté de rendre la R&D accessible au plus grand nombre d’entreprises : politique des pôles et des clusters, Innovatech, mécanisme des chèques technologiques, guidance et veille technologiques effectuées par les centres de recherche, taux d’intervention progressif des aides en fonction de la taille des entreprises, aides spécifiques en faveur des PME...

    Les chèques technologiques sont une des mesures destinées spécifiquement aux PME, qui leur permettent d’avoir accès aux prestations des centres de recherche agréés wallons. Depuis leur mise en place voici 3 ans, pas moins de 10.543 chèques ont été délivrés pour un montant total de près de 5,3 millions d’euros.

    Au niveau des pôles, les chiffres relatifs aux aides octroyées sont intéressants. En effet, près de 80% du montant des aides octroyées aux entreprises dans le cadre des projets de R&D des pôles de compétitivité l’ont été au profit d’entreprises de moins de 250 personnes, et plus de 90% des entreprises soutenues comptent moins de 250 employés. Notons également que, sur les 205 entreprises aidées dans le cadre des pôles, 89 n’avaient jamais bénéficié d’une aide à la R&D antérieurement (soit 43%).

    Je citerai encore le programme mobilisateur CWALity (Collaboration in Wallonia Ability) qui a été lancé pour la première fois par la Wallonie en décembre 2010 à destination des PME. Il visait à soutenir le développement et la validation de produits, procédés ou services nouveaux destinés à être valorisés industriellement à court terme par les PME porteuses des projets déposés. Ce programme a rencontré un vif succès puisque pas moins de 65 projets ont été déposés, parmi lesquels 26 ont été financés pour un montant total de près de 10,4 millions d’euros. Cette formule répond clairement à un besoin pour les PME de pouvoir présenter des projets de plus petite ampleur, ne concernant qu’une seule entreprise, ce qui n’est pas possible dans les pôles par exemple. Etant donné les résultats très positifs, un deuxième appel CWALity a été lancé en novembre 2011.