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La polémique relative à la gestion des populations de castors

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 164 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 22/11/2011
    • de PREVOT Maxime
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Après quelques années de relative discrétion, le castor revient sur le devant de la scène à cause de la polémique qui a vu le jour entre les défenseurs de ces rongeurs et l’administration régionale suite à la délivrance d’autorisation de destruction de sites et/ou animaux par cette dernière.

    Actuellement, la législation permet à l’inspecteur général de la DNF de délivrer des dérogations au statut de protection du castor. En trois ans, 34 dérogations ont été accordées : 20 pour la destruction de barrages et 14 pour la destruction d’animaux. La Coalition nature, fédération qui regroupe une douzaine d'asbl, met en cause l’inspecteur général et estime ces destructions abusives. L’association conteste également le mandat donné au seul inspecteur général pour délivrer la dérogation. Elle dénonce enfin une certaine opacité dans la prise de décision et un manque d’imagination dans le chef de l’administration afin de mettre en œuvre des solutions moins radicales (aménagements des lieux, déplacements d’animaux,…) mais plus onéreuses.

    L’administration régionale s’insurge contre cette attaque « ad hominem » et constate que le castor est en expansion en Wallonie. Elle indique que les interventions radicales sont limitées à quelques cas.

    La fédération plaide pour une modification de la législation et l’instauration d’un collège de trois personnes (un responsable de la DNF, un scientifique et un magistrat) chargé de délivrer les dérogations en lieu et place de l’inspecteur général. Elle demande également une publication plus rapide des décisions.

    Monsieur le Ministre peut-il nous fournir un état de la colonisation des castors et de la gestion de cette population ?

    Envisage-t-il une modification de la législation et le retrait au seul inspecteur générale de la DNF du droit de délivrer des dérogations ?
  • Réponse du 14/12/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Le castor est le plus gros rongeur de Wallonie. Disparu de nos contrées à la fin du 19e siècle, il est de retour chez nous, suite à une réintroduction illégale en 1998.

    Cette espèce adapte son environnement (abattage d’arbres, construction de barrages) en fonction de ses besoins vitaux et pour améliorer sa circulation dans l’eau. Il agit ainsi directement et positivement sur l’écosystème et sur les possibilités de développement de nombreuses autres espèces.

    Moins de 15 ans après cette réintroduction, la population wallonne de castors est estimée à plus de 1.000 individus et plus de 250 sites permanents ont été répertoriés. Ce développement commence à montrer ses limites. La présence de castors peut provoquer des risques pour la sécurité :
    1) le creusement des terriers dans les berges des étangs avec un risque important de fuites allant jusqu’à la rupture des digues. Vous pouvez imaginer qu’en cas de rupture d’une digue d’un plan d’eau important, l’afflux massif et incontrôlé de masse d’eau vers l’aval peut mettre en péril la sécurité des biens et des personnes.
    2) l’installation de barrages : ceux-ci peuvent entraîner, en amont, des inondations d’habitations, de routes, de voies de chemin de fer et de terrains forestiers et agricoles.
    Ces barrages sont aussi susceptibles d’entraver le bon écoulement des cours d’eau, particulièrement en période de crues, entraînant des risques accrus d’inondations des propriétés.
    3) la coupe d’arbres à très haute valeur économique, de dimension parfois importante, tels des chênes, des aulnes glutineux, des peupliers….Outre la perte économique, cela peut présenter un danger pour la sécurité des personnes et des biens, notamment en bordure de voirie ou dans des endroits proches d’habitations.

    Au vu des difficultés de coexistence du castor avec son milieu, l’espèce, bien que protégée mais qui n’est plus menacée de disparition chez nous, comme à l’échelon européen, est gérée et ce d’autant que la régulation naturelle du castor est impossible en Wallonie dans la mesure où ses prédateurs comme l’ours brun, le loup, le lynx, ne sont pas présents chez nous.

    A l’instar d’autres pays européens, tel l’Allemagne en Bavière qui prélève, par piégeage et tir à l’arme à feu, plus de 500 castors sur une population estimée à 12.000, une régulation est permise en Wallonie.

    Dans ce contexte, le 22 juin 2010, le Conseil supérieur wallon de la conservation de la nature (6 représentants d’associations environnementales, 6 scientifiques et 6 représentants de Conseils tels que le Conseil supérieur wallon des Forêts, le Conseil supérieur de la Pêche, le Conseil wallon de l’Environnement pour le Développement durable,…) s’est prononcé favorablement sur une stratégie générale de gestion du castor.

    Cette stratégie s’articule dans un premier temps, sur la mise en œuvre de moyens de prévention. Lorsque ceux-ci se révèlent insuffisant pour protéger la sécurité des biens et des personnes, l’administration octroie des autorisations de régulation de castors.