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La dégradation des sols, cause d'une ressource économique en danger

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 219 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 22/11/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    La gestion durable des terres a toujours été une préoccupation majeure de l’Union. En effet, les sols constituent une ressource naturelle non renouvelable. Si les sols se dégradent, cela risque d’être un problème irrécupérable pour bien longtemps.

    C’est ainsi que l’UE consacre des montants importants pour financer des programmes de lutte contre la dégradation des sols dans les pays en développement. La Commission européenne franchit maintenant un pas supplémentaire en participant au lancement d'une initiative économique sur «les aspects économiques de la dégradation des sols».

    Cette initiative consistera en une évaluation globale de la dégradation des sols, qui portera tant sur les coûts à supporter si l'on ne parvient pas à enrayer cette dégradation que sur les avantages économiques qu'entraînerait la mise en œuvre de politiques durables de gestion des terres.

    Dans un discours à l'ONU, M. Piebalgs, Commissaire au développement, a déclaré: «La dégradation des sols est un problème mondial grave qui a des répercussions considérables sur la sécurité alimentaire, le changement climatique et la perte de biodiversité. J'espère que cette étude mobilisera une large coalition des partenaires à même de lui donner l'élan dont elle a encore besoin et d'accorder à ce problème toute l’attention qu'il mérite.».

    Pour sa part, Janez Potonik, membre de la Commissions européenne chargé de l'environnement à déclaré à ce propos : «On n'accorde généralement pas beaucoup d'importance aux sols, alors qu’il s’agit d'une ressource non renouvelable, qui pourrait donc s'épuiser ou s'appauvrir si l’on n’en prend pas soin. La dégradation des sols nous concerne tous directement ou indirectement, mais nous connaissons mal les coûts qu’elle représente. C’est pourquoi cette initiative est la bienvenue.».

    « La dégradation des sols est un problème de plus en plus grave dans le monde, la part des terres soumise à une dégradation des sols et à la désertification étant en constante expansion. Cette tendance s'explique par divers facteurs, notamment l'utilisation non durable des terres, qui résulte des changements démographiques, des habitudes de consommation et de production qui ne sont pas durables non plus et des pressions croissantes sur les sources d'eau, exacerbées par le changement climatique et la sécheresse. » (presse).

    Est-ce aussi dans notre intérêt que nous encouragions des initiatives dans le cadre de nos relations internationales ou de commerce extérieur qui visent à limiter, voire d’éviter les dégradations de sols ? La dégradation des sols ne comporte-t-elle pas le risque – à terme – de contribuer à des famines que nous devrons combattre dans le cadre de l’aide humanitaire à mettre en place par la Région wallonne, au même titre que les catastrophes naturelles comme le tsunami, les tremblements de terre ... ? Ne devrions-nous donc pas nous engager plus en cette matière, et ce, d’autant plus que nous sommes assez souvent à l’origine de l’exploitation de terres même en dehors de l’UE ?
  • Réponse du 24/02/2012
    • de HENRY Philippe

    Je partage l'analyse de l'honorable membre. En effet, s’il est bien une matière qui transcende les frontières et à laquelle s’applique la vision de la mondialisation, c’est bien l’environnement. Appauvrir les sols des pays émergents ou en voie de développement en favorisant notamment l’importation de denrées issues de la culture sur brûlis, ou importer de la biomasse pour faire fonctionner nos centrales thermiques sans se soucier du maintien de la fertilité des sols (tant au niveau de la matière organique que des oligo-éléments et des minéraux) relèvent de comportement qui ne prennent pas en considération le développement durable dans lequel doit s’inscrire aujourd’hui toute action de production.

    La meilleure manière de combattre la dégradation des sols est donc de solliciter raisonnablement et de manière responsable les ressources sans conduire à des dégradations des sols des autres.

    La dégradation des sols sous ses multiples facettes est une préoccupation croissante de l’Union européenne. La Commission européenne s’est en effet ralliée aux Nations Unies pour lancer une initiative sur « les aspects économiques de la dégradation des sols ».

    Cette initiative consistera en une évaluation globale de la dégradation des sols, qui portera tant sur les coûts à supporter si l’on ne parvient pas à enrayer cette dégradation que sur les avantages économiques qu’entraînerait la mise en œuvre de politiques durables de gestion des terres. Cette étude a pour objectifs de conscientiser l’ensemble de la société au problème de la dégradation des sols et d’aider les décideurs des pays politiques concernés (tant dans les pays en voie de développement que dans les pays développés) à mettre en œuvre des stratégies efficaces pour le régler.

    L’initiative n’en est encore qu’à ses débuts. En effet, une base politique, financière et administrative devra d’abord être établie pour structurellement soutenir ce travail et l’initiative devrait ensuite s’élargir à l’ensemble des acteurs concernés tant publics que privés. Une ouverture est prévue aux contributions des gouvernements et du secteur privé, aux bailleurs multilatéraux et bilatéraux, et aux fondations et organisations de développement. Une coopération a également été prévue avec les ONG, les entreprises internationales, les institutions financières, les agriculteurs et les associations agricoles, les université et institutions de recherche, pour assurer l’indépendance et la transversalité de l’étude scientifique.

    Aucun contact spécifique n’a encore été pris à ce sujet par la Commission européenne auprès des Etats membres.

    Indépendamment de cette initiative européenne, il est clair que nos choix de consommateurs peuvent avoir un impact direct sur les ressources naturelles et donc sur les sols. Cette dimension est évidemment présente dans les actions de sensibilisation que je subsidie. C’est aussi une composante dans la politique fédérale sur les produits.

    Enfin, il faut savoir que dans le cadre de mes compétences, je suis en charge d’un programme de collaboration avec les pays du sud dans le cadre de la lutte contre le changement climatique (Fast Start). La prise en compte de la dégradation des sols est présente dans les projets concrets en cours et à venir.