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Une technologie à semi-maturité déjà très rentable

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 220 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 24/11/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Source : Dans le Journal des Ingénieurs, édition 133, Septembre-octobre 2011, nous trouvons entre autres les propos suivants, recueillis par Pascal-P. Delizée : 

    « Ir. André Bouffioux : L'énergie est l'un des quatre grands piliers de notre société, aux côtés de l'industrie, du médical (healthcare) et de « Infrastructures and Cities ». Nous sommes également un grand acteur au niveau énergétique, en Belgique. Nous avons d'ailleurs réalisé plusieurs projets. Le problème énergétique est assez complexe car nous sommes toujours « netto » importateur d'énergie, cela veut dire que nous achetons l'énergie à nos voisins ainsi qu'à d'autres pays. En plus, nous avons un effort à fournir en matière d'énergie verte, secteur que nous devons développer. À cet égard, nous avons lancé, en Belgique, le projet « Volt-Air », parmi d'autres. Également, avec la SNCB, nous avons élaboré des stratégies visant à accroître l'utilisation des trains par les usagers. Par ailleurs, nous avons développé un projet d'énergies renouvelables : réseaux intelligents, infrastructures de chargement intelligentes et un centre de contrôle où nous pouvons mesurer l'efficacité énergétique de nos clients, ainsi que de leurs voitures électriques et en assurer, dans le même temps, un monitoring assez précis. Nous élaborons, en outre, des projets d'« energy saving », de réduction de la consommation de l'énergie. Le problème n'étant pas de les réduire mais bien de maintenir les réductions d'énergie. Pour ce faire, nous disposons de systèmes de monitoring performants. Dans le futur, plus il y a aura d'énergies renouvelables, plus la production d'énergie sera aléatoire. En outre, il faudra disposer de réseaux intelligents. De plus, il faudra compenser le manque de vent et de soleil par des centrales qui n'ont pas seulement un rendement élevé, comme celle d'Irsching, mais aussi qui présentent des temps de démarrage et d'arrêt très courts. Vis-à-vis de cette flexibilité, Siemens est à la pointe de la technologie, que ce soit dans les turbines gaz-vapeur (TGV) ou dans les centrales classiques.

    Dans le domaine de l'énergie, comme dans toute autre technologie, il y en a qui sont à maturité et d'autres qui sont en pleine expansion, en plein développement. La centrale d'Irsching est plutôt une technologie à semi-maturité, où l'amélioration technologique se mesure dans l'accroissement des rendements et de l'efficacité de la centrale. Nous sommes aujourd'hui à un rendement de plus de 60 %, à Irsching, ce qui est tout de même un résultat énorme. À présent, il faut mettre l'ensemble du problème énergétique sur la table. Pour ce faire, nous allons avoir besoin, en Belgique, de plusieurs centrales pour compenser les fluctuations sur le réseau et aussi pour pouvoir facilement arrêter et démarrer ce type de centrales. Plus il y aura de l'énergie renouvelable, plus ce nouveau type de centrale sera indispensable. Nous avons déjà plusieurs réalisations « qui tournent », à notre actif, en Belgique. Partout où cela est rentable, il est possible d'installer une centrale TGV avec des partenaires. Comme c'est d'ailleurs le cas avec le producteur de papier, Burgo Ardennes, parmi tant d'autres. ».

    Voilà un projet ou une idée qui vaut la peine d’être creusée parce qu’elle s’intègre parfaitement dans la politique menée par la Région wallonne en matière d’énergies renouvelables. Creusée du point de vue de la R&D pour donner les moyens aux ingénieurs de faire avancer cette technologie jusqu’à un niveau de maturité suffisante. Creusée aussi pour équiper notre arsenal de production de suffisamment d’unités pour pouvoir offrir l’énergie en qualité et quantité suffisantes à tout moment et ce à des prix abordables tant pour le professionnel que pour le résidentiel. Creusée dans le sens qu’il faut maintenant « tester » cette technologie dans un contexte économique réel à plus grande échelle. Creusée aussi, parce que cela engendre des investissements nécessaires au relancement économique et à l’autarcie progressive énergétique de la Région wallonne.

    Monsieur le Ministre prendra-t-il l’initiative ? A-t-il recherché des solutions pour répondre au caractère intermittent des ressources vent et soleil ? Lesquelles ? Avec quelle puissance et quelle efficacité ?
  • Réponse du 15/12/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    La problématique du passage d’un réseau « feed and forget », alimenté principalement par des productions centralisées vers un réseau intelligent faisant la part belle aux productions décentralisées et renouvelables, me tient particulièrement à cœur. L'honorable membre n'est d’ailleurs pas sans savoir que le groupe de travail REDI a été mis en place pour faire le point sur cette problématique et proposer une feuille de route.

    Que ce soit la centrale Siemens à Irsching ou celle de General Electrics à Belfort, toutes deux ont atteint la limite de rendement en cycle combiné, soit environ 60%. Il s’agit là d’un degré élevé de performance au regard des centrales classiques qui tournent autour de 30 à 40%. Ces centrales ont également l’avantage d’être très souples. Pour la centrale d’Irsching, 10 minutes suffisent pour passer de 100MW à 600MW, ce qui lui permet de remplir aisément le rôle de réserve tertiaire. En termes de réduction des émissions de CO², la centrale d’Irsching permettrait une économie de 2,8 millions de tonnes de CO² par an.

    Comme l'honorable membre le sait, notre volonté est d’assurer la transition vers le renouvelable à un coût acceptable pour notre société.

    Pour ce faire, ces technologies semblent apporter une solution intéressante. Néanmoins, elles en sont encore au stade de la recherche et leur coût reste extrêmement élevé : le projet de recherche de GE à Belfort a été évalué à 500 millions de dollars.

    Il faut, en outre, préciser que l’amortissement de ce genre de centrale n’est possible que sur la base d’un fonctionnement à puissance nominale, ce qui contrevient directement à l’intérêt de ces centrales qui est justement de pouvoir fonctionner hors nominal. Il sera dans ce contexte difficile de trouver un opérateur prêt à investir dans une centrale de ce type.

    Des solutions alternatives sont donc actuellement recherchées pour gérer le caractère variable de certaines sources d’énergie.

    Ainsi, le rapport final du groupe de réflexion REDI (Réseau Electrique Durable et Intelligent) est attendu début 2012, avec une vision à court et moyen terme. D’autres recherches, spécifiquement dédiées aux réseaux intelligents, seront également financées par le Département de l’Energie en 2012 dans le cadre du programme mobilisateur « Reliable » (Réseaux ELectriques Intelligents et durABLEs), lequel vient d’être lancé.