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Les castors

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 177 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 24/11/2011
    • de SONNET Malika
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    La réintroduction des castors dans nos cours d'eaux a déjà fait l'objet de questions au sein de ce parlement.

    La Wallonie a adopté des dispositions en vue de gérer au mieux la présence de cet animal et des nuisances que celle-ci peut parfois engendrer. Or si ces mesures sont reconnues par les amis des castors, ceux-ci déplorent par la voix de la Coalition nature (une fédération regroupant une douzaine d'asbl) des décisions qui ont abouti à la destruction de sites de castors, voire même à l'abattage des animaux. La fédération dénonce les décisions prisent par un haut fonctionnaire wallon qui a autorisé ces actions qui concerneraient une douzaine de sites. Elle a décidé d'attaquer les décisions en suspension au Conseil d'Etat, de réclamer des dommages au fonctionnaire mis en cause ainsi qu'une mesure disciplinaire soit prise à son égard.

    De son côté l'administration se défend en affirmant n'octroyer des dérogations qu'à titre exceptionnel, plaçant l'intérêt général avant celui des castors.

    Quelle est la position de Monsieur le Ministre par rapport à ce dossier ? Une enquête sera-t-elle menée comme le demande les amis des castors ?
  • Réponse du 14/12/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Le castor est le plus gros rongeur de Wallonie. Disparu de nos contrées à la fin du 19e siècle, il est de retour chez nous, suite à une réintroduction illégale en 1998.

    Cette espèce adapte son environnement (abattage d’arbres, construction de barrages) en fonction de ses besoins vitaux et pour améliorer sa circulation dans l’eau. Il agit ainsi directement et positivement sur l’écosystème et sur les possibilités de développement de nombreuses autres espèces.

    Moins de 15 ans après cette réintroduction, la population wallonne de castors est estimée à plus de 1.000 individus et plus de 250 sites permanents ont été répertoriés. Ce développement commence à montrer ses limites. La présence de castors peut provoquer des risques pour la sécurité :
    1) le creusement des terriers dans les berges des étangs avec un risque important de fuites allant jusqu’à la rupture des digues. Vous pouvez imaginer qu’en cas de rupture d’une digue d’un plan d’eau important, l’afflux massif et incontrôlé de masse d’eau vers l’aval peut mettre en péril la sécurité des biens et des personnes.
    2) l’installation de barrages : ceux-ci peuvent entraîner, en amont, des inondations d’habitations, de routes, de voies de chemin de fer et de terrains forestiers et agricoles.
    Ces barrages sont aussi susceptibles d’entraver le bon écoulement des cours d’eau, particulièrement en période de crues, entraînant des risques accrus d’inondations des propriétés.
    3) la coupe d’arbres à très haute valeur économique, de dimension parfois importante, tels des chênes, des aulnes glutineux, des peupliers….Outre la perte économique, cela peut présenter un danger pour la sécurité des personnes et des biens, notamment en bordure de voirie ou dans des endroits proches d’habitations.

    Au vu des difficultés de coexistence du castor avec son milieu, l’espèce, bien que protégée mais qui n’est plus menacée de disparition chez nous, comme à l’échelon européen, est gérée et ce d’autant que la régulation naturelle du castor est impossible en Wallonie dans la mesure où ses prédateurs comme l’ours brun, le loup, le lynx, ne sont pas présents chez nous.

    A l’instar d’autres pays européens, tel l’Allemagne en Bavière qui prélève, par piégeage et tir à l’arme à feu, plus de 500 castors sur une population estimée à 12.000, une régulation est permise en Wallonie.

    Dans ce contexte, le 22 juin 2010, le Conseil supérieur wallon de la conservation de la nature (6 représentants d’associations environnementales, 6 scientifiques et 6 représentants de Conseils tels que le Conseil supérieur wallon des Forêts, le Conseil supérieur de la Pêche, le Conseil wallon de l’Environnement pour le Développement durable,…) s’est prononcé favorablement sur une stratégie générale de gestion du castor.

    Cette stratégie s’articule dans un premier temps, sur la mise en œuvre de moyens de prévention. Lorsque ceux-ci se révèlent insuffisant pour protéger la sécurité des biens et des personnes, l’administration octroie des autorisations de régulation de castors.