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L'isolation de maisons avec du chanvre

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 208 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 12/12/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    L'isolation au chanvre serait-il un nouveau débouché agricole ? C’est en tout cas ce que propagent deux investisseurs dans le zoning de Tinlot. Cultiver la plante destinée à l’isolation des maisons, peut devenir, selon eux, un nouveau débouché pour une production agricole.

    Quand les fibres longues sont retirées, la plante est broyée en petit copeau. C'est cette matière qui servira à isoler. En isolation, le chanvre ne s’utilise que sur des surfaces horizontales : sous des planchers, des toitures plates... En le mélangeant avec de la chaux, il peut être appliqué à la verticale.

    Le projet ayant été testé à petite échelle– et de type prototype –, va maintenant être lancé à grande échelle. Et apparemment, les offres ne manquent pas. A Tinlot, l’exploitation et la transformation du chanvre va être complètement industrialisée. Pour obtenir les matières premières, les investisseurs ont conclu de nombreux contrats avec des agriculteurs locaux.

    C’est juste cela que j’appelle de la diversification du revenu agricole. Il me semble qu’au vu des difficultés rencontrées par les producteurs de denrées alimentaires, nous avons tout intérêt à pousser la diversification de la production agricole et de trouver de nouveaux débouchés.

    Monsieur le Ministre connaît-il le projet ? Est-ce une voie qui doit être – à ses yeux – suivie par d’autres ? Dans l’affirmative, quelles politiques et quelles aides mettra-t-il en place pour qu’il en soit ainsi ? Et comment éviter que l’arrivée de nouvelles filières de production agricole ne fasse la concurrence avec les filières traditionnelles ? Rappelons que les cultures énergétiques provoquent, via un loyer plus important payés à l’hectare, un renchérissement du coût de la production de denrées alimentaires.
  • Réponse du 03/01/2012
    • de DI ANTONIO Carlo

    L’isolation à base de chanvre est effectivement un nouveau débouché pour les agriculteurs wallons. Elle est mise en place sous forme de béton de chaux-chanvre (à base de chènevotte) et de laine de chanvre (à base de fibre). Des murs, enduits, chapes et isolations de toiture peuvent être réalisés à base de ce matériau aux propriétés isolantes et environnementales tout à fait exceptionnelles.

    ChanvrEco, entreprise située à Tinlot, produit industriellement de la chènevotte fibrée (ou granulats) pour la fabrication de béton de chaux-chanvre via un procédé innovant dans lequel la paille entière, après la récolte des graines pour le secteur de l’alimentation, est transformée en granulats pour le secteur de l’isolation du bâtiment. Elle a déjà pu contractualiser des cultures de chanvre avec quarante agriculteurs désireux de poursuivre cette activité. C’est actuellement la seule société wallonne de transformation du chanvre et aujourd’hui, le niveau de la production agricole suffit à fournir ChanvrEco. L’entreprise a d’ailleurs bénéficié d’aides régionales pour son développement technologique.

    L’asbl « Chanvre wallon », à laquelle mon prédécesseur a octroyé une nouvelle subvention de 58.000 euros, a pour mission de soutenir le développement de la filière conjointement avec le CRA-w, à qui il a alloué 124.000 euros. Le défi majeur est de faire coïncider les développements des différents maillons, afin que l’offre et la demande puisse se rencontrer durablement. En outre, la chaîne productive doit valoriser un maximum de la plante (graine, fibre et chènevotte). La rentabilité de l’opération en dépend directement.

    D’un point de vue agricole, le chanvre est une bonne tête de rotation et peut remplacer partiellement la betterave dont les quotas ont été revus à la baisse. C’est d’ailleurs dans cette perspective que l’acroissement des surfaces emblavées en chanvre est envisagé par « Chanvre wallon ». L’asbl a travaillé à l’identification des acteurs-clés, à leur rencontre et promeut le chanvre auprès des agriculteurs, comme du grand public.

    La demande au niveau de la construction devrait augmenter avec la diffusion des principes de durabilité des matériaux et si les consommateurs suivent les tendances, observées par exemple en Allemagne, à un développement des débouchés alimentaires (huiles, graines, burgers, snacks). Simultanément, les agriculteurs qui se sont essayés à la culture de chanvre et ceux qui l’envisagent s’informent et les techniques s’affinent : échanges, visites de terrain, information diffusée par l’asbl, rencontre avec des entrepreneurs. Excepté le rythme des saisons et malheureusement, la volatilité des prix, l’offre potentielle pourrait donc répondre au niveau des demandes, ce dont je me réjouis.