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Les économies de CO2 réalisées par l'implantation des éoliennes on-shore actuellement en activité

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 244 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 15/12/2011
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    La décision de la Communauté européenne du 30 juin 2009 concernant l'établissement des plans nationaux de renouvelables imposés par la directive 2009/28/CE prévoit en son § 5.3 une Evaluation des incidences, notamment dans le domaine de la réduction des GES (en t/an).

    Est-il exact que la Belgique a estimé ne pas devoir répondre à cette exigence de l'Europe en se bornant à avouer que « cette évaluation n'est pas réalisée dans le cadre de ce plan» (plan national p 95/95) ?

    Quelle est sur ce point la position de la Région wallonne?

    En effet, il est important de savoir ce qu'il en est des économies de CO2 réalisées dès lors que l'on peut lire dans le Plan national de renouvelables 2020 p 57/95 qu'en ce qui concerne la Wallonie: Un certificat vert n'est ainsi octroyé que si la filière de production d'électricité génère un taux minimum de 10 % d'économie de dioxyde de carbone par rapport aux émissions de dioxyde de carbone, définies et publiées annuellement par la CWAPE, d'une production classique dans des installations modernes de référence».

    Contrairement à la Wallonie, l'Irlande publie sur le site de son gestionnaire du réseau de transport d'électricité (EIRGRID.com) les émissions de CO2 quart d'heure par quart d'heure permettant d'en déduire le taux d'émission en Kg CO2/MWh pour le seul thermique en fonction du taux de pénétration de l'éolien par rapport à la demande. Bien que l'Irlande soit incomparablement plus venteuse que la Wallonie, on pourrait tout de même s'inspirer de ces données irréfutables. Pour le mois d'avril 2011, par exemple, les calculs du Dr. F. Udo sur ces données démontrent qu'un taux de pénétration de 12,7 % d'éolien par rapport à la demande provoque une économie de CO2 de maximum 4 %.

    En se basant sur l'exemple irlandais, peut-on en déduire que si l'économie de CO2 est inférieur à 10 %, les certificats verts éolien pourraient ne pas être attribués ou réduits en conséquence, ce qui soulagerait la note des entreprises et des ménages, car c'est en Wallonie que l'électricité augmente le plus en Europe en fonction d'une course frénétique aux énergies renouvelables à n'importe quel prix.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il de rapports sérieux et fiables permettant de connaître au jour le jour les émissions de CO2 wallonnes en provenance de la production d'électricité, quelle que soit cette production (nucléaire, panneaux photovoltaïques, etc) ?

    Quel est le taux moyen d'économie de CO2 réalisé jusqu'à présent grâce à l'éolien?

    Pour quelles raisons, les certificats verts ne tiennent-ils pas compte de l'économie réelle de production de CO2 ?

    Est-il exact que pour installer 1.000 éoliennes en Wallonie en 2020, il en coûtera à ce moment 400 millions d'euros pour des certificats verts qui alourdiront durablement la facture des ménages et des entreprises et assureront des rentrées financièrement juteuses pour les happy few promoteurs, forts peu attentifs par ailleurs à la destruction paysagère irrémédiable de la Wallonie et à la santé des riverains.

    Dispose-t-on de l'ensemble des chiffres prévisibles à l'effet d'apprécier l'opportunité de poursuivre ou non une telle politique?

    Pour quelles raisons la Wallonie ne publie-t-elle pas, à l'instar de l'Irlande, les données des émissions du secteur de l'électricité permettant aux citoyens de se faire une idée sur les réponses aux précédentes questions plutôt que de devoir entendre son habituelle ritournelle simpliste: « un MWh éolien remplace un MWh thermique et économise donc 456 Kg CO2».
  • Réponse du 06/01/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    La Décision de la Commission du 30 juin 2009, relevée par l'honorable membre, établissait un modèle pour les plans d’action nationaux en matière d’énergies renouvelables conformément à la directive 2009/28/CE. La Commission dans ce modèle propose effectivement aux états membres, en son point 5.3. d’y insérer une évaluation des incidences (en coût, réduction des GES et création d’emploi). Néanmoins, la Commission précise également que cette étude est facultative. La Belgique, lors de l’adoption du plan d’action national, a décidé de ne pas répondre à cette question facultative. Il convient de replacer le contexte lié à l’adoption de ce Plan national, rédigé dans des conditions assez difficiles juste après la chute du Gouvernement fédéral en avril 2010.

    Concernant l’efficience de l’éolien au regard des économies de CO2, je ne reviendrai pas sur les réponses que j’ai déjà formulées suite à plusieurs questions de l'honorable membre. Je tiens juste à rappeler qu’une éolienne en fonctionnement substitue sa production d’électricité à la centrale thermique en fonctionnement à ce moment, qui n’est pas toujours celle qui a le meilleur rendement. Par principe de précaution, la CWaPE a pris comme référence, pour le calcul du CO2 évité, les émissions de CO2 de la meilleure technologie à combustible fossile disponible, la centrale turbine-gaz-vapeur. Dans ces conditions, on considère que pour chaque MWh produit à partir d’une éolienne, une réduction de CO2 équivalent à 456 kg est réalisée.

    Le bilan globalement positif de l’éolien sur le plan des économies de CO2 n’est pas remis en cause par aucun des autres pays européens. Par ailleurs, les données statistiques des gestionnaires de réseau confirment également l’apport de l’éolien en termes de réductions d’émissions de CO2. Pour reprendre le cas de l’Irlande évoqué par Monsieur le Député, un relevé de la consommation d’électricité par quart d’heure horaire réalisé pendant 8 mois (du 1/1/2011 au 1/9/2011) par le gestionnaire de réseau irlandais Eirgrid, et se basant sur la production des centrales, leurs courbes de chauffe et le pouvoir calorifique de leurs combustibles, a permis d’établir une nette corrélation entre production d’électricité éolienne et réduction des émissions de CO2.

    Il faut donc retenir que ce ne sont pas les centrales thermiques qui compensent l'arrêt de l'éolien, c'est l'éolien qui vient soulager la production traditionnelle. Lorsque le vent ne souffle pas, la production électrique classique retrouve bien son taux d’émission de CO2 initial. Il s'agit bien d'un retour au niveau initial, pas d'une augmentation par rapport au niveau de base.

    Quant à la question du coût de l’éolien, je ne sais pas d’où Monsieur le Député tire son estimation de 400 millions d'euros. Tenant compte de l’objectif de 4 500 GWh que la Région Wallonne s’est engagée à atteindre en 2020, on peut en déduire que le coût annuel en 2020 des certificats verts nécessaires au soutien de la filière et répercutés aux ménages wallons s’établira à un peu moins de 300 millions d'euros. Le bon rapport coût-efficacité de l’éolien par rapport à d’autres filières constitue un élément essentiel compte tenu de la décision du Gouvernement wallon du 10 février 2011, selon laquelle il y a lieu de limiter le coût des certificats verts afin d’optimiser le rapport coût-efficacité de l’atteinte de l’objectif d’électricité renouvelable.
    Je terminerai par l’essentiel, à savoir que la politique de soutien au développement éolien repose sur une série de contributions positives pour la Wallonie dans son ensemble et donc pour tous les citoyens :
    - cela permet d’augmenter notre sécurité d’approvisionnement ;
    - le prix de l’éolien est stable alors que le prix de l’électricité à partir de combustibles fossiles est variable en fonction des prix internationaux de l’énergie qui ont tendance à augmenter ;
    - la développement d’une filière éolienne structurée permet de générer de la valeur ajoutée et de l’emploi.