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Les logements chauffés au bois

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 246 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 15/12/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    La saison froide approche. Dans un logement wallon sur huit, on utilise du bois pour le chauffage. Selon les estimations de l’ASBL Valbiom, l’ensemble des appareils de chauffage au bois actuellement en service en Wallonie consommeraient 920 000 stères de bois de chauffage. Ce sont les chiffres de Valbiom (ASBL Valorisation de la biomasse) de 2009. Depuis lors, il ne me semble pas que les choses aient profondément changé – sauf, peut-être, le prix des énergies fossiles qui n’arrêtent pas de grimper et qui mettent davantage des ménages le dos au mur, parce qu’avec l’évolution du prix du mazout ou du gaz, le recours au bois de chauffage provoque la hausse du prix du stère. Quelques statistiques à titre d’information : 12,5 % des logements sont chauffés au bois. De 2001 à 2007, le nombre de logements chauffés au bois augmente de 27 535 logements à 182 560 appareils de chauffage au bois. Fin 2008, on comptait 1 472 chaudières à pellets (granulés de bois). Le marché est en extension (en zone urbaine), même si le bois bûche est très utilisé (dans les zones rurales).

    On dit qu’à côté du charbon, du mazout et du gaz naturel, l’impact environnemental du chauffage au bois serait fort modeste. C’est vrai pour ce qui concerne le CO2, pour l’azote et le soufre. Le chauffage au bois émet peu d’oxyde d’azote et de dioxyde de soufre, qui contribuent à la formation d’ozone troposphérique (gaz à effet de serre). Quid des particules fines ? Car le chauffage au bois peut avoir un impact sur l’environnement par l’émission de particules fines, si le bois n’est pas complètement brûlé.

    La question n’est pas de bannir le chauffage au bois mais de s’assurer que les émissions de particules fines soient limitées au maximum par un meilleur rendement possible des appareils de chauffage. N’y a-t-il pas lieu de réintroduire les aides au chauffage au bois (en ce compris le bois bûche) à condition qu’il respecte un rendement de 90 % ou plus, question de réduire, par le remplacement de chaudières vétustes, les émissions de particules fines, de s’assurer de l’entretien annuel des appareils et de s’assurer qu’on n’y brûle pas autre chose telle que les déchets (plastiques – avec production de toxiques Seveso), ce qui, en théorie, n’aura pas lieu, mais en pratique est un comportement beaucoup plus souvent observé qu’on ne pourrait le penser ?

    Abandonner les aides aux chaudières aux bûchex, comme le prédécesseur de Monsieur le Ministre l’a fait, équivaut à ne plus avoir de moyen pour baliser le choix du citoyen en faveur d’un comportement respectueux de l’environnement et de la qualité de l’air.
  • Réponse du 06/01/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    Les émissions de particules fines et autres imbrûlés liés au chauffage au bois sont dues à une combustion incomplète du bois. Celle-ci peut être due à l’appareil en lui-même ou au combustible.

    Une bonne combustion du bois au niveau appareil est liée à différents paramètres mais principalement l’apport d’oxygène au niveau de la combustion, l’élévation de température dans le foyer, le temps de contact entre les gaz de combustion et l’oxygène, etc. Avec le temps les technologies se sont améliorées: apparition de la double arrivée d’air (seconde combustion des gaz qui permet de récupérer plus de chaleur et réduit les particules émises), la standardisation des combustibles permettant l’alimentation automatique et la régulation électronique des conditions de combustion avec mesure de paramètres via des sondes. Le rendement des appareils est positivement corrélé à la qualité de la combustion, ainsi les rendements vont de 10 % pour les feux ouverts à > 90 % pour les chaudières automatiques. Les émissions de particules se produisent surtout lorsque les appareils ne tournent pas à puissance nominale ce qui se produit lorsque l’installation est sur-dimensionnée par rapport aux besoins, lorsque l’utilisateur fait fonctionner son appareil en sous-régime. Les phases de démarrage / arrêt des chaudières bûches par exemple sont émettrices, l’utilisation d’un ballon tampon permet de réduire le nombre de ces phases, mais ce ballon n’est pas toujours installé car il représente un surcoût. Les performances des appareils sur bancs d’essai sont ainsi à distinguer des performances en conditions réelles d’utilisation (influencées par l’ensemble de l’installation et des modalités de fonctionnement).

    La qualité et le type de combustible sont également des facteurs importants. Afin que la combustion se déroule de manière optimale, le combustible doit être sec. Les combustibles standardisés tels que les pellets sont prêts à l’emploi contrairement aux bûches qui nécessitent au moins 2 ans de séchage. Le consommateur n’exerce que très peu de contrôle sur ce taux d’humidité à l’achat tout comme à domicile.

    Par ailleurs, la qualité de la combustion dépend également de bonnes pratiques d’utilisation du bois bûche. La manière d’allumer le feu par la technique du top-down peut aussi réduire les émissions au démarrage de la flambée (phase la plus émettrice). Le facilitateur bois-énergie a déjà rédigé des articles sur le sujet et projette la rédaction de fiche à distribuer sur les foires, salons et également disponibles gratuitement sur Internet.

    L’analyse des dossiers de demande de prime permet de récolter des statistiques assez fiables concernant la mise en place de chaudières biomasse automatiques. L’administration a intégré dans son système de primes des critères de performance environnementale des chaudières afin de soutenir les technologies les plus performantes. Pour obtenir la prime énergie, les chaudières doivent répondre à la NBN EN 303-5 Classe 3 en ce qui concerne la conception et les émissions de CO. Les émissions de particules n’ont pas été précisées directement. Toutefois, la valeur seuil de rendement à l’eau a été revue à la hausse en 2011 en vue de répondre à la Directive Energies renouvelables 2009/28/EC soit un rendement à l’eau au moins égal à 85 % (auparavant 80 %).

    En ce qui concerne les appareils d’appoint (poêles, inserts toute forme de combustible bois), l’administration ne dispose pas d’un outil statistique. L’autorité fédérale a adopté un Arrêté royal portant sur les émissions et les performances environnementales des technologies combustibles solides ; celui-ci est entré en vigueur le 24 novembre 2010. Il fixe des valeurs seuil de rendement, d’émission de CO, de particules pour les différentes technologies combustibles solides afin que celles-ci puissent être commercialisées sur le territoire belge. Notons que les critères wallons pour les chaudières automatiques sont déjà plus exigeants que ceux de l’arrêté.

    En conclusion, au vu des conditions d’octroi de la prime chaudière biomasse, il ne nous paraît pas opportun d’augmenter dès aujourd’hui la valeur limite du rendement à 90 %.Ce rendement théorique mesuré en laboratoire ne sera pas forcément retrouvé en conditions réelles d’utilisation. Afin de veiller à de bonnes conditions d’utilisation, les conseils donnés par les installateurs peuvent se révéler cruciaux ; à cet égard, un système de certification des installateurs de technologies énergies renouvelables est prochainement prévu afin de répondre aux dispositions prévues à l’article 14 § 3 la Directive 2009/28 relative aux énergies renouvelables.

    Notons encore que la centralisation de la production de chaleur via la mise en place de réseaux et la vente au kWh consommé permet un achat groupé et en plus grandes quantités de combustible ainsi que l’assurance de la maintenance des appareils, ce qui garantit mieux des conditions optimales de fonctionnement que des appareils individuels.

    Enfin, le bois énergie est disponible en Wallonie mais le gisement sera peu extensible. Il est par conséquent important d’utiliser cette ressource au mieux (rendement, performance) mais également de réduire les consommations. L’isolation est bien entendu importante mais le bois énergie se combine également très bien avec du solaire thermique. On estime que la consommation en pellets peut être réduite de 25 % si la chaudière est combinée à des panneaux thermiques via un ballon tampon.