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La reprise d'une entreprise

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 84 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 15/12/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    La population wallonne des chefs d’entreprise est relativement âgée, ce qui induira, dans un terme relativement court, l’afflux important d’entreprises à remettre sur le marché de la transmission.

    L’IWEPS a mené un travail de recherche sur les conditions qui caractérisent la réussite ou l’échec lors d’une reprise d’entreprise. Puis-je me permettre de me baser sur cette étude - menée sur base d’un échantillon limité d’entreprises et donc difficilement généralisable à tout type d’entreprise - pour en donner les conclusions à Monsieur le Ministre ?

    La question soulevée par l’étude est de triple nature :
    - la transmission d’entreprises va-t-elle constituer un problème de nature macro économique et sociale ;
    - quelles sont, le cas échéant, l’ampleur et les origines de ce problème ;
    - quelles sont les conséquences de ce problème sur l’économie et la société wallonne ?

    Plusieurs publications mettent en évidence les difficultés observables au niveau du processus de transmission et de sa préparation, principalement dans le cas des entreprises familiales. Ces difficultés concernent principalement les stratégies et les caractéristiques des personnes en question et la dynamique de l’entreprise concernée. La transmission par succession demeure le modèle dominant mais ne caractérise pas la totalité de ces entreprises familiales.

    Un certain nombre de recherche décèlent également un manque de préparation à la transmission de la part des futurs dirigeants d’entreprises. Cela peut mener à des complications préjudiciables à la transmission des entreprises et avoir des conséquences fâcheuses et non négligeables pour l’économie wallonne, du moins à terme – telles les conclusions des auteurs.

    Il ressort de ces constats :
    - que la dynamique repreneuriale actuelle en Wallonie semble être source de risques pour l’économie régionale, risques qui sont, au demeurant et dans l’état actuel des connaissances scientifiques, difficiles à estimer;
    - et que la gestion de ces risques, tant au niveau des entreprises qu’au niveau des pouvoirs publics, pourrait, sans doute être améliorée.

    Face à ces risques, les pistes d’action mises en avant par les auteurs cités portent essentiellement sur deux axes :
    - d’une part l’amélioration de la gestion de la cession dans le chef des dirigeants d’entreprise;
    - et d’autre part, la mise en place de conditions pour un meilleur fonctionnement du marché de la transmission.

    Les auteurs admettent que, vis-à-vis des questions de départ, le caractère incomplet des réponses trouvées dans la littérature les oblige à poursuivre les investigations et la recherche. Est-il, aux yeux de Monsieur le Ministre, utile que le ministre de l’économie se penche sur la question ? Et qu’il encourage les chercheurs de se pencher davantage sur la question des risques à éviter et des opportunités à creuser au moment de la reprise d’une entreprise ? Ensuite, quels seront les enseignements pratiques qu'il tire des premières conclusions de l’étude IWEPS ? Concernant la préparation suffisante ou insuffisante des futurs dirigeants ? Ou concernant les politiques à mettre en place pour que le repreneur puisse rencontrer dans des conditions optimales celui qui va céder son entreprise créant – pour reprendre un terme de l’étude – un marché de transmission d’entreprise (pour celles qui ne disposent pas d’un repreneur au sein de leur famille) ?
  • Réponse du 02/03/2012
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La problématique de la transmission d’entreprises en Wallonie a depuis 2006 (date de la constitution de la SOWACCESS) toujours été au centre des préoccupations.

    En effet, la structure vieillissante de la population impactera indubitablement celle des entrepreneurs wallons (28% ont plus de 55 ans et dès lors, 25 000 à 30 000 PME belges seront confrontées aux défis de la transmission dans les 5 prochaines années).

    C’est la raison pour laquelle, en juin 2006, souhaitant répondre à la demande des entrepreneurs en fin de carrière, la SOWACCESS a été constituée afin de donner plus de visibilité à l’offre et la demande et ainsi faciliter le rapprochement entre les candidats cédants et repreneurs.

    L’importance du travail en amont de sensibilisation, d’orientation des entrepreneurs désireux de céder leur activité a très rapidement été mise en évidence. La société a connu d’importants développements dans ce sens dont le plus important a été le lancement en avril 2008 du Diagnostic Transmission PME. Ce diagnostic permet aux cédants de mesurer leur degré de préparation à la transmission et de mettre en exergue les forces et faiblesses de la société. A ce jour environ 800 PME l’ont complété.

    Les raisons des échecs de la transmission peuvent être multiples mais on constate en effet un manque criant de préparation :
    * Le processus est souvent envisagé trop tard. Une préparation du cédant et de l’entreprise pouvant prendre 5 à 7 ans, la société devant être vendable « clés sur porte ».
    * Le facteur humain est souvent essentiel – l’affectif prenant souvent le dessus dans des structures TPE/PME – difficilement mesurable et sur lequel l’emprise reste difficile :
    - le gérant est souvent la cheville ouvrière qui se croit irremplaçable, un travail sur la structure interne s’avère alors impératif (délégation, organigramme,..) ;
    - les collaborateurs n’apprécient pas toujours les changements ;
    - en période de crise, la vision à long terme est parfois difficile à envisager (nez dans le guidon) ;
    - la succession familiale semble souvent la plus logique dans les entreprises familiales mais parfois elle n’est pas amorcée à temps (enfants ont d’autres aspirations, …).

    Pour conforter l’entrepreneur dans la démarche de préparation de la transmission, la SOWACCESS a mis en place un dispositif, complémentaire au Diagnostic Transmission, qui permet à l’entrepreneur de faire réaliser une mission par un partenaire agréé du secteur privé. La SOWACCESS subventionne partiellement ces missions afin de s’assurer d’un accompagnement professionnel des cédants dans leurs démarches de transmission. A ce jour, environ 140 entreprises ont bénéficié de cette mesure.

    La SOWACCESS accompagne également les repreneurs au travers d’un test afin que l’acquéreur potentiel puisse prendre conscience des différentes réalités de l’entreprise. Le repreneur d’une cible établie en Wallonie peut également bénéficier d’une subvention partielle d’une mission de consultance afin de mener à bien son projet.

    Des clubs repreneurs sont également organisés afin de les aider à mûrir leur projet de reprise et d’échanger sur les problèmes rencontrés.

    La plate-forme et le travail de l’équipe en place ont permis à ce jour de boucler 46 transmissions (plate-forme opérationnelle depuis 2007) dont 22 en 2011.

    La SOWACCESS collabore avec un nombre croissant de partenaires issus du secteur privé (111 partenaires à ce jour) et un nombre d’acquéreurs en augmentation (228 à l’heure actuelle). L’équipe en place va poursuivre son rôle de sensibilisation en amont restant complémentaire à celui du secteur privé et poursuivra sa communication sur le terrain afin de faire connaître ses services auprès des entrepreneurs afin de valoriser au mieux et dans les meilleures conditions qui soient le travail de toute une vie.

    En oeuvrant ainsi pour centraliser l’offre (les entreprises à vendre) et la demande (les candidats acquéreurs) en Wallonie, la SOWACCESS joue véritablement un rôle de facilitateur de transmissions. Quand on sait la vague de transmissions et successions annoncées pour les années à venir, un tel organisme facilitateur, agissant de manière neutre et indépendante, jouera un rôle encore plus déterminant. L’enjeu est en effet crucial pour l’ensemble du tissu économique wallon.