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Le fait que les PME n'ont pas encore surmonté les années de crise 2008 et 2009

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 114 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 12/01/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles


    « Le chiffre d'affaires et la rentabilité des PME belges n'ont toujours pas retrouvé leur niveau d'avant la crise en 2007. C'est ce qui résulte du baromètre PME du cabinet d'audit et de conseil Deloitte. Les trois dernières années, 41 % seulement des PME ont réalisé une croissance réelle de chiffre d'affaires, en ce sens que la croissance excède l'inflation. La capacité de remboursement des PME est selon Deloitte presque rétablie. En ce qui concerne les investissements, la prudence est toujours de rigueur. Le nombre d'entreprises qui ont investi en 2010, a baissé par rapport aux années précédentes. En outre le montant moyen des investissements de ces trois dernières années a baissé de 51.467 euros en 2008 à 46.525 euros en 2010. 70% des PME qui distribuent leurs bénéfices ont réservé en 2010 tous les profits à leur société pour renforcer leur propre patrimoine. Enfin 55 %t des dirigeants d'entreprise ont vu la valeur de leur PME baisser, même si cette valeur s'est remarquablement rétablie en 2010. » (source : 31 octobre 2011, l'indépendant publié par le SNI).

    Il faut toujours écouter toutes les facettes de la vérité avant de se faire une idée définitive. Ainsi, je demande à Monsieur le Ministre de se positionner à l’égard du texte cité ci-dessus.

    Quelle est la situation des PME (TPE) en termes de chiffre d’affaire ? Ont-elles rejoint la situation d’avant la crise bancaire ? Et en termes d’emplois, est-il vrai que chez nous, l’emploi a mieux résisté à la crise qu’ailleurs ? Comment l’expliquer ?

    Monsieur le Ministre observe-t-il un recul de l’investissement (l’investissement constituant une partie de la demande émanant des PME) ou du montant moyen de l’investissement ? Quelles sont ses conclusions dans le cadre des aides à l’investissement ?

    Est-il vrai que la rémunération du capital (ex. dividendes) a été ralentie au profit d’un réinvestissement des bénéfices dans l’entreprise ?

    Les réponses que Monsieur le Ministre donnera par rapport à ces questions nous permettront de mieux apprécier le comportement des chefs d’entreprise en situation de crise.
  • Réponse du 04/04/2012
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La situation des PME en termes de chiffre d’affaires est abordée dans le baromètre sur les PME réalisé annuellement par Deloitte. Même si les chiffres publiés dans le cadre de cette étude ne doivent pas être considérés comme des données définitives, cette source qu’est le baromètre 2011 est une des sources les plus actuelles d’informations sur la situation des PME. Les données issues des comptes annuels, collectées et mises à disposition par la Banque nationale, ne concernent pas encore l’année 2010. En ce qui concerne les investissements, les chiffres définitifs publiés par la Banque nationale, ne sont actuellement disponibles que jusque fin de l’année 2008.

    L’évolution du chiffre d’affaires des PME aurait, de 2007 à 2010, été négative pour 49% des PME, positive pour 41% des PME et nulle, en termes réels, pour 10% des entreprises.

    Si la proportion de PME ayant connu une croissance négative de leur chiffre d’affaires est la catégorie la plus importante, il faut remarquer qu’il y a une évolution positive par rapport à l’année 2009 durant laquelle 58% des PME sondées considéraient avoir subi une diminution de leur chiffre d’affaires en comparaison avec les résultats de l’année 2007.

    L’emploi a mieux résisté en Belgique par rapport à d’autres pays. Alors que, entre 2007 et 2010, le taux d’emploi a diminué de 1,5 point de pourcentage pour se situer à 64.1% dans la zone euro, il s’est maintenu en Belgique. Diverses explications peuvent être avancées. Les mécanismes fédéraux d’aide à l’emploi comme le programme Win-Win ou d’aide au maintien de l’emploi comme le mécanisme de « chômage temporaire » ont permis à la Belgique d’amortir le choc de la contraction de l’emploi dû à la crise. Il faut également noter que la récession n’a pas aussi été marquée en Belgique que dans d’autres pays européens.

    Le baromètre laisse malheureusement entendre que les PME risquent d’opter pour une politique prudente quant à leur stratégie d’investissement. En effet, 59,2% des PME belges sondées ont investi en 2010 tandis que 19,6% d’entre elles ont opté pour une politique de désinvestissement. En outre, le montant des investissements réalisés en 2010 par les entreprises de plus de 50 travailleurs semblent diminuer de manière significative depuis 2009.

    Les données publiées par la Banque nationale ne sont pas assez récentes pour alimenter cette question. Il faut cependant noter que l’UWE, dans son point conjoncturel n°19 de Novembre 2011, a collecté des informations auprès d’entrepreneurs et qu’il en ressort, qu’en moyenne, 30% des investissements prévus sont soit abandonnés soit reportés en raison du contexte morose européen et international.

    Même si, au niveau des primes à l’investissement au profit des PME, les chiffres, tant en termes de nombre de dossiers traités, qu’en termes de montant des investissements proposés par les PME, restent relativement stables sur les dernières années. Le Gouvernement ne peut que s’inquiéter du contexte actuel peu propice à l’investissement et continue, sur base des moyens qui sont les siens, à promouvoir, notamment via la politique des pôles ou Creative Wallonia, l’investissement par les PME. Les mesures anti-crise adoptées fin 2008 restent par ailleurs toujours d’application.

    Il ne faut cependant pas dramatiser. Les indicateurs de rendement – rendement opérationnel, rendement financier net et retour sur capital investi – remontent tous pour la première fois en 2010 depuis 2007 et s’approchent des niveaux de cette même année. Il faut également souligner que le pourcentage d’entreprises qui génèrent assez de cash-flow pour rembourser leurs dettes a augmenté en 2010 pour dépasser les niveaux de 2008 et de 2009 et se rapprocher de celui de 2007.

    Et finalement, notons que, par rapport à l’année 2007, les PME ont, en 2010, à la fois une structure de financement plus solide – avec un ratio fonds propres réels/total du passif en hausse– et une gestion plus rigoureuse de leur trésorerie.

    Une mise en réserve plus importante des bénéfices caractérise actuellement les PME. Ce phénomène se situe toujours dans le cadre d’une gestion qui se veut plus prudente en période de crise. Cette mise en réserve n’équivaut pas nécessairement à une affectation des montants à des investissements mais correspond à la reconstitution d’une capacité d’auto-financement soit pour faire face à un contexte économique encore plus dur dans le futur soit pour garder des fonds en vue d’investissements lorsque la crise sera passée.

    La crise économique, qui dure depuis 2007, a à la fois des conséquences structurelles sur les PME, que ce soit au niveau de leur structure de financement ou de l’organisation de leur production, et des conséquences davantage conjoncturelles comme le faible taux d’investissement et une affectation différentes des bénéfices.

    Si les impacts à caractère plus structurels ne semblent pas a priori défavorables pour nos PME que ce soit par exemple au niveau de la productivité ou au niveau de l’indépendance financière, les effets « conjoncturels », malgré leur nature normalement temporaire, pourraient s’avérer hautement préjudiciables pour nos PME s’ils perdurent pendant un laps de temps relativement important.

    Un taux d’investissement faible ne peut affecter nos entreprises pendant trop longtemps sans quoi c’est la productivité et l’innovation de notre tissu économique qui diminueront. Notre compétitivité serait alors sérieusement remise en cause.

    Les pouvoirs publics doivent dès lors continuer à se positionner comme un soutien pour les PME dans le cadre de leur politique de développement. Dans cet environnement difficile, il faut que les PME se sentent rassurées quant à leur avenir proche et à long terme en Wallonie, ce qui passe par un soutien continu et efficace de la part des pouvoirs publics. Il faut dès lors que les pouvoirs publics continuent, malgré le contexte international, à créer les conditions favorables au développement des entreprises et particulièrement des PME qui représentent plus de 99% de nos sociétés.

    Afin de soutenir les PME à traverser cette crise sans précédent, le Gouvernement a décidé la mise en place d’un Centre d’Aide aux entreprises en difficulté. Ce centre utilisera des ressources humaines existantes – principalement celles de l’ASE – afin de détecter, à l’aide d’indicateurs, les entreprises qui éprouvent des difficultés, d’écouter les dirigeants et leurs difficultés, de les conseiller pour les aider à s’en sortir et, le cas échéant, de les accompagner vers un retour à la normale.

    En outre, dans le cadre d’un soutien aux PME, le Gouvernement, au travers de la mise en œuvre du Small Business Act, a organisé un Parlement des PME permettant au pouvoir exécutif, d’écouter et d’étendre les principaux concernés, les entrepreneurs, quant aux mesures de soutien existantes et l’évolution à réserver à ces dernières. Dans ce contexte, une politique de soutien ciblée, utilisant les outils d’analyses et financiers existants les plus adaptés à la situation de l’entreprise, devrait être mise sur pied en faveur des PME présentant un potentiel de développement important.

    Le gouvernement est dès lors conscient des difficultés qui touchent notre tissu économique mais également de l’importance que représentent les PME dans notre économie. Dans les limites de ses compétences, le gouvernement, dépendant également du contexte européen et international, développe les outils les plus adaptés afin d’aider les entreprises gérées sainement et porteuses d’avenir à passer le cap de la crise afin d’établir les conditions optimales pour un développement soutenu pour les années à venir.