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Les pics de pollution

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 361 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 12/01/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    La question des pics de pollution et de la qualité de l’air est importante pour l’environnement mais surtout pour la santé des citoyens.

    Lors de l’année précédente, le nombre de jours, où les normes en la matière avaient été dépassées, reflète une problématique qui prend d’année en année de l’ampleur.

    Pour les personnes sensibles, cela pose un vrai problème en termes de santé.

    Puis-je demander à Monsieur le Ministre de tracer le bilan en la matière de l’année 2011 ?

    Quelles ont été les actions de prévention mises en place ? Avec quel résultat ?

    Y a-t-il eu une corrélation entre le nombre de pics et la fréquence des maladies ?

    Qu’envisage Monsieur le Ministre en la matière pour 2012 ?

    Pourquoi avoir réduit la dotation de l’AWAC qui est chargée de ce type de problème en Wallonie ?
  • Réponse du 15/03/2012 | Annexe [PDF]
    • de HENRY Philippe

    Selon le rapport 2009 des réseaux de surveillance de la qualité de l’air en Wallonie, les émissions de particules primaires (directement émise par la source concernée) s’effectuent à 47% sous la fraction PM10 et 32% pour la fraction fine PM2,5 (68% des PM10).

    Les principaux secteurs responsables de ces particules fines sont l’industrie, le transport, le chauffage urbain et l’agriculture.

    En 2011 (1), comparativement aux années 2008, 2009 et 2010, la valeur limite en PM10 a été dépassée en de nombreux endroits. Les principales raisons de ces augmentations de 2011 sont à imputer aux conditions météorologiques peu propices à la dispersion des polluants : une longue période sèche avec des vents relativement faibles au printemps et des inversions de température en octobre/novembre. Si nous analysons le tableau 1 en annexe, comprenant les statistiques de la station de Marchienne-au-Pont de 2011, il apparaît que 95% des dépassements de la valeur limite ont été constatés durant les cinq premiers mois de l’année.
    Même en zone rurale à Vielsam (tableau 2 en annexe), qui est une station de fond où les secteurs principaux d’émissions de particules sont absents ou ont une très faible influence, on a enregistré des dépassements de la valeur limite en début d’année (janvier et mars).

    Pour des situations équivalentes que sont les mois de janvier-février-mars et décembre durant lesquels le chauffage domestique contribue aux émissions de particules, aucun dépassement n’a pourtant été constaté en décembre, qui fut particulièrement pluvieux.

    Les deux autres grands secteurs que sont le transport et l’industrie ne varient pas leurs émissions au cours de l’année, ce qui signifie que durant les cinq premiers mois un autre paramètre a influencé la qualité de l’air : la météo.

    Signalons aussi qu’à plusieurs reprises au début de l’année 2011, des courants de nord-est nous ont amené des masses d’air fortement polluées en provenance de pays situés à l’est de la Belgique.

    De façon extrêmement claire, la situation du début d’année 2011 est imputable à la météo, particulièrement défavorable à la dispersion des polluants.

    Au niveau sanitaire, des études épidémiologiques consacrées à la question des pics de pollution concluent à l'existence d'effets sur la santé liés à la survenue de ces pics. Dans ces études, la comparaison des données sanitaires enregistrées lors du pic de pollution à plusieurs périodes de référence (études " avant-pendant-après ") ont permis aux auteurs d'approcher l'importance des effets sur la santé du pic de pollution.

    Les effets sanitaires, ainsi que des recommandations, sont rapportés dans les documents d’information régionaux (2) établis à l’attention tant du grand public que des professionnels de la santé. Des informations sont également diffusées via les portails du SPW, qu’il s’agisse du portail wallonie.be ou des sites de la DGO5 et de l’AWAC. Selon le taux de concentration des polluants dans l’air ambiant, la durée de l’exposition, la sensibilité des personnes exposées et la nature de leurs activités, des difficultés respiratoires peuvent apparaître ». (3)

    La pollution atmosphérique peut aussi avoir des effets sur la santé cardiovasculaire de la population exposée (4).

    Les principaux groupes à risques identifiés sont au nombre de trois :
    - les femmes enceintes, les nouveau-nés, les enfants, les personnes âgées, les personnes soufrant de pathologie cardiovasculaire ou respiratoire, de diabète, voire d’obésité ;
    - les catégories socioprofessionnelles les moins favorisées (à risque élevé de pathologie cardiovasculaire, respiratoire, ou même de décès en dehors de tout épisode de pollution) ;
    - et enfin les personnes présentes de manière répétée ou régulière au proche voisinage de sources de pollution atmosphérique (par exemple celles vivant à proximité d’axes routiers avec un trafic important), certaines professions à risque (comme les agents de circulation par exemple) ainsi que les personnes pratiquant un exercice physique intense (sportifs) (même en dehors des pics de pollution).

    Les personnes asthmatiques ou souffrant de problèmes respiratoires chroniques sont les plus sensibles.

    Il n’existe pas actuellement d’études qui montrent la corrélation entre le nombre de pics de pollution et la fréquence des maladies. L’analyse de données de santé et de qualité de l’air sur plusieurs années, confiée à l’ULB dans le cadre d’un projet de recherche cofinancé avec la Ministre de la Santé, devrait contribuer à améliorer les connaissances en cette matière.

    Les effets des particules sur la santé sont essentiellement liés à une exposition prolongée (long terme). Néanmoins les effets à court terme sont souvent plus visibles en cas de pic de pollution car ils atteignent davantage de personnes sur un court laps de temps.

    Aux seuils d’alertes fixés pour les pics de pollution correspondent des actions destinées à réduire la concentration de particules dans l’air.

    Trois seuils d’alerte environnementaux sont définis :
    * SEUIL 1 : concentration moyenne en PM10 égale ou supérieure à 70 μg/m³ pendant au moins deux jours consécutifs.
    * SEUIL 2 : concentration moyenne en PM10 égale ou supérieure à 100 μg/m³ pendant au moins deux jours consécutifs.
    * SEUIL 3 : concentration moyenne en PM10 égale ou supérieure à 200 μg/m³ pendant au moins deux jours consécutifs.
    * Les alertes peuvent être déclenchées à un niveau local et/ou régional suivant l’étendue des pics de pollution.

    En 2011, une alerte a été déclenchée au plan national durant 3 jours : les 30 et 31 janvier et 1er février. Le dispositif a donc été mis en œuvre, il a été totalement opérationnel et coordonné entre les 3 régions du pays. D’un point de vue local, les communes les plus exposées dont les Villes de Liège et Charleroi participent activement au déploiement de ce plan d’action.
    En 2012, le plan pic de pollution en particules est toujours d’actualité et prêt à être déployé.

    Enfin, en ce qui concerne la dotation de l’AWAC, je peux rassurer. Elle n’a pas été revue à la baisse. En 2012, elle s’élève à 5 110 000 euros + 1 548 000 (frais de personnel) soit 6 658 000 euros.

    En 2011, les chiffres étaient de 5 630 000 + 815 000 (frais de personnel), soit 6 445 000 euros.

    La différence en frais de personnel s’explique par une allocation différente des moyens à l’intérieur même de l’enveloppe consacré à l’AWAC.



    (1) Dépassements en 2011 sur base de données non encore validées. Résultats définitifs disponibles au cours du début d’année 2012
    (2) Pics de pollution. Quels dangers pour ma santé ? Que faire pour me protéger ? (Tryptique réédité en 2011) et Pics de pollutions aux particules en suspension dans l’air et santé. Informations et recommandations à l’attention des professionnels de la santé (dossier établi par la CPES en 2010).
    (3) http://www.belgium.be/fr/sante/risques_pour_la_sante/risques_climatiques/pics_de_pollution (visité le 31/01/2012)
    (4) Franchini M and Mannucci P. Air pollution and cardiovascular disease. Thrombosis Research 2011, article in press.