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Le possible réchauffement de l'air de plus de 7 degrés d'ici à 2100

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 371 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 13/01/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    La température moyenne de l’air devrait se réchauffer « entre 2 et 7 degrés en 2100 par rapport à la période préindustrielle », prédit l’Institut de recherche sur les impacts du climat de Potsdam (Hans Joachim Schellnhuber, directeur de l’institut de Potsdam et membre du Giec). Il s’agit bel et bien d’un phénomène lié à l’activité humaine. Monsieur le Ministre dispose-t-il des travaux scientifiques réalisés par cette institution ? Quels sont les enseignements en termes d’urgence qu'il en tire ?

    Entre 1990 et 2008, les émissions CO2 ont, selon l’institut, augmenté de 40 %. On est donc loin des objectifs de Kyoto. Cette augmentation rendra plus difficile à atteindre l’objectif fixé de limiter à 2 degrés le réchauffement global. « Chaque année de retard dans l’action augmente les chances que le réchauffement dépasse 2°C », avertissent les experts. Quelles sont les ambitions du Gouvernement wallon en la matière ? Arrivera-t-on à réaliser les objectifs de la DPR ? Ces objectifs ne doivent-ils pas être revus à la lumière des constats de l’institut de Potsdam ?

    L’un des effets les plus alarmants du changement à venir concerne la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, que ce soit au niveau des températures (canicules) ou des précipitations (sécheresses, inondations). S’il est vrai que les dernières années, nous avons de plus en plus été confrontés avec les effets de la météo (sécheresse, pluies abondantes, hivers trop doux, ….), nous devons à la vérité de dire que le public y est nettement plus sensible qu’il y a quelques décennies. S’agit-il donc de phénomènes mesurés objectivement ou d’une perception plus sensible desdits phénomènes ?

    Un autre concerne l’élévation du niveau des mers. Les experts estiment désormais que si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites, la fonte des calottes glaciaires provoquera une montée des eaux comprise entre un et deux mètres d’ici la fin du siècle. Est-ce, aux yeux de Monsieur le Ministre, un scénario probable ou un scénario catastrophiste ? Outre les conséquences déplorables pour l’environnement arctique ou antarctique, ou pour les pays qui risquent d’être inondés suite à l’augmentation du niveau de la mer, quel est l’effet sur l’environnement wallon, qui nécessite, selon Monsieur le Ministre, une réaction politique d’urgence de notre part ?

    « La déforestation et des sécheresses en Amazonie pourraient, en quelques décennies, transformer la plus grande forêt tropicale du monde en savane. Ce poumon de la planète deviendrait alors émetteur net de CO2. ». Il est une chose de déplorer la déforestation en Amazonie, et il est une autre chose de contribuer à fixer un maximum de CO2 par une politique forestière adéquate chez nous. Le ministre Lutgen avait évoqué cette perspective à plusieurs reprises. Est-elle réaliste ou est-ce un vœu pieux ?
  • Réponse du 15/03/2012
    • de HENRY Philippe

    Je n’ai pas eu connaissance précisément des travaux du Professeur Schellnhuber, évoqués dans cette question. Cependant, la Wallonie dispose elle aussi de travaux en la matière. Au début de l’été passé, s’est terminée une étude réalisée par les bureaux Ecores et TEC Conseil (bureau marseillais) en collaboration avec les trois universités ULg, UCL et ULB. Cette étude avait pour objectif d’évaluer les impacts des changements climatiques en Wallonie aux horizons 2030, 2050 et 2085 et de proposer des pistes d’actions, dans l’optique de la préparation d’un plan wallon d’adaptation aux changements climatiques. Cette étude, ainsi que l’étude « Vers une Wallonie bas carbone en 2050 », ont été présentées le 17 février prochain.

    En ce qui concerne les émissions, en 2008 la Wallonie a dépassé son objectif de Kyoto (-7,5%) avec une diminution de ses émissions estimée à -12,5% par rapport à 1990. La Wallonie semble donc sur la bonne voie pour réaliser les objectifs de la DPR. Une analyse plus fine a été réalisée dans l’étude citée précédemment (« Vers une Wallonie bas carbone en 2050 »).

    La fréquence des phénomènes d’inondations semble bien augmenter ces dernières décennies.

    Notons toutefois que les changements climatiques ne sont pas les seuls responsables de cette évolution et que l’urbanisation et l’imperméabilisation croissante des sols jouent également un rôle. Ceci dit, des mesures ont déjà été mises en œuvre pour lutter contre ces inondations et leurs effets (plan PLUIES, mis en œuvre en 2003, coordonné par le Groupe Transversal Inondations et mis à jour pour prendre en compte les effets des changements climatiques). Par ailleurs, concernant les vagues de chaleur dont la fréquence semble augmenter à l’avenir selon les projections climatiques, elles font l’objet d’un autre plan - le plan « Vague de chaleur et pics d’ozone » – mis en place conjointement avec le Fédéral et les autres régions.

    Le niveau de la mer est suivi depuis 1927 à Ostende. Ces observations montrent déjà une augmentation du niveau de la mer d’environ 1.6 mm/an avec une possible accélération du phénomène. L'extrapolation des tendances historiques nous amènerait à une hausse du niveau de la mer comprise entre 20 et 200 cm pour la période 1990-2100.

    L’effet direct de cette hausse sur l’environnement wallon n’a pas encore été évalué mais des collaborations avec les régions flamande et bruxelloise et le Fédéral sont en place dans le cadre du futur plan national d’adaptation, qui fera suite à la récente Stratégie Nationale d’adaptation (approuvée par la Commission Nationale Climat en décembre 2010).

    La politique forestière en Wallonie, qui est du ressort de mon collègue, Carlo Di Antonio, inclut bien les changements climatiques dans les défis à relever. Parmi les objectifs du nouveau code forestier (2008), on retrouve explicitement la lutte contre les changements climatiques. En avril 2011 a été inauguré l’Observatoire wallon de la Santé des Forêts pour évaluer et surveiller l’état de santé de nos forêts. Enfin, un rapport rédigé par un groupe de travail en 2009 dresse également des recommandations pour les décideurs et propriétaires forestiers.