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Les bactéries multi-résistantes et le développement de nouveaux agents thérapeutiques

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 302 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 18/01/2012
    • de LENZINI Mauro
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Depuis plusieurs années, le nombre de bactéries multi-résistantes aux antibiotiques ne cesse de croître alors que l'arsenal thérapeutique évolue peu.

    Déjà en automne 2010, la presse avait attiré l'attention sur l'apparition de la souche NDM-1, cause de plusieurs décès. Cette bactérie doit son nom à une enzyme, la beta-lactamase NDM-1 qu'elle produit et qui la rend résistante à toute une série d'antibiotiques de la famille des pénicillines. L'enzyme en question est en effet capable de détruire les molécules de l'antibiotique, annulant ainsi son action et permettant à l'infection de gagner du terrain jusqu'à provoquer, parfois, une septicémie fatale.

    Mais les streptocoques, les salmonelles ou les staphylocoques sont autant d'infections qui n'ont pas attendu l'arrivée de NDM-1 en Europe pour s'adapter aux effets des antibiotiques. Dès 1947, le fameux Staphylococcus aureus, plus communément appelé staphylocoque doré, présentait une résistance à la pénicilline. Pour pallier cette difficulté, la méticilline fut mise sur le marché.

    Mais l'apparition du Sarm, découvert en Grande-Bretagne en 1961, démontra une nouvelle fois que les bactéries possédaient une étonnante capacité d'adaptation aux traitements.

    La résistance aux antibiotiques est un véritable problème de santé publique mais également économique. L'expertise wallonne dans le domaine de la résistance bactérienne aux antibiotiques est véritablement remarquable et de renommée internationale. Où en est la recherche wallonne en la matière ?

    Dans le cadre des axes de recherche que Monsieur le Ministre a définis, ne serait-il pas judicieux de soutenir la démarche de nos chercheurs en la matière ?

    Ne serait-il pas opportun de créer un groupe mixte académique-industriel sur cette thématique ?
  • Réponse du 30/01/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    Je partage la préoccupation de l'honorable membre quant à la problématique de la résistance aux antibiotiques. C’est effectivement un problème de santé publique, et la recherche dans la santé peut certainement contribuer à dégager des solutions pour ce problème. La santé constitue d’ailleurs un des 5 thèmes prioritaires de la Stratégie Recherche 2011-2015. L’excellence scientifique en la matière n’est plus à démontrer en Wallonie et Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est pourquoi de nombreux outils sont à la disposition des chercheurs de pointe :
    * L’appel à projets WELBIO finance 15 projets de recherche en 2011 et 2012 pour un montant de 10 millions d’euros.
    * Plusieurs programmes d’excellence concernent la santé. Si je prends l’exemple de CIBLES, il s’agit de soutenir un centre d'excellence en génomique fonctionnelle afin d'identifier et valider des cibles et des stratégies thérapeutiques innovantes, centrées sur les pathologies liées aux réactions inflammatoires chroniques et les maladies dégénératives.

    Sur la thématique plus spécifique de la résistance bactérienne, il existe en Fédération Wallonie-Bruxelles des recherches fondamentales visant à découvrir de nouveaux modes d’actions de lutte contre les nouvelles bactéries résistantes. Des projets universitaires sur cette thématique ont déjà été financés comme par exemple le projet BIOVAL, sur de nouveaux antibiotiques et protecteurs de toxicité des antibiotiques.

    Il faut aussi rappeler qu’outre la mise au point de nouveaux antibiotiques, nous pouvons agir sur un usage plus approprié de ces médicaments. Pour ce faire, il faut, en plus de l’éducation et de la sensibilisation au problème, un meilleur diagnostic de cette résistance : la Wallonie a ainsi financé un FIRST Entreprise dont l’objet est « Diagnostic pour la mise en évidence de la résistance aux antibiotiques chez Pseudomonas aeruginosa (une des bactéries des infections nosocomiales) et Escherichia coli (infections urinaires et intestinales)». La Wallonie a également octroyé une subvention sur la « génomique pour combattre la résistance aux antibiotiques ».

    Les recherches de base nécessitent des recherches contractuelles avec des entreprises pharmaceutiques pour pousser plus avant les stades de développement de ces nouvelles molécules. De tels partenariats sont possibles dans le cadre des projets de recherche des pôles de compétitivité du Plan Marshall 2.vert. Ils nécessitent la participation à des axes thématiques de recherche, dans le cas du pôle Biowin, sur la base d’appels à proposition. L’objectif même des pôles de compétitivité est de créer des synergies entre universités, centres de recherche et entreprises.