/

Une éolienne avariée à Leuze

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 405 (2011-2012) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 23/01/2012
    • de EERDEKENS Claude
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Est-il exact qu'une tempête a sérieusement endommagé une éolienne du parc Electrabel-IDETA de Leuze-en-Hainaut ?

    Est-il exact que la machine (REPOWER 82 de 2 MW) a perdu plusieurs centaines de litres d'huile qui se sont répandus au pied du mât ?

    Si cette information est bien exacte, quel est l'impact de cette avarie sur la production énergétique ?

    Quel est le délai nécessaire à la remise en état de cette éolienne ?

    D'autre part, et vis-à-vis de la pollution du sol, quelles sont les mesures prises pour éviter l'apparition d'une grave pollution et d'une menace pour les nappes phréatiques ?

    Quelles sont les dispositions prises à cet effet ?
  • Réponse du 24/02/2012
    • de HENRY Philippe

    L’honorable membre a raison de s’interroger sur l’exactitude des faits et de prendre au conditionnel les allégations diffusées, à grands renforts d’effets médiatiques, à l’occasion d’un incident certes spectaculaire mais totalement mineur.

    Le parc éolien de Leuze-Europe est composé de 10 éoliennes de type REpower MM92 (2,05 MW de puissance installée et 146 mètres de hauteur maximale), situées le long de la RN7 et du contournement Est de Leuze-en-Hainaut (RN60b), en articulation directe avec la zone d’activité économique (ZAE) de « Leuze-Europe ».

    Ce parc éolien représente à lui seul deux grandes premières :
    - il s’agit du premier parc éolien situé dans le périmètre d’une zone d’activité économique à l’échelle de la Wallonie ;
    - de plus, les 10 éoliennes sont propriété à la fois :
    * d’une société privée, Electrabel s.a. (7 éoliennes) ;
    * de l’agence intercommunale de développement économique de la Wallonie picarde (via sa filiale ELSA s.a.), Ideta s.c.r.l. (et donc, des communes - 2 éoliennes) ;
    * des habitants leuzois par leur souscription au capital de la coopérative citoyenne CLEF s.c.r.l. (Coopérative Leuzoise pour les Energies du Futur – 1 éolienne), composante de la PELZ s.a. (Parc Eolien de Leuze-en-Hainaut).

    L’éolienne n°8 de ce parc, propriété de la coopérative citoyenne, est celle qui a fait l’objet de l’incident.

    L’incident a démarré le 6 janvier et n’est en rien lié à la tempête. Il trouve son origine dans la rupture d’un élément de tuyauterie du circuit de lubrification du multiplicateur (système d’engrenages), dans la nacelle de l’éolienne.

    L’incident a été détecté visuellement par l’exploitant avant même que les capteurs du système de surveillance ne le détectent.

    La chronologie des faits s’établit comme suit :
    - le vendredi 6 janvier 2012, à 9h06, l’exploitant signale à l’équipe de REpower en charge de la maintenance de son éolienne, la présence d’huile sur la tour sous la nacelle ;
    - suite aux échanges téléphoniques, l’éolienne est stoppée à distance à 9h36 par REpower ;
    - une équipe de REpower est sur place à 10h15 ; elle identifie la cause de cette fuite et la pompe électrique (qui a pris le relais de la pompe mécanique au moment de l’arrêt de l’éolienne) est elle-même arrêtée sur place vers 10h45, stoppant l’épanchement et les projections d’huile.

    L’élément dont la rupture a causé la fuite a été remplacé le 12 janvier par le fabricant de multiplicateur, en présence du fabricant (Re-Power), par un flexible en caoutchouc (montage utilisé également sur ce type d’installation). L’éolienne a redémarré le 12 janvier.

    Au début de la fuite, une faible partie de l’huile a été projetée sous le multiplicateur, en direction du mât. Seule l’huile ainsi projetée s’est écoulée le long du mât. Environ 50 litres ont été projetés. L’huile en question est de type non minérale, sans additifs et biodégradable.

    La majeure partie de l'huile n’a pas été projetée vers le mât et s’est épanchée dans le bac de rétention qui a rempli son rôle (aucun débordement du bac de rétention). Le 6 janvier, un nettoyage partiel est déjà réalisé par l’exploitant.

    Depuis l’intervention du 6 janvier sur le site, il n’y a plus d’écoulement d’huile depuis la nacelle mais des chiffons absorbants ont été placés au pied du mât.

    Dès le lundi 9 janvier, une équipe spécialisée est intervenue en plus des équipes de maintenance de REpower pour terminer le nettoyage de l’huile en nacelle et commencer le nettoyage sur l’extérieur de la tour. En parallèle, les équipes sur place ont procédé simultanément au nettoyage de l’huile épanchée sur le socle, au moyen de chiffons et de granulés absorbants.

    Les analyses des carottages de terre effectués le 23 janvier par ICF Environnement montre la présence de très faibles traces d’huile, dont les concentrations sont très proches des seuils minimums de quantification du laboratoire. Il n’a pas été rencontré de nappe d’eau lors de la réalisation des sondages.

    Une analyse de l’état final est en cours par l’entreprise EACM (entreprise agréée par la Région wallonne dans le domaine de la gestion de la pollution des sols). REpower appliquera les éventuelles mesures complémentaires sollicitées par les conclusions de l’analyse d’EACM.

    Une notification de l’incident a été réalisée par l’exploitant auprès des services du DPA (DGO3 – Département des Permis et Autorisations) et du DPC (DGO3 – Département de la Police et du Contrôle). Un rapport complet de l’incident et de sa gestion, ainsi que le rapport de l’expert en gestion des sols agréé en Région wallonne, sera fourni par le fabricant au DPC dans un délai de 6 mois.

    Un groupement anti-éolien bien connu en Wallonie a depuis lors cité en référé l’ensemble du parc éolien, visant ainsi à obtenir une mesure provisoire d’arrêt total d’activité des 10 éoliennes. Les plaidoiries sont prévues pour le 22 février 2012.

    Un incident de cet acabit (épanchement d’huile en quantité restreinte – 50 litres) ne constitue pas un argument qui prône en faveur de la mise en application de « stress-test » pour les installations éoliennes, à l’instar de ce qui se fait pour le nucléaire. La prise en compte des normes internationales édictées depuis 2001 dans le secteur éolien (normes IEC 61400) suffit à garantir une probabilité de risque de défaillance de la machine acceptable, dans une zone limitée. Le risque zéro n’existe cependant pas comme le prouve l’incident de l’éolienne n°8 du parc de « Leuze-Europe ».