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La sécurité des éoliennes suite à l'envol d'une pale issue d'un parc éolien français

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 423 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 27/01/2012
    • de BORSUS Willy
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Le parc éolien situé à Widehem près de Boulogne-sur-Mer a récemment fait l’objet d’une actualité à sensation. En effet, une des pales d’une éolienne s’est envolée suite aux fortes bourrasques de vent constatées en ce début janvier 2012.

    Cet incident est interpellant. En effet, la distance entre les mâts éoliens et les habitations est çà et là de l’ordre de moins de 500 mètres. Un tel incident peut donc devenir dramatique s’il devait toucher une habitation ou un lieu de passage très fréquenté (telle une autoroute).

    Quelles sont les mesures de prévention en vue d’empêcher que de tels accidents ne se produisent en Wallonie ?

    Quels contrôles la Région wallonne met-elle en place en vue de vérifier que les installations sont aux normes en cette matière ? Quel est l’effectif dédicacé à ce contrôle ?

    Par ailleurs, suite à l’accident de Boulogne-sur-Mer, des mesures de renforcement de la norme (distance, …) et des contrôles sont-ils envisagés ? Si oui, lesquels ?
  • Réponse du 21/02/2012
    • de HENRY Philippe

    Dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 janvier 2012 alors que des rafales de vent de plus de 110 km/h ont été enregistrées durant plusieurs heures, une éolienne implantée dans le parc de Widehem, entre Boulogne-sur-Mer et Etaples (Pas-de-Calais), a perdu 2 pâles : une pale s'est désolidarisée de l'éolienne et s'est écrasée 200 mètres plus loin, dans un champ voisin, une partie d'une seconde pale s'est effondrée au droit du mât.

    Cette éolienne a été mise en service entre 2000 et 2001 et est de type « Jeumont J48/750 » de fabrication française et développent une puissance unitaire de 750 kW. D’une hauteur « hors tout » de 70 mètres, ce qui correspond à du moyen éolien.

    L'accident est arrivé sur l'une des rarissimes éoliennes de ce type et leur fabrication est arrêtée depuis plusieurs années, suite à un autre incident survenu dans la Drôme en décembre 2004. Ce modèle d'éolienne a fait des choix techniques considérés par tous les constructeurs comme une succession d'erreurs.

    En effet, l'éolienne de ce type est assez ancienne et ne bénéficie pas, pour le freinage, du système de régulation actif tel qu’on le trouve actuellement, mais uniquement d’un système passif. Cette technique possède des limites, comme nous le constatons.

    En effet, pour faire simple, le freinage des éoliennes actuelles utilise un système de régulation aérodynamique actif qui « agit » sur l’orientation des pâles de manière à ce que la prise au vent soit la plus faible. En plus de ce système aérodynamique, des freins à disques permettent également d'arrêter l'éolienne en quelques secondes. Elle peut alors résister à des vents bien supérieurs à 110 km/h.

    L'éolienne de type « Jeumont J48/750 » est assez ancienne et ne bénéficie pas de ce système de régulation actif mais uniquement d’un système passif puisque, seul le bout de pale s'oriente, de par sa forme, empêchant ainsi la pale d’accélérer davantage si la vitesse du vent continue à augmenter.

    Les machines « Jeumont J48/750 » ont été produites à une soixantaine d'exemplaires dont huit ont terminé prématurément leur service. Plus personne ne les fabrique ainsi depuis bientôt 10 ans. À titre de comparaison, sur plus des 3 550 éoliennes implantées sur le territoire de la France, une seule a eu des problèmes suite à la tempête qui a traversé le pays au début du mois de janvier 2012. Quoi qu’il en soit, aucune de ces machines (ou des machines de conception analogue) n’est installée sur le territoire wallon.

    Par ailleurs, actuellement, toutes les éoliennes répondent à la norme européenne IEC 61400-1 intitulée : « Eoliennes – Partie 1 : Exigences de conception » et qui spécifie les exigences de conception essentielles pour assurer l’intégrité technique des éoliennes. Elle a pour objet de fournir un niveau de protection approprié contre les dommages causés par tous les risques pendant la durée de vie prévue. Cette norme concerne tous les sous-systèmes des éoliennes tels que les mécanismes de commande et de protection, les systèmes électriques internes, les systèmes mécaniques et les structures de soutien. Elle s’applique aux éoliennes de toutes dimensions. Cette norme est apparue pour la première fois en 2001, soit juste après l’édification du parc de Widehem. D’autres normes européennes sont également applicables : j’évoque notamment la IEC 61400-22 relative à l’homologation des éoliennes et la IEC 61400-23 qui décrit les essais de résistance des pales.

    Ces normes définissent les obligations des fabricants en matière de contrôle de fabrication et de vérification du produit. Ces caractéristiques générales de construction des produits sont primordiales pour la sécurité, le maniement et la fabrication des produits ainsi que pour l’information des utilisateurs. Toutes les éoliennes construites en Wallonie répondent aux normes susmentionnées.

    C’est donc la Commission Electrotechnique Internationale (IEC), organisation mondiale de normalisation intégrant les comités électrotechniques nationaux qui émet ces normes, en collaboration étroite avec l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO).

    Aussi, comme tout bâtiment, les éoliennes sont soumises aux normes de l’Eurocode 8 (norme européenne pour la conception de constructions résistant aux séismes, entrée en application début 2011, dans tous les états de l'U.E). De plus, en Wallonie, il faut savoir que le chantier de construction d’un parc est supervisé par un bureau de contrôle technique pour la construction (tel que le SECO, par exemple). Cette garantie quant au contrôle et au suivi de l’édification des aérogénérateurs trouve sa justification auprès des promoteurs dans la diminution appréciable des primes d’assurance, dès lors qu’un tel bureau certifie la construction.

    Il convient enfin de préciser que les permis uniques (PU) délivrés par l’autorité régionale en ce qui concerne les parcs éoliens fixent des conditions pour leur construction et leur exploitation.

    C’est pourquoi, dans l’étude d’incidences environnementales qui accompagne la demande d’autorisation, le chapitre dédicacé à la sécurité prend, notamment, en compte les fréquences de défaillance (sur base de l’accidentologie du secteur éolien). On constate ainsi que, pour des éoliennes de type industriel, le décrochage d’une pale suite à un emballement de la vitesse de rotation (tel que ce fut le cas à Widehem) possède une probabilité de 0,00042 et des effets qui se répercutent à une distance maximale de 150 mètres, ce qui peut être considéré comme un risque acceptable puisque aucune éolienne, en Wallonie, n’est installée à moins de 350 mètres de toute habitation.

    En conclusion et pour répondre à la question finale de l’honorable membre, aucune nouvelle mesure en termes de sécurité ne doit être adoptée par la Wallonie en termes de sécurité éolienne. La prise en compte des normes internationales édictées depuis 2001 en la matière dans le secteur suffit à garantir une probabilité de risque de défaillance de la machine acceptable, dans une zone limitée.