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Le fait que 8,6 % des chômeurs maîtrisent bien les langues

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 242 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 01/02/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports
    Source : La Libre Belgique 14 novembre 2011

    Les statistiques concernant la maîtrise des langues ressortent de l'Observatoire bruxellois de l'emploi. Bruxelles est une ville/région bilingue et donc particulière sur le plan des langues. La maîtrise de langues y est particulièrement importante pour décrocher un emploi. Disposons-nous des statistiques pour la Région wallonne ?

    La détention d’un diplôme supérieur ne suffit plus à lui tout seul. Il faut de plus en plus avoir une bonne pratique de deux langues nationales, voire de l’anglais comme troisième langue notamment pour des postes d'ingénieurs ou d'informaticiens. De l’autre côté de l’échelle (la construction, la sécurité et le nettoyage) les exigences linguistiques semblent moins marquées. Les compétences linguistiques des candidats montent en fonction de leur niveau de diplôme.

    Quelles sont les exigences des employeurs wallons en recherche de collaborateurs ? Le manque de maîtrise d’une deuxième langue ne va-t-il pas handicaper le travailleur à la recherche d’un emploi dans une autre Région ? A Bruxelles, 90% des offres exigeant des compétences linguistiques le font pour les deux langues nationales. Dans 30 % des cas, des connaissances en anglais sont exigées en plus.

    Les chiffres bruxellois montrent que les connaissances linguistiques jouent dans l'entrée rapide ou non des demandeurs d'emploi sur le marché du travail. Le chèque langues est-il le moyen approprié pour augmenter substantiellement l’employabilité d’un travailleur ? Les promoteurs du système l’affirmeront. Mais quel est le taux d’embauche chez ceux qui ont trouvé un emploi après avoir absolvé un cours de langues ?
  • Réponse du 23/04/2012
    • de ANTOINE André

    L’analyse des opportunités d’emploi gérées par le Forem (1) en 2009, 2010 et 2011 montre une certaine constance dans la proportion des opportunités d’emploi demandant explicitement des connaissances linguistiques : plus de 80 % ne demandent pas la pratique d’une langue étrangère selon ce qui est demandé spontanément par les employeurs. Mais les conseillers ne demandent pas systématiquement l’information pour qualifier l’offre afin de ne pas renforcer les difficultés de recrutement. C’est le déclaratif de l’employeur qui est capté.

    Ainsi, en 2011, 13,6 % des opportunités d’emploi (soit 20.341 unités) demandaient la connaissance d’une langue étrangère (hors français), 4,4 % (soit 6.642 unités) la connaissance de 2 langues et moins d’un pourcent la connaissance de 3 langues étrangères ou plus.

    Plus le diplôme requis est important, plus les exigences en langue le seront. 32 % des opportunités d’emploi disponibles pour des diplômés du supérieur demandent l’usage d’au moins une langue étrangère. Par contre, cette part pour les détenteurs du diplôme du secondaire troisième degré n’est que de 6 %.

    Si on prend en compte l’ensemble des opportunités d’emploi : 12, 1 % mentionnent la connaissance du néerlandais ; 9,1 % la connaissance de l’anglais ; 1,9 % la connaissance de l’allemand.

    Si on tient compte des opportunités d’emploi où une langue étrangère est demandée, le classement des langues est le même que précédemment : 65,8 % demandent la connaissance du néerlandais (soit 18.136 unités) ; 49,3 % la connaissance de l’anglais (soit 13.578 unités) ; 10,2 % la connaissance de l’allemand (soit 2.804 unités).

    Certaines opportunités d’emploi mentionnent également la connaissance de plusieurs langues : 5.818 opportunités d’emploi demandent la connaissance de l’anglais et du néerlandais (21 %) ; 878 la connaissance de l’allemand et du néerlandais (3 %) ; 1.196 la connaissance de l’anglais et de l’allemand (4 %) ; 532 la connaissance des trois langues (2 %).

    Parmi les entreprises qui recherchent des compétences linguistiques, la connaissance du néerlandais est un atout important pour décrocher un emploi, surtout pour les personnes diplômées. La connaissance de l’anglais représente un « plus ». Des différences existent toutefois en fonction des secteurs, des fonctions et des Provinces.

    En effet, certains secteurs présentent une proportion supérieure à la moyenne wallonne d’opportunités demandant au moins une langue. C’est le cas de la recherche et du développement, des transports aériens, des activités informatiques, des services auxiliaires financiers et d’assurances, de l’intermédiation financière et des services auxiliaires des transports (agences de voyage). La constante dans ces secteurs est de recruter une part non négligeable de personnes avec un diplôme de l’enseignement supérieur.

    En ce qui concerne les métiers, trois grandes catégories professionnelles se démarquent par des exigences linguistiques plus marquées. Il s’agit
    * du personnel des services administratifs : près d’une offre d’emploi sur quatre mentionne au moins une compétence linguistique. Ce sont les profils d’assistant(e) en direction, de comptable et de secrétaire spécialisé(e) pour lesquels des connaissances en langues sont le plus souvent renseignées. Pour ces trois métiers, le néerlandais reste la première langue renseignée avant l’anglais. La connaissance de l’allemand arrive en dernière position.
    * des métiers liés à l’informatique : pour ceux-ci, la maîtrise de l’anglais apparaît comme un préalable indispensable, et ce quel que soit le profil recherché. Outre l’anglais, on observe que la connaissance du néerlandais est de plus en plus citée par les employeurs. En effet, des poches d’emploi importantes sont situées à Bruxelles ou en Flandre.
    * des métiers de la vente : plus particulièrement pour les opérateurs call center et les attachés commerciaux.

    Pour les provinces, c’est dans la Province de Liège que la part des exigences en langues est la plus importante (29 %). Ceci peut s’expliquer par la position géographique de l’arrondissement de Liège qui a la particularité de se situer dans la zone de point de rencontre de trois états, à 25 kilomètres au sud de Maastricht aux Pays-Bas et à 40 kilomètres à l’ouest d’Aix-la-Chapelle (Aachen) en Allemagne. Elle appartient aujourd’hui à une région transfrontalière, « l’Eurorégion », zone d’influence privilégiée. Par ailleurs, la Province de Liège comprend Verviers dont la proximité avec les Cantons de l’est explique largement les exigences recherchées par les employeurs, notamment en allemand.

    En Province du Brabant wallon, près d’une offre sur cinq mentionne une exigence en langues. La proximité de Bruxelles-Capitale intervient largement dans l’exigence de compétences linguistiques. Et si, à Bruxelles, 90% des offres d’emploi exigent des compétences linguistiques importantes dans 2 des langues nationales ainsi qu’en anglais, ceci est, bien sûr, lié à la situation de la ville : outre le fait d’être la capitale pour les Communautés française et flamande, elle est aussi le siège de plusieurs institutions de l’Union européenne et de nombreuses organisations internationales, dont l’OTAN.

    Enfin, en ce qui concerne le taux d’emploi des personnes qui suivent une formation en langues, il n’est pas inutile de rappeler que l’apprentissage des langues ne peut être dissocié de la connaissance d’un métier. Il est donc difficile d’isoler ce paramètre en particulier dans le cadre de la mesure du taux d’insertion.



    (1) Ont été prises en compte pour cette analyse les offres/opportunités d’emploi gérées par le Forem à l’exception de celles transférées par les autres services publics de l’emploi (Actiris, VDAB)