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Les dernières statistiques concernant le suicide

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 93 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 09/02/2012
    • de KILIC Serdar
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Une très récente étude menée auprès de plus de 800 Belges met en évidence que 22% d’entre eux ont déjà songé au suicide. Et le constat est encore plus inquiétant lorsqu’on observe que 28% des Francophones y ont pensé, contre 18% de Flamands.

    Dans ce contexte d’actualité, comment peut-on traduire ces chiffres ? Prouvent-ils une augmentation ou une stagnation, voire une diminution du phénomène ? En termes de politique globale de lutte contre le suicide, comment doit-on analyser ces données ? Ainsi, Madame la Ministre annonçait que le Centre de référence en santé mentale recevrait son agrément le 1er janvier 2012. Qu’en est-il et ses objectifs se verront-ils modifiés sur base de ces nouvelles analyses ? Et qu’en sera-t-il du futur centre de référence spécifique du suicide ?

    Pour résumer tout cela, doit-on s’inquiéter un peu plus à la lecture de ces chiffres ou sont-ils le reflet de ce que Madame la Ministre avait en sa possession ? Dans le cas où ceux-ci seraient plus négatifs que prévus, qu’envisage-t-elle pour lutter encore plus efficacement ?




  • Réponse du 13/02/2012
    • de TILLIEUX Eliane

    Chaque suicide est un suicide de trop, parce qu’il créé une profonde déchirure dans une famille, une collectivité, une société. Ce phénomène doit donc nous mobiliser individuellement et collectivement.

    Or, les chiffres font frémir : chaque année, plus de 2 000 personnes se suicident dans notre pays et plus de 20 000 personnes tentent de se suicider. La Belgique détient là un triste record, puisqu’elle présente un des taux de suicide les plus élevés d’Europe.

    La Wallonie est particulièrement concernée, étant donné que son taux de suicide est plus élevé que celui de la Flandre ou des Pays-Bas, par exemple. L’étude de Test-Achats que l'honorable membre évoque et qui traite, elle, des pensées suicidaires rapportent aussi des résultats préoccupants et des différences entre les régions.

    Face à ces constats, des mesures spécifiques ont été renforcées et d’autres initiées, afin de donner au secteur les moyens nécessaires pour une intervention efficace.

    Parmi les nouvelles mesures, le financement d’une recherche coordonnée par l’Association Interrégionale de Guidance et de Santé qui est justement destinée à expliquer scientifiquement l’incidence élevée du suicide en Wallonie. Que constate-t-on ?

    D’abord, des constats de base mais mesurés objectivement : d’une part, les « désordres » psychologiques et/ou psychiatriques constituent un facteur de risque considérable, comme les antécédents suicidaires (pensées suicidaires, comportements suicidaires, tentatives de suicide).

    D’autre part, c’est le recours à l’entourage (famille, amis, connaissances, collègues, …) qui s’avérerait bénéfique, de même que le recours aux services spécialisés, tels que les services de santé mentale.

    L’étude marque que le Wallon va moins facilement se tourner vers des professionnels spécialisés, tels que les psychiatres et les psychologues, que vers un médecin généraliste. Assurer la visibilité et l’accessibilité de l’offre est capital. Les résultats de cette étude, qui se poursuit en 2012, permettront aux autorités d’ajuster les dispositifs en place et de les faire encore mieux correspondre aux besoins.

    Parmi les dispositifs, on recense aujourd’hui 64 services de santé mentale financés par la Wallonie.

    Ces services ambulatoires ont une obligation d’accessibilité financière et leur mission consiste à répondre à toute forme de « mal-être ». Le nouveau Centre de Référence en Santé Mentale, dénommé « CRéSAM », a vu le jour ce 1er janvier 2012 et poursuit diverses missions dont l’appui à l’ensemble des services de santé mentale. Quant au Centre de Référence Spécifique Suicide, un appel à candidatures a été lancé fin 2011. Une fois en place, diverses missions incomberont à ce Centre d’expertise, tels que l’observatoire des pratiques, l’information, l’appui, la recherche, la concertation et la formation.

    Plus spécifiquement, l’ASBL « Un Pass dans l’Impasse » est un service spécialisé en matière de prévention et d’accompagnement du suicide. Cette association, dont le siège central est situé à Namur, propose au moins une antenne de consultation dans chaque province wallonne. Ce service, voué à désamorcer la crise et à accompagner les personnes et les professionnels, travaille en étroite collaboration avec l’ensemble des acteurs de la santé, tels que les médecins généralistes, les hôpitaux, les services de santé mentale, les écoles, etc. Cette asbl est aussi financée par la Wallonie, dans le cadre d’une convention pluriannuelle et à concurrence de 63 414 euros par an.

    Par ailleurs, notre région agréé et finance également 5 Centres de Télé-Accueil. Ce sont des services d’aide par téléphone destinés aux personnes qui présentent une difficulté psychologique, via le numéro « 107 » (gratuit et anonyme).
    Les professionnels et les volontaires garantissent une écoute, une réponse et, le cas échéant, une orientation.

    En termes de perspectives, il me revient de mettre la priorité à ces différents axes :
    - le développement de la recherche pour cette année 2012 ;
    - la sensibilisation, l’information et la formation des professionnels dont les généralistes qui sont l’un des piliers de la prévention du suicide ;
    - le développement de partenariats structurels entre les divers secteurs (écoles, services de santé mentale, planning,…) ;
    - le renforcement de la postvention (famille, école,...).
    - l’amélioration de la prise en charge des personnes en risque suicidaire ;

    Au delà des pistes qui se dégagent, je suis et resterai vigilante au développement de réponses adaptées par les divers secteurs en charge des soins de santé mentale.