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Les difficultés de Bekaert suite à la chute du solaire

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 366 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 15/02/2012
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    En page 23 de son édition du vendredi 3 février 2012 « Le Soir Economie » exposait que le secteur solaire européen se meurt.

    Les difficultés de Bekaert ne seront pas liées à des mesures internes à la Belgique ou à la Wallonie, mais à un contexte international extrêmement difficile.

    La filière européenne se meurt en fonction de la concurrence impitoyable de la Chine.

    Il est permis de lire dans cet article que l'Allemand Q-Cells, l'ex-numéro mondial des cellules photovoltaïques, est au bord de la faillite, malgré la délocalisation de la moitié de la production en Thaïlande.

    Un autre fabricant, Solon, a déposé son bilan en décembre 2011.

    Idem selon l'article, pour Solar Millénium.

    Le groupe Sunways va passer sous la coupe du fabricant chinois LDK Solar.

    Il est exprimé qu'en France, Photowatt est en redressement judiciaire.

    On peut lire aussi qu'outre-Manche, BP a mis en vente sa filiale BP Solar.

    Outre-Atlantique, trois importants fabricants de panneaux et de cellules Solyndra, Evergreen et Spectrawatt ont fermé boutique en 2011.

    La Région wallonne et Monsieur le Ministre ont-ils dès lors des possibilités de garantir la possibilité pour les propriétaires de bâtiments publics ou privés de pouvoir encore à l'avenir disposer de panneaux photovoltaïques de qualité à un prix raisonnable? .

    En effet, il serait permis de craindre que si la Chine obtient demain un monopole, les prix ne s'envolent et ne deviennent inaccessibles faute de concurrence.

    Quelle analyse Monsieur le Ministre fait-il de cette situation?
  • Réponse du 07/03/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    Les difficultés actuelles des fabricants européens de panneaux solaires photovoltaïques illustrent les soubresauts d’un marché en développement rapide. L’amont (production de silicium, de cellules et assemblage de panneaux) de la filière solaire photovoltaïque s’est très rapidement industrialisé et mondialisé. Dans ce secteur fortement concurrentiel et mondialisé, les différents acteurs du marché se sont engagés dans une dynamique novatrice visant à réduire le prix de revient des cellules solaires photovoltaïques. L’innovation est en effet un facteur clé dans l’émulation économique actuelle. Cette innovation passe notamment par la réduction des quantités de silicium utilisé dans la fabrication des cellules. Les prévisions de réduction des coûts sont conséquentes puisque dans son dernier rapport, l’« International Technology Roadmap for Photovoltaïcs » prévoit d’ici à 2020 une chute du coût par Watt-Crête de plus de 60%.

    A côté de ces soubresauts, la demande de panneaux ne fléchit pas ; l’EPIA (la fédération européenne du photovoltaïque) projette une puissance totale installée dans le monde de 196 GW d’ici à 2015, soit près de la moitié de la puissance électrique nucléaire mondiale. Bloomberg New Energy Finance, une société d’étude qui fait référence en matière d’investissements renouvelables au niveau mondial, vient de publier des chiffres montrant une augmentation spectaculaire des investissements dans le secteur de l’industrie photovoltaïque entre 2010 et 2011 ; ceux-ci ont augmenté de 36% pour atteindre 136,6 milliards de dollars, et ce malgré la crise financière et malgré le programme anti-environnement mené par les Républicains au Congrès des Etats-Unis.

    Il y a toutefois lieu de s’interroger sur des pratiques possibles de dumping (social et/ou environnemental) de la part de certains fabricants de panneaux chinois. Notons à cet égard que la situation évolue aussi en Chine ; selon un article du quotidien Guangzhou Daily repris par Digitimes research, près de 50% des entreprises chinoises auraient arrêté leur production. Plusieurs entreprises sont rattrapées par la réalité environnementale, la nécessité de produire plus propre afin d’assurer leur pérennité.

    La politique menée en Wallonie jusqu’aujourd’hui a permis, contrairement à d’autres pays, un développement soutenu et surtout continu du secteur solaire photovoltaïque. L’emploi se concentre principalement en aval de la filière c’est-à-dire au niveau de l’installation. Notons en effet que les modules produits à l’étranger ne représentent plus qu'environ 50 à 60% du prix du système installé (pour 75% en 2005). Le solde est ventilé entre le coût des autres composants (onduleurs, ..) et celui des distributeurs, installateurs et autres bureaux d'études c-à-d une ressource régionale.

    Il est important que la Wallonie puisse profiler son développement dans cette filière en fonction de ses avantages et des opportunités existantes. Le cluster TWEED mène un exercice de cartographie des compétences des acteurs wallons dans les différents segments de la valeur ajoutée de la filière photovoltaïque (amont, aval, etc.). Je serai extrêmement attentif aux résultats de cette étude et, le cas échéant, envisagerai en bonne intelligence avec le Ministre de l’Economie, mon collègue Jean Claude Marcourt, les mesures d’accompagnement nécessaires afin de renforcer la filière.