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La plongée de l'euro sous 1,32 dollar après l'annonce de Moody's

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 151 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 17/02/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    « Le cours de l'euro a plongé sous 1,32 dollar mardi après l'annonce de Moody's qui a ajusté la note de solvabilité de 9 pays européens.

    Tôt mardi, la monnaie européenne valait 1,3140 dollar. Au début de la semaine, elle valait encore 1,3254 dollar. Après Standard & Poor's, l'agence de notation Moody's a abaissé les notes de solvabilité de 9 pays européens, dont l'Italie, le Portugal et l'Espagne. » (Trends.be du mardi 14 février 2012).

    Quel est l’impact de cette évolution en matière d’échanges monétaires sur l’importation d’énergie (pétrole, gaz ...) et de matières premières ainsi que sur l’exportation de produits en dehors de la zone euro ? Un euro un peu plus faible comparé au Dollar ne risque-t-il pas de coûter cher aux secteurs intensifs en énergie et d’être favorable aux produits à exporter ? Comment nos entreprises wallonnes se positionnent-elles dans cet échiquier ? Les avantages dominent-ils par rapport aux désavantages ou est-ce l’inverse ?
  • Réponse du 22/01/2013
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La diminution du cours de l’euro face au dollar risque de coûter cher aux entreprises intensives en énergie, mais cela, par contre, ne risque pas de faire perdre des parts de marché face à leurs concurrents étrangers.

    L’impact d’une hausse du coût de l’énergie a plutôt un impact sur les consommateurs qui, à salaire égal, voient une augmentation du coût de certains biens, et principalement ceux dont l’intensité énergétique est importante. Les entreprises hautement consommatrices d’énergies, tant belges qu’étrangères, feront dès lors face, à moins qu’elles ne proposent des biens indispensables pour les consommateurs, à une demande globale en diminution. Un tel phénomène peut être un incitant pour ces entreprises à revoir leur modèle économique vers un mode de fonctionnement moins énergivore. Cet incitant sera plus contraignant pour les entreprises dont l’activité principale se situe dans la zone euro.

    Avec la hausse des prix des produits importés, les consommateurs subissent une hausse du coût de la vie. Le pouvoir d’achat individuel diminue dès lors. Cependant, l’effet de la baisse de l’euro ne peut se résumer qu’à ce constat. En effet, les entreprises créant de la valeur ajoutée dans la zone euro verront le coût de leurs biens diminuer à l’étranger et verront le coût de leurs concurrents produisant hors zone euro augmenter sur le marché intérieur.

    S’il en résulte, dans un premier temps, une diminution du pouvoir d’achat, la baisse de la valeur de l’euro peut être un incitant pour nos entreprises à diminuer leur dépendance aux produits importés ainsi qu’une opportunité pour l’ensemble de nos entreprises tant sur le marché intérieur que le marché extérieur pour augmenter leurs parts de marché et créer davantage d’activités et d’emplois en Belgique. D’une perspective globale, la diminution du cours de l’euro ne serait pas une aussi mauvaise nouvelle pour la Belgique.

    Il faut cependant nuancer cette conclusion, car nous partageons toujours une monnaie commune avec nos voisins européens et, au vu de l’importance du marché unique dans nos échanges commerciaux, l’opportunité que représente cette baisse du cours pour nos entreprises wallonnes peut s’avérer être très restreinte. En outre, l’avenir de notre économie européenne est de s’orienter vers une économie à haute valeur ajoutée. Les entreprises agissant dans ce type d’économie sont fortement spécialisées et dès lors peu sujettes à concurrence. Ainsi, les variations de l’euro ne devraient dès lors pas avoir, pour nos entreprises porteuses d’avenir, l’importance qu’elle pourrait avoir pour des entreprises de plus en plus menacées par la productivité et les salaires étrangers.

    Par contre, l’incitant à une moins grande consommation énergétique qu’implique la diminution du cours de l’euro est le bienvenu, car la hausse des coûts de l’énergie va s’intensifier et le plus tôt nous pouvons anticiper ce phénomène le mieux cela sera.

    Ainsi, l’ampleur des avantages et des inconvénients et l’impact global de la diminution de la valeur de la monnaie unique dépendront de l’importance et la durée de la tendance de la variation du cours de l’euro ainsi que du dynamisme et de la réactivité de nos entreprises ; dynamisme et réactivité que le gouvernement se doit d’encourager et d’amplifier. C’est dans ce contexte que les primes, et particulièrement les primes énergétiques, que les soutiens à l’internationalisation et que la promotion de l’innovation et de la recherche prennent tout leur sens.