/

L'incapacité de la Chine à "racheter l'Europe"

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 152 (2011-2012) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 17/02/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    On a pu lire dans Trends.be du lundi 13 février 2012 que « La Chine détiendrait plus de 550 milliards de dollars de dette souveraine européenne, selon des informations d'experts non confirmées officiellement. Les sociétés chinoises ont par ailleurs récemment multiplié les rachats d'entreprises en Europe, dans des secteurs très divers comme l'eau ou l'énergie. La Chine, dont les réserves de change frôlent en tout les 3.200 milliards de dollars, a dit vouloir participer au fonds de secours européen pour aider les Etats de l'UE en difficulté, mais n'a pris aucun engagement chiffré. ».

    Est-il de l’intérêt des Européens de faire appel au capital chinois pour constituer ce fameux parapluie de sauvetage européen ? Dans une telle hypothèse, ne risquons-nous pas d’être « téléguidés » sur le plan économique et politique ? Ce qui ne reste pas sans impact ni sur l’Europe dans son entièreté, ni sur l’économie wallonne fortement dépendante de l’évolution au sein de l’UE ?

    La Chine - peut-on lire dans les déclarations politiques des responsables chinois - n’aurait pas la capacité de racheter l’Europe. Elle n'en aurait même pas l'intention. Oui, mais de quoi parle-t-on ? De toute l’Europe ? Des secteurs stratégiques ? Des secteurs « faciles » à copier ?

    J’ai pu lire des analyses d’économistes allemands qui acceptent que nos technologies soient copiées, pour autant que l’Europe investisse nettement plus dans la R&D de façon à ce que les copies de nos technologies soient déjà dépassées par de nouvelles technologies encore plus performantes au moment où les copies sont faites.

    Est-ce une analyse à prendre au sérieux ? Dans l’affirmative, comment transposer chez nous cette maxime en chantier politique ? Pour l’instant, la capacité d’innovation de l’économie wallonne est loin d’avoir exploité toutes ses potentialités ....
  • Réponse du 06/09/2012
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Il est important pour la Belgique, et la Wallonie plus particulièrement, de continuer à attirer des investissements étrangers dans la Région, pour le bon développement de son économie, et notamment pour la croissance de son PIB.

    Rien que pour l’année dernière, la Banque Nationale indique que 89,1 milliards de dollars d'investissements directs sont entrés en Belgique.

    Par ailleurs, rappelons que le degré d’ouverture de l’économie wallonne, soit le rapport de la moyenne des exportations et des importations de marchandises au PIB, se chiffre aujourd’hui à plus de 60%.

    La Chine qui est l’un des cinq pays BRICS continue d’être un marché prioritaire pour les européens, et notamment pour la Wallonie, puisqu’elle est son deuxième client à la grande exportation. Le baromètre de l’attractivité d’Ernst & Young 2012 note ainsi dans ses pistes d’amélioration pour l’année prochaine de porter une attention plus importante encore sur ces pays, pour attirer encore plus d’investissements dans notre pays.

    Les premiers constats du Global Location Trends 2012 nous rappellent de plus l’importance de l’Asie en tant que nouvel investisseur (Chine, Corée, Japon, Inde qui représentent à eux seuls ¼ des nouveaux emplois créés en Belgique).

    Une mission s’est d’ailleurs tenue ce mois d’août à Hong-Kong afin de réaffirmer nos avantages concurrentiels en matière d’investissements étrangers en Europe, dans le cadre du China Overseas Investment Summit, où la Belgique était un des 5 pays mis à l’honneur avec la Corée du Sud, Singapour, les Etats-Unis et le Canada.

    Pour ce qui est de la problématique des droits de propriété intellectuelle, la Wallonie a souhaité donner les meilleurs outils aux mains de ses entreprises, afin d’éviter à celles-ci des revers en Chine, ou dans d’autres pays où les copies sont légion.

    Dans le cadre du programme « Creative Wallonia », sous l’impulsion de l’AWEx et de l’UCL, la Région a ainsi créé en 2011 une plate-forme d’innovation Wallonie-Chine, dénommée PIC-W, qui vise un double objectif :

    - la valorisation des innovations issues des recherches fondamentales et appliquées wallonnes en Chine pour les technologies pertinentes afin de tester leur viabilité sur le marché chinois, de les y adapter, et de bénéficier des atouts technologiques, économiques et financiers chinois pour en accélérer leur développement mondial ;
    - la maîtrise des risques industriels, commerciaux, et financiers, y compris ceux relatifs à la propriété intellectuelle.

    Outre l'intérêt pour les technologies ainsi transférées avec la maîtrise des risques financiers et industriels, le projet participe également à l'établissement ou renforcement de relations significatives avec les écosystèmes chinois d'enseignement supérieur, des instituts de recherche appliquée, les fonds de capital-risque, et les investisseurs industriels.

    De plus, cette Plateforme d'innovation constitue une porte d'entrée privilégiée sur le marché chinois pour des projets technologiques plus matures, déjà en phase industrielle en Wallonie, en capitalisant également sur les accords du réseau des Parcs scientifiques wallons (SPOW) avec les réseaux d'incubateurs chinois, en coordination avec le réseau des attachés économiques et commerciaux de l'AWEx en Chine.