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Les espoirs que représente le nouveau biocarburant de BFS

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 415 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 02/03/2012
    • de KILIC Serdar
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Implantée en Espagne, la société Bio Fuel Systems s'emploie à produire du pétrole artificiel qui ne contient ni soufre, ni métaux lourds et permet de réduire la production de CO2.

    Sans rentrer dans des détails chimiques, le processus utilise des micro-algues et les fait se reproduire, en réunissant toutes les conditions requises pour accélérer leur photosynthèse : nitrates, phosphates, CO2, lumière et chaleur. En quelques jours seulement, et en se nourrissant de ces éléments - ce qui favorise à grande échelle la diminution de production des gaz à effet de serre -, cette biomasse permet à l'entreprise de créer cet « or bleu ».

    Outre les avantages tant en termes de coût de production que de respect de l'environnement, il s'agit également d'un enjeu économique considérable.

    Monsieur le Ministre a-t-il déjà pris connaissance de ces avancées remarquables ? Quelle est son analyse en la matière ? Dans un avenir plus ou moins proche, peut-on espérer rouler grâce à cette biomasse beaucoup moins énergivore que d'autres matières premières, telle que l'huile de palme?
  • Réponse du 26/03/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    Bio Fuels System est une entreprise de R&D espagnole, basée à Alicante, issue de la recherche des universités de Valence et Alicante. Cette société produit des carburants à partir de micro-algues marines. Le procédé biotechnologique est basé sur une production d’huile à partir d’algues autotrophes sélectionnées parmi plus de 30 000 espèces, qui croissent et se multiplient grâce à la lumière, le CO2 et l’eau. Les photobioréacteurs verticaux de 8 m de haut permettent la culture d’algues à la lumière naturelle. La conversion du CO2 issu des émissions industrielles en biomasse puis en pétrole artificiel similaire au pétrole naturel (sans soufre et sans métaux lourds) est obtenue en mimant le processus naturel de formation du pétrole. Le pétrole est extrait par voie thermo- chimique, et l’extraction s’accompagne des molécules à haute valeur ajoutée permettant la rentabilité du projet.

    L’exploitation industrielle intensive de cultures d’algues comme source d’énergie émerge lentement du stade expérimental et en est encore à ses débuts pour la production énergétique. D’après le rapport spécifique du GIEC sur les énergies renouvelables de 2011, les biocarburants de deuxième génération (ligno-cellulosiques) sont à un stade pré-commercial dans certains pays. Les biocarburants de troisième génération (algues et autres procédés biologiques) en sont encore en phase de recherche et développement.

    Les travaux de recherche dans ce domaine sont nécessaires notamment pour obtenir des procédés économiquement viables. En Belgique, le développement d’une filière « algues » ne sera envisageable qu’après, entre autres, l’identification de la ressource la plus adaptée (sélection des macro/micro algues), l’étude des conditions de culture (culture offshore, photobioréacteurs, récolte dans des bassins…) et la mise au point des procédés d’extraction et de valorisation économiquement viables. Une des pistes privilégiées actuellement, dans le but de réduire les coûts de production des biocarburants d’origine algale, réside dans une production en synergie avec d’autres molécules ou produits à haute valeur ajoutée, que ce soit en chimie verte, phyto-remédiation du CO2, nutrition…. Une autre piste est de cultiver les micro-algues, consommatrices de CO2, à partir d’une source de CO2 industrielle ; ces processus permettrait à la fois de diminuer les émissions de CO2 et la production de molécules aux diverses finalités.

    On retrouve actuellement plusieurs projets de recherche financés ou cofinancés par la Wallonie en la matière. Le premier, BEMA pour Bio Energy from Micro Algae, consiste à faire les études de systèmes de culture et de récolte de micro-algues pour permettre la séquestration de CO2 et valoriser au mieux la production de lipides pouvant servir de biocarburant ainsi que d'autres éléments à haute valeur ajoutée. L’objectif principal est de mettre au point un prototype de photobioréacteur qui puisse faire la preuve de la production de biomasse algale à grande échelle. Le second, BIOVAMAT, vise à développer des photobioréacteurs efficaces pour la production de molécules à haute valeur ajoutée, basés sur une technologie innovante de mise en œuvre de matériaux nanoporeux. Le projet ALGOCAR consiste en une recherche sur la conception, simulation et optimisation d’un photobioréacteur de production intensive de biomasse algale pour la production de biocarburant de troisième génération. Enfin, dans le cadre de l’appel à projets Greenomat, le projet FOTOBIOMAT a également été financé ; il vise au développement intégré de matériaux hybrides photosynthétiques par encapsulation de micro-algues en vue de la production en photobioréacteur de métabolites à haute valeur ajoutée.

    La filière algues-carburants est prometteuse, mais il convient de l’encadrer dans une politique environnementale et de mobilité durable cohérente, axée sur la réduction des besoins en mobilité et le transfert modal. Ce n’est que dans ce cadre que la contribution de carburants alternatifs pourra être envisagée pour la réalisation de nos objectifs énergétiques et climatiques à l’horizon 2050.