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L'intérêt éventuel pour la Wallonie des exportations vers les pays du BRICS

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 174 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 15/03/2012
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    D'après des chiffres de la BNB, le GEWIF constate que les exportations de la Wallonie vers les pays du BRIC sont, en comparaison avec la Flandre, d'une pauvreté qui confine à la disette.

    Ainsi pour l'année 2010, lorsque la Flandre exporte pour 6,39 milliards d'euros vers le Brésil, la Wallonie se limite à 0,350 milliard d'euros. Pour la Russie, l'Inde et la Chine, les comparaisons se chiffrent respectivement à 2,07 ; 6,04 ; 4,9 pour la Flandre, tandis que la Wallonie réalise seulement 0,394 ; 0,136 et 0,42 milliard d’euros.

    Comment expliquer une telle différence en chiffres alors que les pays du BRIC sont ceux qui permettraient, par leur attractivité, de mobiliser de nouvelles productions ?

    Faut-il considérer que l'AWEx ne dispose pas des moyens de sa politique ou qu'elle n'a pas posé les bons choix ?

    N'est-il pas urgent de renverser les priorités et de prospecter avec efficacité les pays du BRIC ?

    Quelles sont les solutions envisagées par Monsieur le Ministre ?
  • Réponse du 09/05/2012
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Les différentes informations qui ont été diffusées dernièrement par le Groupe d’Etudes pour la Wallonie intégrée à la France, et qui sont pour certaines erronées, ne cessent d’étonner.

    Premièrement, il est difficile de ne pas s’interroger sur les arguments développés par le GE WIF lorsqu’il affirme que le commerce extérieur wallon va à contre-sens de l’évolution de l’économie mondiale, étant donné que nos exportations en 2010 ont augmenté de 14,8%  - soit dit en passant, notre plus forte progression depuis 2000,  tandis que pour la même année, le FMI avait annoncé que l’économie mondiale avait enregistré une croissance de 5%.

    A l’échéance du contrat de gestion de l’AWEx 2004 – 2009, une évaluation réalisée par le cabinet d’audit Ernst & Young a démontré que l’organisme avait globalement bien rempli les missions qui lui avaient été confiées.

    Outre une conjoncture économique difficile depuis 2009, il est important de rappeler qu’il existe des différences structurelles non négligeables entre la Flandre et la Wallonie.

    Le tissu économique flamand est essentiellement constitué de grandes entreprises, là où les PME sont le poumon de la Wallonie, et que de nombreux produits étrangers transitent par le port d’Anvers et les autres infrastructures portuaires flamandes avant d’être réexportés.

    Ne sont pas ici remis en question les chiffres qui ont été repris des publications de la Banque nationale belge. Cependant, certains éléments semblent avoir été « oubliés » dans l’étude qui a été réalisée.

    Sur le long terme notamment (de 1996 à 2010), le rythme de croissance moyen des exportations wallonnes (+6,9%) est globalement supérieur à celui des échanges extérieurs de nos pays voisins (+5,1% en moyenne) et de la Flandre (+5,5%), qui constituent notre panel de comparaison habituel.

    Selon la Banque nationale de Belgique encore, la Wallonie est la seule entité régionale à enregistrer une balance commerciale positive de 9,5 milliards d’euros en 2008, alors que la Flandre et Bruxelles affichaient une balance commerciale négative de respectivement 9,3 milliards et 6,4 milliards d’euros dans leur échange avec le reste du monde.

    Pour l’année 2009, la Wallonie enregistrait encore un surplus commercial de 6 milliards d’euros, tandis que la Flandre enregistrait un déficit commercial de ses échanges avec l’extérieur de 1,8 milliard d’euros.

    Pour ce qui concerne les marchés BRIC plus particulièrement, la part des 5 pays BRICS dans le total du commerce extérieur wallon a presque doublé depuis une décennie, passant de 2,3 à 3,8%.

    Les chiffres cités en ce qui concerne le Brésil sont erronés : ainsi, les exportations flamandes vers le Brésil en 2010 étaient de l’ordre de 1,24 milliard d’euros et non de 6,39 milliards.

    Il en résulte que l’écart entre le réel niveau des exportations entre la Flandre et la Wallonie sur le marché brésilien est plus faible que celui présenté.

    Certes, la croissance des exportations flamandes vers ce pays fut plus élevée entre 2005 et 2010 que celle de la Wallonie.

    Mais quant à parler chiffres, on en citera quelques-uns :
    - croissance des exportations vers l’Inde de 2005 à 2010 : 10,7% pour la Wallonie ; 7,6% pour la Flandre,
    - croissance des exportations vers la Chine : 11,6% pour la Wallonie ; 10,9% pour la Flandre,
    - croissance des exportations vers la Russie : 14,5% pour la Wallonie ; 14,3% pour la Flandre.

    Ces chiffres démontrent que la croissance annuelle de nos exportations vers les pays BRICS qui atteint une moyenne de +10,9% est plus élevée que celle de la Flandre, qui est de +9,4%, vers ces mêmes pays.

    Peut-on dès lors vraiment parler de « disette » ? Le terme « vitalité » semble être plus approprié, quand on constate que depuis 5 ans, l’orientation géographique de nos exportations va nettement dans le sens d’un accroissement de leur diversification à l’international, en faisant des pays BRICS une priorité parmi d’autres objectifs ciblés par le commerce extérieur et ce, depuis 2005. Certes, nous sommes parfaitement conscients qu’il faut encore poursuivre nos efforts et c’est pourquoi la Région entend multiplier les actions à l’étranger.

    Le programme d’actions en 2012 prévoit l’organisation de 215 actions, touchant 25 secteurs différents et 81 pays cibles, dont 32 actions dans les pays BRICS, ce qui correspond à 15% du nombre total d’actions.

    Près de 65% de ce programme d’actions commerciales seront réalisés dans des régions situées à l’extérieur de l’Europe, alors que cette proportion était de 55% en 2000.

    Des missions exploratoires seront également organisées dans des Etats où une action de l’AWEx n’a pas encore été organisée, notamment en Libye.

    Aujourd’hui, nous bénéficions d’attachés économiques et commerciaux dans chacun des pays BRICS, parfois même de plusieurs comme en Chine, en Inde et au Brésil, à la disposition des entreprises wallonnes.

    Est également en cours de réflexion la possibilité de renforcer notre présence en Russie, notre deuxième marché BRICS après la Chine.

    Finalement, rappelons qu’outre les pays BRICS, le nouveau contrat de gestion de l’AWEx prévoit une politique de diversification qui ciblera également les « prochains 12 » présentés comme les marchés émergents présentant le plus d’opportunités commerciales dans les années à venir, parmi lesquels plusieurs Etats de l’Asie du Sud-est (Malaisie, Thaïlande, Vietnam, Indonésie), de l’Amérique Latine (Mexique, Argentine), d’Afrique (Nigéria, etc.) et du Proche et Moyen-Orient (Egypte, etc) ou encore l’Ukraine.

    Nos entreprises doivent parfois trouver des portes d’entrée, situées sur ces marchés émergents, plus petits, mais plus porteurs pour trouver l’approche la plus constructive vis-à-vis des pays BRICS, et pour s’y positionner durablement.

    Notre stratégie peut toujours être améliorée, mais les tendances actuelles montrent que les évolutions sont plutôt positives.