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L'organisation du marché de l'emploi

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 325 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 23/03/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Voici le contenu (en extrait) d’une interview avec Geert Bruyneel, administrateur délégué de Volvo Cars Gand.

    « Nous savons qu'en matière de charges salariales, la Belgique figure dans le peloton de tête européen. Il est essentiel que nous parvenions à maîtriser les coûts et que nous restions compétitifs par rapport aux pays voisins. Cela dit, je ne suis pas de ceux qui se plaignent sans cesse des charges salariales en Belgique. Selon moi, l'accent doit être placé sur la productivité. L'Etat doit également jouer un rôle important sur le marché de l'emploi.

    Manifestement, ce rôle est insuffisant, puisque vous recherchez vous-même depuis de longs mois des techniciens qualifiés… Volvo Cars songe à embaucher des étrangers !
     
    Nous n'avons encore embauché personne venant de l'étranger mais, si notre système de production est menacé, nous n'hésiterons pas. Les ingénieurs se trouvent encore facilement. Chez nous, ils peuvent s'épanouir dans l'organisation, le développement, le leadership. Mais nous sommes effectivement confrontés à une pénurie de techniciens ayant des connaissances en robotique, qui est le mode de pilotage de nos installations dans la division carrosserie et à l'usine de peinture. Et nous ne sommes pas les seuls dans ce cas en Belgique.
     
    Vous avez travaillé cinq ans en Suède. L'organisation du marché de l'emploi est-elle différente par rapport à celle qui prévaut en Belgique ?
     
    Les moyens déployés en matière de formation sont plus importants. Les chômeurs sont accompagnés de manière plus ciblée, en fonction des postes vacants. Ils ne sont pas formés tous azimuts pour des fonctions peu demandées. » (propos recueillis par Wolfgang Riepl publié dans Trends.be).

    Ce sont des propos interpellants. La difficulté du patron d’embaucher un travailleur présentant le profil souhaité revient régulièrement dans notre discussion. Nous la connaissons sous le terme de pénurie de main d’œuvre qualifiée. Mais, pour une première fois, nous entendons une des causes qui est à la base du problème : la formation tout azimut pour des fonctions peu demandées et non en fonction des postes vacants. Si cela s’avère exact, c’est que nous « gaspillons » beaucoup de moyens pour peu de résultats.

    Ainsi, je souhaite confronter Monsieur le Ministre par rapport aux propos de l’administrateur délégué de Volvo Cars. Quelle est son analyse après avoir pris connaissance des réactions d’un patron qui publie – en des termes très diplomatiques – une critique de fond par rapport au système d’éducation et de formation en Belgique ? Comment, au-delà des grandes déclarations qui ne mènent à rien, œuvrer pour que la formation aboutisse plus systématiquement sur des emplois, pour que la formation soit plus axée sur les postes vacants ?
  • Réponse du 11/05/2012
    • de ANTOINE André

    L'honorable membre m'a déjà interpellé sur ce sujet lors de la séance publique de la commission du 26 mars. Je me permettrai donc de lui apporter ici les mêmes éléments de réponse. Ainsi que je lui le disais alors, la pénurie de main-d’œuvre est une problématique à laquelle j’attache beaucoup d’importance. Je ne lui rappellerai donc pas ici toutes les actions mises en place dans le cadre du Plan Marshall 2.vert pour contrer les difficultés des entreprises à recruter des travailleurs disposant de qualifications spécifiques pour certains métiers.

    A cet égard, les mesures de compétences, dont les screenings, participent déjà à une meilleure allocation des moyens de formation en tenant compte à la fois du besoin des entreprises et de la réalité des compétences portées par les demandeurs d’emploi.

    La disponibilité d’une offre de formation, d’outils d’orientation, d’essais métiers constitue également un levier effectif saisi quotidiennement par les conseillers référents dans le travail de rapprochement des demandeurs d’emploi vers les postes de travail, facteur d’insertion des demandeurs d’emploi et de satisfaction des offres d’emploi. En 2011, ce sont plus de 40 000 adressages de demandeurs d’emploi vers de tels services qui ont été réalisés dans le cadre de l’accompagnement individualisé.

    Par ailleurs, depuis plusieurs années, le Forem s’inscrit dans diverses actions visant à favoriser une meilleure adéquation entre l’offre et la demande d’emploi, dont l’adaptation constante de l’offre de formation afin de répondre à l’évolution des besoins du marché. Cette meilleure adéquation des formations aux évolutions du marché se concrétise également avec l’enseignement obligatoire, via l’ouverture des Centres de compétence au public des élèves et professeurs de l’enseignement secondaire dans le cadre d’un accord de coopération avec la Communauté française. En 2011, 42 338 élèves et professeurs ont participé à cette initiative, dans les 25 Centres de compétence du réseau wallon.

    L’étape suivante devrait consister à renforcer les passerelles entre l’enseignement et la formation des adultes en particulier sur le partage des outils technologiques nécessaires à la formation, comme cela se fait déjà au niveau des Centres de compétence, mais aussi sur le champ de l’acquisition des compétences de base, qui restent régulièrement un obstacle à la réussite d’une formation professionnelle.

    Enfin, j’aimerais rappeler que taux d’insertion pour les formations aux métiers dits « en pénurie » dépasse régulièrement le taux de 80%, taux qui ne prend pas en compte les insertions à l'étranger (essentiellement Luxembourg et France) ni les autocréations d'emploi.