L'urgence d'une politique de réduction des substances chimiques auxquelles nous sommes exposés
Session : 2011-2012
Année : 2012
N° : 636 (2011-2012) 1
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Question écrite du 26/03/2012
de PECRIAUX Sophie
à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité
Une étude d'une ONG britannique, publiée mardi dernier, indiquait que l'augmentation des cas de diabète et d'obésité serait liée aux substances chimiques auxquelles nous sommes quotidiennement exposés (DDT, PCB, Bisphénol A, retardateurs de flammes bromés).
Chez nous, la Fédération Inter-Environnement Wallonie (IEW) souligne l'urgence d'une politique de réduction de l'exposition à ces substances.
Dans les années 1970, de nombreux pays, dont les Etats Unis, ont interdit l'utilisation du DDT car les scientifiques les accusent d’empoisonner la faune et l'environnement, mais de mettre également en danger la santé humaine.
De façon générale, le DDT se concentrerait dans les systèmes biologiques, principalement les corps gras. C'est un produit nocif pour diverses espèces qui se bio-amplifie le long de la chaîne alimentaire, atteignant sa plus haute concentration pour les supers prédateurs, comme les humains ou les rapaces. Le DDT et ses produits de décomposition seraient également toxiques pour les embryons aviaires et pourraient perturber l'absorption de calcium et donc la qualité de la coquille des œufs. Pourtant, le DDT en faibles doses aurait très peu d'effet sur les oiseaux, contrairement à son métabolite, le DDE, qui est beaucoup plus toxique.
Chez les humains, l’utilisation du DDT serait généralement sûre. D’importantes populations y ont été exposées durant soixante ans avec peu de toxicité aiguë, hormis quelques cas d’empoisonnement.
Les PCB sont toxiques, écotoxiques et reprotoxiques (y compris à faible dose en tant que perturbateurs endocriniens), ubiquitaires et persistants (demi-vie de 94 jours à 2700 ans selon les molécules). Leur toxicité est réputée et varie selon leur poids moléculaire et selon la configuration spatiale de leurs molécules. Très liposolubles, ils font partie des contaminants bio-cumulables fréquemment trouvés dans les tissus gras chez l'humain (dont le lait maternel). Ils sont classés comme « cancérogènes probables » pour les cancers hépatobiliaires (cancer du foie, cancer des voies biliaires, cancer du pancréas), et le PCB 126 a été classé cancérogène certain.
L’alimentation est la première source d'exposition aux PCB (90% de l’exposition totale, surtout via des produits d’origine animale : poisson, viande, œufs, produits laitiers).
Le Bisphénol A (BPA) est un composé chimique issu de la réaction entre deux équivalents de phénol et un équivalent d'acétone, dont la toxicité sur le corps humain est en débat.
Le Bisphénol A est un perturbateur endocrinien capable de se lier au récepteur α des œstrogènes. Son action serait environ 1 000 fois inférieure à celle de l’œstradiol, mais il est très présent dans notre environnement (environ trois millions de tonnes de BPA sont produites chaque année dans le monde) et dans le corps humain.
Le Bisphénol est surtout utilisé pour tapisser l'intérieur de certaines boîtes de conserve, de canettes (principales sources d'exposition pour l'homme).
Le Bisphénol était également utilisé pour la fabrication des biberons, ce qui a été interdit pour des raisons sanitaires au Canada et depuis le 23 juin 2010 en France.
En tant que révélateur de la coloration à l’impression, le Bisphénol A est présent sous forme libre dans un grand nombre de reçus de caisse ou des reçus de cartes de crédit (papier thermique).
En Belgique, une proposition de loi (19 mai 2011) a été déposée au Sénat de Belgique visant à interdire le Bisphénol A dans les tickets de caisses et reçus de cartes de crédit.
Des études ont montré (sans que d'éventuels liens de causalité directe soient déjà identifiés et compris) qu'un taux urinaire élevé de ce produit était corrélé avec un risque plus élevé - de diabète (sur ce point, cela reste discuté) ; - de maladies cardiovasculaires ; - d'anomalies du bilan hépatique ; - de moindre efficacité de chimiothérapies chez les patients cancéreux.
Parmi les effets attendus et mieux compris en tant que perturbateur hormonal, il s'est montré capable d'affecter la reproduction d'animaux de laboratoires et il pourrait être un des nombreux facteurs de délétion de la spermatogenèse chez l'homme.
Enfin, les retardateurs de flamme bromés (RFB) sont des mélanges de produits chimiques produits par l’homme, qui sont ajoutés à une grande variété de produits, notamment pour une utilisation industrielle, pour les rendre moins inflammables. Ils sont utilisés couramment dans les plastiques, les textiles et les équipements électriques/électroniques.
Dans l’Union européenne (UE), l’utilisation de certains RFB est interdite ou limitée; cependant, en raison de leur persistance dans l’environnement, il subsiste des inquiétudes concernant les risques que ces produits chimiques présentent pour la santé publique. Des produits traités aux BFR, qu’ils soient en cours d’utilisation ou qu’il s’agisse de déchets, relâchent des RFB dans l’environnement et contaminent l’air, le sol et l’eau. Ces contaminants peuvent ensuite entrer dans la chaîne alimentaire, où ils sont présents principalement dans les aliments d’origine animale, tel que le poisson, la viande, le lait et les produits dérivés.
On le voit, tous ces produits pourraient présenter de graves risques pour la santé.
Monsieur le Ministre est-il au courant de cette enquête et ses services en ont-ils examiné les conclusions ?
La Fédération Inter-Environnement a-t-elle interpellé Monsieur le Ministre sur ce point ?
Quelles mesures ou précautions compte-t-il prendre face à ces risques ?
Réponse du 23/04/2012
de HENRY Philippe
La question relevant des compétences de ma collègue, Madame Eliane Tillieux, je prie l’honorable membre de lui adresser directement sa question.