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La question de savoir si le prix du gaz est un facteur qui pèse sur la compétitivité

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 187 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 12/04/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Le gouvernement a décidé il y a quelques temps de geler les prix de l'énergie en Belgique d'avril à fin décembre, afin de garder l'inflation sous contrôle. Mais selon Agoria, le gouvernement ne respecte pas stricto sensu sa promesse.

    Le Gouvernement fédéral annonce avoir chargé le SPF économie d’une inspection et d’une vérification et n’exclut pas de porter le dossier devant la justice.

    "Electrabel et Luminus ont augmenté leurs formules d'indexation pour le gaz le 1er avril, comme il est d'usage pour trois mois", a indiqué Frank Vandermarliere d'Agoria sur le site internet du quotidien De Tijd, mercredi soir. "Le paramètre d'indexation est augmenté de 5,5%, ce qui représente pour le consommateur une hausse de prix de 3 à 4%. Cela signifie donc directement également que l'inflation, en conséquence de cette hausse, va encore augmenter." (Trends.be)

    "On ne peut donc au final pas dire que les prix ont été bloqués dès le 1er avril", ajoute M. Vandermarliere. "On ne pourra parler d'un gel des prix qu'au 1er juillet, quand normalement une nouvelle adaptation trimestrielle devrait avoir lieu."

    Dans quelle mesure le comportement des fournisseurs d’énergie pèse-t-il sur la compétitivité des entreprises belges, l’énergie coûtant en Belgique déjà plus chère que chez nos partenaires commerciaux les plus importants ?

    Dans quelle mesure ce comportement des deux fournisseurs cités contrarie-t-il la politique de la Région wallonne œuvrant pour une relance durable de l’économie et pour la création d’emplois ?

    Dans quelle mesure ce comportement freine-t-il la demande interne en pesant sur le pouvoir d’achat des ménages et sur le coût de production des entreprises ?
  • Réponse du 25/09/2012
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’augmentation du prix du gaz, comme toute augmentation du prix des matières premières, nuit à la compétitivité de nos entreprises et ralentit leur développement.

    Dans ce cadre, on se rappelle la décision du fédéral en matière de gel des prix à partir de 2012.

    Au-delà des nombreuses discussions et interprétations qui ont été exprimées, la meilleure attitude consiste à encourager les mesures que les entreprises prennent pour réduire leur consommation énergétique dans leur processus de production ainsi que les mesures incitatives ou de soutien pour que les entreprises améliorent de manière générale leur bilan énergétique

    En effet, le coût de l’énergie augmentant, les produits devraient coûter plus cher, engendrant une diminution du pouvoir d’achat des consommateurs. Ceci pourrait entraîner une réorientation générale de la consommation vers des produits à plus faible valeur ajoutée impliquant alors une réduction de la taille de nos différents marchés commerciaux.

    Avec notre productivité, la fabrication de produits de moindre valeur ajoutée impliquerait un volume d’emploi moins important, de manière générale, la richesse produite en Wallonie pourrait diminuer significativement.

    Ainsi, une plus grande efficience énergétique et, une réduction de la consommation semblent indispensables.

    Outre le fait qu’une augmentation plus importante de cette charge en Wallonie impliquerait des pertes de parts de marché au profit d’autres acteurs plus efficace, la Wallonie, avec les autres entités fédérées et l’état fédéral, doit veiller à contenir cette hausse car le système d’indexation des salaires devrait réagir à cette augmentation du coût de l’énergie et impliquer une baisse de la compétitivité de nos industries. Le rapport de la BNB « les marchés de l’énergie et la macroéconomie » explique qu’une hausse de 10% des produits pétroliers aurait pour impact sur 3 ans une diminution de 0.46 point de pourcentage du PIB contre une diminution de 0.24 point de pourcentage pour la zone euro.

    L’accent de la politique wallonne doit être encore davantage mis sur l’efficience énergétique et sur la réduction de la consommation. Car, outre les arguments précités, des marges d’amélioration existent.

    En effet, la Belgique a une industrie fortement énergivore due à la présence de nombreuses entreprises chimiques et pharmaceutiques. Ensuite, selon un rapport de la BNB précité, le faible rendement énergétique des bâtiments peut expliquer la plus grande consommation d’énergie de nos ménages par rapport à ceux de nos voisins.

    Il n’est cependant pas utile de stigmatiser de manière permanente les fournisseurs et les producteurs d’énergie tout en occultant dans le même temps les actions publiques prises et enfin, en évitant de mentionner celles qui pourraient l’être est contre-productif. Le rapport de la BNB, précité, explique, aussi, que la marge prise par les fournisseurs de gaz en Belgique – calculée sur les années allant de 2006 à 2008 – est moins importante que celle prise par nos voisins, à l’exception de la France.

    Ainsi, il faut d’une part éviter de surtaxer la production d’énergie fossile afin de ne pas être victime de délocalisation et d’autre part, inciter l’industrie à plus d’efficience énergétique. Il faut donc accompagner davantage les baisses de consommation par des mécanismes de soutien à la réduction de consommation et à l’efficience énergétique tant pour les particuliers que pour les entreprises. Citons, pour ces dernières, le mécanisme des accords de branche.

    Enfin, quant à la politique de promotion des énergies renouvelables, elle doit également être repensée afin qu’elle évite de faire de certains particuliers des producteurs nets d’énergies, d’octroyer des avantages disproportionnés à la production verte, de favoriser des sources d’énergies qui ne sont clairement pas adaptées à l’environnement wallon et de ne soutenir quasiment que les dernières étapes de la chaîne de production peu porteuses de valeurs ajoutées que sont l’assemblage et la pose d’installation productrices d’énergies renouvelables.