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La mise en évidence positive du modèle économique belge par la France

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 191 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 20/04/2012
    • de KILIC Serdar
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Une fois n'est pas coutume, notre système économique a été mis en exergue et positivement par une Ecole supérieure de commerce française. Cette analyse a été relayée par le site « Huffington Post France».

    L'équipe de chercheurs a souligné que notre pays a pu, malgré les problèmes institutionnels et économiques, faire pencher la balance du commerce extérieur en sa faveur.

    Mieux encore, la Wallonie serait la grande gagnante de cette compétitivité, puisque elle enregistrerait une exportation chiffrée à 44 milliards d'euros pour une importation de 31 milliards, quand Flandre et Bruxelles présenteraient un bilan négatif.

    Les sources de ces performances sont diverses, d'après l'étude. Primo, nous sommes ouverts à de nombreux marchés voisins, comme la France, l'Allemagne et la Hollande qui, étant dans la zone euro, favorisent l'exportation malgré un euro fort. Si donc les exportations à l'étranger sont plus difficiles, surtout face au dollar si bas, nous réussissons largement avec ces pays proches. Secundo, parce que nous nous concentrons sur des secteurs où nous sommes devenus les spécialistes, comme la chimie organique, l'industrie pharmaceutique ou l'automobile. Enfin, tertio, nous avons su produire localement, sans délocaliser pour de plus grands profits, favorisant dès lors la haute valeur ajoutée de nos produits par leur fiabilité et leur innovation.

    Monsieur le Ministre a-t-il eu connaissance du contenu de cette recherche ? Que peut-on en retirer ?

    Au-delà du plaisir que cela peut procurer quand on met tant d'effort à redresser notre Région, ces informations concordent-elles avec les données disponibles ?

    Cette perspective est-elle prometteuse pour l'avenir à long terme ?
  • Réponse du 06/09/2012
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Cet article met en évidence les atouts de la Belgique mais également de la Wallonie et, indirectement, leur mise en avant par les politiques établies par le Gouvernement.

    En effet, une référence est faite à la spécialisation de la Wallonie dans des secteurs porteurs tels que la biotechnologie. La politique des pôles qui favorise la collaboration d’entreprises et d’acteurs du monde de la recherche autour de projets relatifs notamment à la biotechnologie ou encore au génie mécanique permet de soutenir et de renforcer la compétence et l’expérience de la Wallonie acquise dans ces domaines. La politique des pôles soutien dès lors une certaine spécialisation de nos industries dans des secteurs prometteurs au vu des caractéristiques de notre économie ce qui, au regard des chiffres du commerce extérieur, semble payant. En effet, ce sont les industries spécialisées dans le domaine des pôles qui sont le plus performantes en termes d’exportations.

    L’article fait également mention de la position centrale de notre région, avantage que tente de mettre en avant le pôle Logistic in Wallonia. Le Huffington Post France explique en outre qu’un des facteurs expliquant cette relative bonne santé économique provient d’une orientation importante de nos industries vers la production à haute valeur ajoutée, en misant sur la recherche et développement mais également sur l’innovation. Si le Plan Marshall 2.Vert met l’emphase sur la recherche et le développement en relation avec l’industrie, le programme cadre Creative Wallonia fait, quant à lui, la promotion de l’innovation et de toutes ses facettes.

    Cet article semble dès lors confirmer que l’approche de la politique économique gouvernementale qui focalise une partie de nos moyens sur des secteurs clés, qui met en avant nos atouts économiques et qui incite à la recherche et à l’innovation est la bonne.


    Les chiffes auxquels font référence le « Huffington Post France » sont encourageants mais il faut les relativiser. Tout d’abord, d’après les prévisions d’Eurostat, au deuxième trimestre 2012, l'économie belge a plongé de -0,6%. Ensuite, l’article fait en effet référence à notre balance commerciale positive mais, lorsque sont pris en compte les statistiques relatives aux exportations, on se rend compte que, malgré le fait d’avoir dépassé le niveau de pré-crise avec un volume prévu pour 2011 à plus de 46 milliards d’euros, nos exportations semblent avoir fait l’objet d’une croissance moins soutenue que celle prévalant en Flandre depuis 2009. Le fait d’avoir une balance commerciale positive reste néanmoins une bonne nouvelle surtout si ce surplus de liquidité est orienté vers le financement de notre économie à moyen et à long terme. Comme nous le verrons plus bas, des alternatives d’offre de financement au financement strictement bancaire doivent être soutenues pour à la fois profiter de cet épargne significative des belges et pour diversifier les possibilités permettant à nos entreprises d’investir.

    Cependant, certains points forts pointés par l’étude peuvent également être considérés comme des faiblesses. Si notre dépendance importante à l’économie de nos voisins et notamment à celle de l’Allemagne explique en partie ces résultats économiques relativement positifs, une diversification plus importante des partenaires vers lesquels la Wallonie exporte devient nécessaire afin de profiter de la croissance des pays émergents qui risque d’être davantage soutenue que celle qui prévaudra en Europe. Il ne faut pas, cependant, occulter le fait que, au vu de la taille de l’économie wallonne et de son intégration au cœur de l’Europe, sa dépendance économique par rapport à celle de ses voisins ne doit pas être considérée comme un avantage ou un inconvénient mais comme une réalité immuable inhérente à la situation wallonne. Ainsi, tant que la crise européenne ne trouvera pas de solution, il sera très difficile pour la Wallonie seule de retrouver le chemin d’une croissance soutenue et durable.

    En outre, au-delà de cette crise européenne, des problématiques majeures attendent l’Europe et donc la Wallonie. Tout d’abord, la limitation de l’impact sur nos entreprises du coût croissant de l’énergie renforcé d’ailleurs par des politiques énergétiques prenant en compte des considérations environnementales est un défi qu’il va falloir adresser rapidement. Ensuite, devant un système bancaire qui ne s’est toujours pas remis de la crise financière et qui peine à retrouver sa place au sein de notre économie, il est indispensable d’analyser la problématique du financement de nos entreprises impliquant une remise en question du fonctionnement actuel du système bancaire et une promotion des offres alternatives de financement. Et, finalement, le problème du vieillissement de notre population et des coûts significatifs que cela implique doit être dès à présent anticipé afin de limiter les conséquences sur notre modèle socio-économique surtout en ces temps de restrictions budgétaires.

    Il faudra dès lors, dans les prochaines années, réussir le pari de mettre en œuvre une politique économique similaire à celle pratiquée actuellement en Wallonie, c’est-à-dire une politique focalisée sur nos atouts, centrée sur la recherche et l’innovation et incitant à la production de haute valeur ajoutée, tout en adressant les défis majeurs précités auxquels notre région est confronté. La résolution de la crise européenne reste toutefois un prérequis à toute reprise durable de la croissance.