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La prévention en matière de dépression chez les mineurs

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 132 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 25/04/2012
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    La presse nous apprenait il y a peu qu’en 2010, 11 000 mineurs se sont vus prescrire des antipsychotiques en Belgique. Et parmi ce nombre de jeunes, il ressort que 485 consommateurs étaient âgés de moins de 6 ans.

    L’INAMI nous informe que 4 380 consommateurs sont âgés de 6 ans à 12 ans et 4 581 d’entre eux ont entre 12 et 15 ans.
    Les symptômes les plus observés sont les troubles schizophrénique et bipolaire. Les antipsychotiques les plus consommés sont l’olanzapine, la quetiapine, le risperidon et l’aripiprazol.

    Force est de constater que le recours à ces antidépresseurs est de plus en plus fréquent puisqu’en 2007, 9 066 mineurs consommateurs ont été enregistrés, contre 11 008 en 2010…

    A la vue de ce constat, je m’interroge sur la place qu’occupe la prévention en matière de dépression enfantine. Quelles sont les initiatives prises par la Gouvernement wallon en ce domaine ?

    La Déclaration de politique régionale insiste sur l’importance de « travailler au bien-être de l’enfant dans son environnement et l’aider à développer ses capacités propres à se sentir bien constituent un socle primordial pour la promotion de la santé mentale et la prévention de nombreuses problématiques, tels que le suicide des jeunes, les assuétudes, les troubles de comportement, elle est sensible à développer les services de santé mentale ».

    Quels sont dès lors les moyens mis en œuvre pour traiter ces troubles ? Madame la Ministre dispose-t-elle d’informations sur l’origine de ces troubles et sur leur évolution dans la société ? Ne serait-il pas opportun d’envisager certaines mesures pour faire face à ce phénomène ?

    On parle souvent de la dépression comme étant le « mal du siècle », mais j'avoue que ces chiffres m’interpellent au plus haut point.

    Cette problématique relève également de la compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles et du pouvoir fédéral. Madame la Ministre peut-elle dès lors me dire si des réunions communes sur le sujet ont déjà eu lieu ? A défaut, une action commune ne devrait-elle pas être envisagée ?
  • Réponse du 24/05/2012
    • de TILLIEUX Eliane

    L’OMS considère d’ailleurs qu’il y aurait 20% de jeunes concernés par des troubles mentaux dans nos pays occidentaux. Pour 50% des patients adultes, la difficulté ou le trouble existait avant l’âge de 14 ans. Il est évident qu’une prise en charge adaptée, durant l’enfance, et qui ne soit pas nécessairement médicamenteuse, est de nature à améliorer la santé mentale de la population.

    Le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) vient de publier un rapport sur la santé mentale des enfants et des adolescents. Il y formule des recommandations pour réformer le secteur de la santé mentale en faveur des jeunes. Ce rapport se base notamment sur l'apport d’une soixantaine d’acteurs : pédopsychiatres, psychologues, médecins généralistes, pédiatres, enseignants, représentants des associations de patients et professionnels de l'aide sociale, de l'aide à la jeunesse et du secteur des personnes handicapées.

    La Wallonie promeut une série d’initiatives, notamment mises en œuvre par les 64 services de santé mentale agréés, en vertu du Code wallon de l’Action sociale et de la Santé. La moitié des consultations enregistrées dans ces services concernent des mineurs. D’autres projets financés dans le cadre facultatif renforcent le dispositif en répondant aux besoins des plus jeunes.

    La région est bien compétente pour l’axe curatif en matière de santé mentale. La prévention relève essentiellement des compétences communautaires tandis que le fédéral a une compétence exclusive pour les questions de prescriptions médicamenteuses, en l’occurrence celles des antidépresseurs.

    A noter que les troubles de l’humeur dans l’enfance peuvent avoir des répercussions dans de nombreux domaines (famille, école, amis etc.). C’est pourquoi, il est important de prendre cette difficulté au sérieux. L’accompagnement de ces jeunes en souffrance doit prioritairement être réalisé au plus près possible de leur milieu de vie. Tant l’administration d’un traitement médicamenteux que le placement en structure résidentielle doivent rester une solution ultime, particulièrement quand on parle de jeunes patients.

    La région agrée et subventionne diverses structures ambulatoires à disposition de la population : les Services de Santé Mentale, les Centres de Planning et de Consultation Familiale et Conjugale, les Associations de Santé Intégrée ou bien encore les Services Spécialisés en Assuétudes. La question financière ne peut constituer un obstacle à l’accès à ces services car la gratuité peut être envisagée.

    En outre, la reconnaissance d’un centre de référence spécifique consacrée à la question du suicide est en cours. Ce centre sera particulièrement important pour sa mission d’appui aux structures en contact avec les jeunes concernés par le suicide. Cette mission rencontre les priorités mentionnées dans la Déclaration de politique régionale.

    La « Semaine antistress », organisée annuellement, vise à sensibiliser la population aux questions de santé mentale. Ainsi, dans le cadre de cette semaine, nous organisons des activités spécifiques afin d’attirer directement un public jeune.

    Au-delà de nos propres compétences, il est nécessaire que la région collabore avec les autres autorités, afin de développer une politique globale et intégrée pour les jeunes en difficultés. Ce type de dynamique est en cours.

    A titre d’exemple, un travail de concertation avec la Fédération Wallonie-Bruxelles a permis d’aboutir à une brochure sur la maltraitance infantile qui implique notamment les services de santé mentale, les centres PMS, l’ONE, etc.

    Plus spécifiquement, la Conférence Interministérielle Santé du 18 juin approuvera la mise en place d’un groupe de travail technique destiné à élaborer un projet de réforme relatif à l’offre de soins en santé mentale pour enfants et adolescents (dans le même esprit que la réforme “Psy 107“). Ce projet nécessite une concertation entre les entités fédérales et fédérées, dépassant le cadre strict de la santé. Ainsi, l‘Aide à la Jeunesse, la Justice et l’Enseignement seront associés à la réflexion.

    L'honorable membre constatera que nous sommes convaincus de l’intérêt d’une action commune et transversale, agissant sur les déterminants de la santé, d’autant plus lorsque l’avenir de nos jeunes est menacé.