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La pénurie de chauffeurs

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 374 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 30/04/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Le journal de la Fédération Royale Belge des transporteurs et des prestataires de services logistiques (FEBETRA) signale que le recul de l'activité de transport se répercutant à plusieurs niveaux, les effectifs ont donc été revus à la baisse. Les chauffeurs sont ici les principaux concernés et, dans une moindre mesure, les ouvriers non-chauffeurs et les employés.

    Le Forem a-t-il pu observer ces derniers mois une augmentation du nombre de chauffeurs s'inscrivant comme demandeurs d'emplois ? Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres sur la durée de leur maintien au chômage ? Retrouvent-ils relativement rapidement un nouvel emploi ? Quelles sont les formations disponibles qui peuvent les aider à se reconvertir et combien en bénéficient-ils ?

    Quelles sont les perspectives d'emploi pour les chauffeurs, notamment dans le contexte d'une arrivée massive de chauffeurs venant de l'Est de l'Europe et moins bien payés ? Les organisations syndicales avaient vertement critiqué les patrons du secteur pour avoir embauché à moindre tarif des travailleurs étrangers sous le couvert d'entreprises n'ayant qu'une boîte aux lettres dans lesdits pays. Monsieur le Ministre confirme-t-il les analyses de la CSC et de la FGTB ?

    Les déclarations des patrons du secteur ne correspondent pas aux analyses des organisations syndicales puisqu'on peut notamment lire que « le nombre de postes vacants pour les chauffeurs a lui aussi diminué, la crise ayant rendu beaucoup d'entrepreneurs prudents dans leur politique de recrutement. Ceci étant, de nombreuses entreprises témoignent également de la difficulté de trouver des chauffeurs motivés et flexibles. Les exigences paraîtraient trop élevées pour beaucoup de candidats ».

    Existe-t-il réellement une pénurie de main d'œuvre dans ce secteur ou essaye-t-on plutôt de nous le faire croire ? Ne serait-ce pas un moyen pour justifier, a posteriori, les embauches critiquées par les organisations syndicales ?
  • Réponse du 20/08/2012
    • de ANTOINE André

    Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits au Forem sur le métier de chauffeur poids lourds s’élevait, au 31/12/2011, à 3769 personnes, soit une diminution de 10% à un d’écart. Cette diminution fait toutefois suite à une mise à jour de la base de données du Forem.  Parmi les 4.930 personnes qui se sont inscrites au moins un jour comme demandeur d'emploi sur ce métier en 2011, seules 17% (833) n'ont connu aucun mouvement d'entrées ou de sorties de la demande. (Tous métiers confondus, cette proportion est de 20%.) Sur l’année 2011, le Forem a traité 14 demandes de main d’œuvre étrangère pour ce métier.

    Le métier de chauffeur de poids lourds n’est plus considéré comme fonction critique par le Forem, dès lors que le taux de satisfaction des offres d’emplois (92% d’offres satisfaites) est supérieur à la moyenne et augmente d’1% à chacun des derniers baromètres Job Focus. Mais le secteur connaît un important turn-over, ce qui pourrait expliquer les difficultés mises en avant par les entreprises. (La Commission Paritaire 140 du transport regroupant le plus de travailleurs – 70.000- a le taux de turn-over le plus élevé avec 24%).

    Il n’en reste pas moins que le secteur risque de connaître à nouveau des problèmes de recrutement à moyen terme en raison du vieillissement de ses travailleurs, et ce d’autant plus que la réserve de main-d’œuvre actuellement disponible compte également 1/3 de + de 50 ans. Et ce problème va encore s’accentuer avec le manque de nouveaux entrants sur le marché. (En 2010, seuls 33 jeunes s’inscrivant au Forem pour la 1ère fois à la fin de leurs études se sont positionnés sur le métier de chauffeur poids lourds).

    Autre élément risquant d’aggraver l’entrée de chauffeurs de poids lourd sur le marché de l’emploi : l’entrée en vigueur, depuis septembre 2009, de la directive européenne 2003/59 (transposée dans le droit belge par l’Arrêté Royal du 4 mai 2007). En effet, celle-ci impose un examen plus difficile pour obtenir le permis poids lourds et le CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle). Ceci risque de faire diminuer le nombre de personnes réussissant cet examen. En outre, une formation continuée de 35 heures tous les 5 ans va être également imposée pour les titulaires de ce titre. Cette mesure pourrait donc inciter des chauffeurs âgés à arrêter plus rapidement leurs activités. 

    Enfin, les conditions de travail sont difficiles (stress lié au trafic et au respect des horaires, longues journées de travail et pour le transport international, éloignement familial pendant plusieurs jours).

    Les filières de formation sont constituées de la formation professionnelle, de l’enseignement et des auto-écoles dont les capacités sont limitées et insuffisantes pour répondre à l’ensemble des besoins du marché de l’emploi.

    A cet égard, le Forem a fortement développé son offre depuis le début des années 2000, en partenariat étroit avec le secteur professionnel concerné. Ce développement est tant quantitatif (chaque année 400 demandeurs d’emploi sortent des centres de formation munis de tous les éléments nécessaires à l’exercice du métier) que qualitatif (utilisation de simulateurs de conduite de haut niveau, développement d’un centre d’examen pour répondre aux exigences des directives européennes…). Le taux d’insertion moyen après ces formations est de l’ordre de 80%.