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Le bois matériau ou le bois énergie

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 574 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 31/05/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Objectif 2020 : 13 % de l'énergie consommée en Belgique devra être d'origine renouvelable (éolien, solaire, photovoltaïque, mais aussi biomasse/cogénération)

    Un débat très vif oppose les partisans du bois énergie à ceux du bois matériau, à commencer par les fabricants de panneaux.

    Favoriser le bois énergie, reviendrait-il à diminuer l'offre de matière première tout en tirant nettement les prix vers le haut. ? C'est à ce propos un document étonnant qu'un vent favorable a apporté à "La Libre" (octobre 2011).

    Le consultant « Capgemini Consulting » a réalisé une étude pour le compte du Ministre wallon de l'Energie. Etude complémentaire par rapport à l’autre réalisée par le même consultant et se consacrant à la biomasse, source de production d’électricité et de chaleur.

    Le cabinet de Monsieur le Ministre laissait entendre qu’«il n'y a eu aucune volonté de la cacher, mais l'opportunité de la rendre publique ne s'est pas présentée». On cite Monsieur le Ministre dans La Libre de l’époque : «Si elle a été demandée, c'est parce qu'il apparaît que, pour atteindre un objectif wallon de 20 % d'énergie renouvelable en 2020, il vaut mieux utiliser la biomasse pour la cogénération et les réseaux de chaleur plutôt que pour l'électricité. Notre but en commandant l'étude complémentaire était donc d'arriver à une approche équilibrée, avec une valorisation énergétique mais sans pénaliser le bois matériau»

    La conclusion est surprenante : que l'on utilise toute la forêt wallonne pour le bois matériau ou le bois énergie, cela change peu de choses aussi bien sur le plan des emplois que sur celui des grandes tendances d'évolution des prix. On devine que cette conclusion est mal prise par les industriels de la transformation du bois.

    «A l'horizon 2020, peut-on entendre un responsable de Capgemini, 1e scénario privilégié est de ne pas toucher aux équilibres sur le bois matière. Les objectifs sur l'énergie sont atteints en important tout le bois supplémentaire nécessaire. Ceci étant dit, le nombre d'emplois dans la forêt wallonne n'est pas modifié, en première approximation, que celle-ci soit exploitée pour l'énergie ou pour la matière». Aujourd'hui, c’est vrai, le marché est déjà international, mais l’importation du bois, est-ce une solution ? Le bois est précieux, il ne faut pas le gaspiller.

    L’étude Capgemini ayant été financée par des moyens mis à la disposition par le public, je demande à Monsieur le Ministre de transférer une copie de cette étude au parlement afin que les parlementaires puissent se pencher sur la question. N’est-il pas utile d’organiser sur la question un débat ouvert plutôt que de se fier aux « vents favorables » ?
  • Réponse du 15/06/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    L’étude de CapGemini évoquée par l’honorable membre vise à baliser au mieux la contribution des différents vecteurs d’énergie renouvelable (électricité, chaleur, transport) pour l’atteinte de l’objectif de tendre à 20% d’énergie renouvelable en Wallonie à l’horizon 2020, tout en respectant les valorisations matière actuelles de la biomasse. C’est pourquoi, l’étude s’est faite en bonne cohérence avec les chiffres de l’étude de Valbiom sur le potentiel biomasse-énergie à l’horizon 2020. Le scénario de base est donc basé sur une contribution maximale des bois et connexes de bois de la filière bois wallonne à des fins énergétiques, plafonnée aux niveaux actuels.

    Les présentations de l’étude de CapGemini ont fait l’objet d’une large consultation des acteurs à l’occasion de tables-rondes organisées en 2011. Il n’a donc jamais été dans mon intention de dissimuler les résultats des études, dont celle de l’étude CapGemini. Toutefois, une chose est de diffuser les résultats de l’étude, une autre est de rendre public un rapport contenant des données confidentielles (prix, quantités utilisées) sur certaines filières, en particulier celles qui ne comportent que peu d’installations que l’on pourrait donc identifier. C’est dans ce sens que j’ai répondu à la Présidente du Parlement wallon lorsqu’elle m’a demandé de lui transmettre l’étude suscitée.

    Comme le suggère l’honorable membre, l’énergie représente une compétition potentielle supplémentaire pour l’acquisition de la matière. Toutefois, les valorisations matière et énergie de la biomasse peuvent également être considérées comme complémentaires et interdépendantes. Plus l’industrie de la première transformation du bois sera active, plus des produits connexes seront générés et pourront alimenter les autres filières, qu’il s’agisse de la filière matière ou énergie.

    Le recours à la biomasse à des fins énergétiques, y compris la biomasse importée, doit cependant se faire de manière raisonnée, afin de garantir la pérennité des sources biomasse potentielles, de poursuivre les utilisations matière et alimentaire de la biomasse, et de viser les meilleurs rendements énergétiques. Avec mes collègues Philippe Henry et Carlo Di Antonio, nous avons initié des travaux en vue d’aboutir à une stratégie ‘biomasse durable’, dans laquelle le recours à la biomasse énergie sera encadré par des critères de durabilité. Les ordres de grandeur de recours aux différentes formes de biomasse y seront précisés.