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La centrale biomasse

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 593 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 07/06/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    GDF Suez a transformé la centrale au charbon en une unité cogénération 100 % biomasse à Rodenhuize.

    Cette conversion d’une centrale au charbon en une centrale biomasse est une première mondiale.

    L’investissement est de l’ordre de 125 millions euros pour une puissance de 180 MW (produisant de l’électricité pour 320.000 ménages).

    La réduction CO2 présumée est de 1.2 million tonnes par an.

    La centrale est tenue par Electrabel (73 %) et Ackermans & van Haaren (27 %).

    Suivant des articles de presse, Electrabel avait manifesté un intérêt pour investir une unité de cogénération en Wallonie. Monsieur le Ministre est-il au courant des projets ? Dans l’affirmative, s’agit-il de projets de conversion (comme en Flandre) ou de création d’unités nouvelles ? De quelle puissance ? Et avec quelle efficacité ?
  • Réponse du 28/06/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    Je suis effectivement au courant de la conversion de la centrale à charbon de Rodenhuize en une centrale biomasse. J’ai déjà pu m’exprimer à l’occasion de réponses à des questions orales et à une question d’actualité posée par l’honorable membre sur les projets de centrale biomasse d’Electrabel.

    Je rappellerai donc en quelques mots la proposition d’Electrabel. La société envisage un investissement dans plusieurs centrales électriques d’environ 200 MW chacune en Belgique, utilisant des pellets comme combustible. L’efficacité énergétique de ce type d’installation est d’environ 40% maximum (rapport entre l’énergie primaire nécessaire et l’énergie électrique délivrée). Dans son plan, Electrabel vise aussi bien des implantations en Flandre qu’en Wallonie. Leur projet n’est cependant pas self-supporting, c’est pourquoi Electrabel demande un soutien supplémentaire au régime des certificats verts existants, par une levée de la limitation du plafond de 20 MW pour l’octroi de certificats verts.

    Vu l’importance du projet et les enjeux qui y sont liés, mon cabinet a rencontré des représentants d’Electrabel. Electrabel a pu faire une présentation de son plan biomasse-électricité, et la discussion qui s’en est suivie a permis de clarifier certains points fondamentaux du projet, tels que l’approvisionnement en combustibles, la technologie envisagée et encore les coûts des installations projetées.

    Comme je l’ai déjà évoqué précédemment, il convient de rester prudent par rapport à un paramètre important du mécanisme de soutien de l’électricité verte. Il s’agit du plafond de 20 MW de puissance pour l’octroi de certificats verts, décidée sous la législature précédente pour favoriser les installations décentralisées et de proximité, s’insérant dans le tissu socio-économique wallon. Par ailleurs, Electrabel n’est pas le seul investisseur présentant des projets de production d’énergies renouvelables. Il convient d’assurer un traitement équitable entre tous les opérateurs, dans le cadre d’un marché de l’électricité et de l’énergie qui fonctionne.

    Dans l’optique d’un mix électrique post-nucléaire et décarboné, de grandes installations de production d’électricité à partir de biomasse peuvent jouer un rôle dans l’équilibrage des flux d’électricité sur le réseau, car la biomasse se stocke relativement facilement. Il est évidemment essentiel, pour garantir la neutralité carbone, que la biomasse provienne de forêts gérées durablement et n’implique pas d’effets secondaires sur les changements d’utilisation du sol. Pour la biomasse importée, il faut également tenir compte des coûts logistiques liés aux différents modes de transport et de transbordement de la matière première.

    Mais il convient d’apporter une vision nuancée à ce constat. L’utilisation optimale de la biomasse est également une question essentielle dans le cadre de la stratégie d’énergies renouvelables à l’horizon 2020. En effet, cette ressource est certes renouvelable, mais également limitée. Il convient donc de l’utiliser avec parcimonie dans le cadre de l’objectif de tendre à 20% d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie, avec les apports respectifs de la part wallonne de l’éolien off-shore, des renouvelables dans le transport et de la chaleur issue de sources renouvelables. Sur ce dernier point, l’expertise menée par CapGemini a montré tout l’intérêt des utilisations ‘chaleur’ ou ‘cogénération’ de la biomasse, ce qui en limite la disponibilité pour des applications purement électriques. La conclusion est similaire en ce qui concerne l’emploi, et vous savez combien cet aspect me tient à cœur. Les filières de biomasse décentralisée et d’autres filières d’électricité renouvelable mènent à de plus importantes créations d’emploi.

    Comme convenu entre nous, nous maintenons le contact avec Electrabel, dès lors que les réflexions doivent se poursuivre sur l’ensemble des aspects que j’ai évoqués.