/

La garantie d'un approvisionnement suffisant en matière première à l'industrie de transformation du bois

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 538 (2011-2012) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 07/06/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    L’industrie et les emplois qui sont liés au secteur du bois sont vitaux pour l’économie wallonne. Concernant le secteur de la première transformation, FEDEMAR, la Fédération des exploitants forestiers, recense 117 entreprises et une centaine d’exploitants indépendants. Cela correspond à 850 emplois directs, près de 1.700 ouvriers indépendants et 200 emplois de transporteurs. Quant à la Fédération des scieries, elle compte près de 1.500 emplois directs et 200 emplois indirects. C’est une filière économique importante !

    C’est aussi un secteur diversifié, constitué principalement de PME et de TPE présentes dans des bassins où l’emploi est rare.

    Si en 1989, il y avait encore quelque 300 scieries actives en Belgique, elles ne sont plus que de 145 à l’heure actuelle. L’essentiel des scieries se trouve actuellement dans les provinces de Liège, de Namur et du Luxembourg.

    Parmi les scieries les plus touchées par le phénomène de la disparition, nous trouvons les scieries mixtes (feuillus et résineux) et les scieries de feuillus. Leur nombre a - suivant les renseignements du secteur des scieries - décru de 70 %, respectivement de 33 % lors des quinze dernières années. Cette évolution – quoique plus importante chez nous – peut être observée également en Suisse, en France ou en Allemagne.

    En même temps, on a pu observer une augmentation de la production des scieries. Cela traduit une évolution selon laquelle les petites scieries cèdent leur place à quelque grandes unités, dont la production dépasse 50.000 m³ par an (voir « secteur du sciage »).

    Cette observation doit cependant être nuancée suivant qu’il s’agit de scieries travaillant le résineux, le feuillus ou les deux. Actuellement, il reste en Belgique encore 60 scieries de feuillus et une vingtaine de scieries mixtes. Celles-ci chiffrent leur besoins en grumes à quelque 400.000 m³ par an, soit 43 % de moins qu’en 1989 (2009 : 47 % du peuplier, 34 % du chêne, 16 % du hêtre et 3 % d’autres essences).

    64 scieries belges de résineux font appel à quelque 3.3 millions m³ de grumes par an (2009 : 76 % de l’épicéa, 15.6 % de douglas, 5.5 % de mélèze, 2.9 % de pin ou d’autres essences), soit trois fois plus qu’en 1989. La mécanisation et l’automatisation des entreprises a permis d’augmenter la production tout en limitant le nombre de travailleurs dans le secteur.

    Le secteur des scieurs de feuillus est essentiellement caractérisé par des petites entreprises. En effet, 90 % de la production est réalisée dans des entreprises de ce secteur travaillent moins de 10.000 m³ par an et 51 % dans des entreprises travaillent moins que 5.000 m³ par an. Dans le secteur des scieurs de résineux, on observe une tendance inverse. En effet, si 82.7 % de la matière première sont travaillés dans 13 % des entreprises, dont la production annuelle dépasse 50.000 m³, elles sont 64 % des entreprises qui travaillent moins que 5.000 m³ par an (soit 4 % de la production totale).

    La création de valeur ajoutée dans le secteur du feuillus (volume de 40.000 m³/an) se focalise en Wallonie sur la production d’emballage (17%), des avivés et frises (36%), les équaris (28%) ou les plots ou autres produits (19%). En Flandre, les 130.000 m³ sont à l’origine d’emballage (72 %), des avivés et frises (9 %), les équaris (10 %) ou les plots ou autres produits (9%).

    La valorisation du résineux est plus différenciée : 31 % sert à produire des voliges, du bois d’emballage et de coffrage, 23 % à du bois de charpente, 11 % à du lamellé-collé, 11 % à du bois de fermette industrielle, 11 % du bois d’ossature et 13 % à d’autres produits. Pour ce qui concerne la préparation du résineux à des usages au-delà de la première transformation, retenons qu’en 2009, un volume de 800.000 m³ (soit 44% du volume scié) est séché (1989 : le volume séché n’était que de 6 %), 25 % du volume est imprégné par trempage, 22 % raboté, 6 % profilé. Cela traduit une capacité technique du secteur de la première transformation de se lancer dans une deuxième transformation, visant la création en Wallonie d’une valeur ajoutée plus intéressante – pour autant que les conditions commerciales donnent des marges au moment de l’achat de matière première.

    La capacité du secteur belge de feuillus à se lancer dans de nouveaux produits est limitée par le manque de main d’œuvre qualifiée, par le manque de disponibilité en grumes de qualité et par les conditions commerciales au moment de l’achat de la matière première. Seulement 6.1 % de feuillus sont séchés, 2 % sont rabotés et 0.1 % imprégnés par trempage. Comparé à 1989, où encore quelque 70.000 m³ étaient séchés, le volume de feuillus séchés n’est plus que de 10.000 m³ environ – alors que près de la moitié des scieries sont équipés d’un séchoir. Cette évolution traduit que le secteur du sciage du feuillus est en recul progressif alors qu’il pourrait devenir un facteur de création d’emploi si on l’aide à redevenir compétitif sur le plan international.

    Les scieurs attendent de l’autorité publique qu’elle les aide en matière de sécurité d’approvisionnement en bois, et ce, à des prix raisonnables.

    Les scieurs de feuillus s’approvisionnent à raison de 88.7 % et les scieurs de résineux à raison de 79.9 % en Belgique (cfr. secteur du sciage). Le reste de l’approvisionnement se fait au départ de la France, de l’Allemagne, des Pays Bas et du Grand Duché, soit les pays limitrophes.

    En ce qui concerne les modalités d’approvisionnement, les scieurs se plaignent de difficultés auxquelles ils doivent faire face en Belgique et en particulier en Wallonie. En Belgique, l’achat du bois se fait soit sur pied (66%, essentiellement du résineux), soit auprès de marchands de bois (34%, dont la moitié du feuillus, et l’autre moitié du résineux).

    Tandis que certains scieurs se plaignent de la taille des lots formés en forêt soumise (souvent considéré comme trop volumineuse pour le besoin annuel), ils s’orientent vers les propriétaires privés où ils achètent le bois sur pied. Il est – selon le secteur – rarissime que plusieurs scieurs s’associent pour acheter une coupe. D’autres « fuient les contraintes administratives (état des lieux de la coupe, permis d’exploitation ....) » et regrettent que la période de la coupe soit imposée.

    En forêt soumise, plusieurs formes de vente existent : au rabais, par soumissions cachetées, de gré à gré ou aux enchères – les deux premières étant plus fréquentes que les autres. Assez souvent, les candidats-acheteurs de bois doivent déposer plusieurs soumissions pour être sûr de disposer de matière première suffisante pour couvrir le besoin de l’entreprise. Le cas échéant, ils prennent le risque d’être sur-approvisionné si toutes leurs offres étaient acceptées.

    Quel que soit le mode de vente de bois, il est ouvert à tout candidat-acheteur, belge ou pas. Par ailleurs, les conditions d’achat sont les mêmes, sans aucun avantage pour les entreprises belges (wallonnes). Ce n’est pas le cas partout en Europe.

    En effet, « dans les pays voisins, les scieurs allemands ou français bénéficient de contrats d’approvisionnement » (cfr. secteur du sciage), bénéficiant ainsi d’une marchandise à prix compétitifs. Ceci est évidemment de nature à provoquer des avantages dans le chef des entreprises allemandes ou françaises, tandis que les entreprises belges s’exposent à la concurrence internationale sans aucune protection ni de l’entreprise, ni de l’emploi qu’elle génère. Jusqu’à présent, le SPW a refusé d’opter pour un système de vente comparable à celui qui est de pratique courante en Allemagne ou en France.

    Cela ne provoque pas seulement une hausse des prix du bois belge ou wallon, mais aussi une augmentation des coûts de transport dans la mesure où les entreprises belges doivent s’approvisionner dans un rayon plus grand. Actuellement, le rayon d’approvisionnement des scieurs wallons est de l’ordre de 70 à 100 km (ou de 130 km pour les scieurs flamands) suivant qu’il s’agit de s’approvisionner en résineux ou en feuillus.

    Parmi les facteurs qui renforcent les difficultés d’approvisionnement, citons d’abord que le bois ne sert pas exclusivement à alimenter les scieries mais aussi d’autres industries. Dans la mesure, où celles-ci recourent à la matière première constituée d’écorces, de sciures, des plaquettes, les dosses ... cela ne présente pas de difficulté dans la mesure où les entreprises ne sont pas des concurrentes entre elles. Par contre, si ces entreprises recourent à une matière première constituée de troncs d’une haute valeur, voire d’un potentiel élevé à servir à des fins nobles, la question se pose différemment.

    Citons, parmi d’autres, l’achat de bois par des concurrents, qui peuvent le valoriser à des conditions tarifaires plus favorables que les entreprises wallonnes, et le développement de la filière bois-énergie.

    Outre les applications classiques, le bois est une matière première de plus en plus appréciée dans la construction. Ses capacités en tant qu’isolant thermique le qualifient de matériau de construction d’avenir. Les produits de l’industrie du bois doivent – comme d’autres produits dans d’autres secteurs – répondre de plus en plus aux exigences de la concurrence mondiale. En effet, nous voyons arriver sur le marché européen des produits fabriqués dans des conditions tarifaires telles que nos entreprises ont de plus en plus difficile à rester concurrentielles. Ne faut-il pas réorganiser le système de vente du bois de façon à « mieux protéger » nos industriels contre les aléas de la concurrence sauvage internationale qui fait grimper les prix de la matière première, alors que les prix pour les produits finis chutent à cause des conditions de travail sans comparaison avec notre installation tarifaire ? Rappelons à cet égard la réponse donnée par Monsieur le Ministre à une interpellation développée le 8 mars 2007 : « L’administration étudie actuellement avec la Fédération des scieries les moyens qui pourraient être mis en œuvre pour limiter l’exportation massive vers des pays comme la Chine, par exemple, tout en tenant compte évidemment de la réalité de notre marché. ... À la suite de cette étude, nous allons mettre en place un groupe de travail, pour en arriver à autre chose. ... Comment demain allons-nous faire évoluer ces outils pour rencontrer les objectifs économiques, d’emplois et environnementaux ? Je me soumettrai à une épreuve vérité. ».

    Réduire les émissions de gaz à effets de serre est une nécessité, réduire notre dépendance aux énergies fossiles est indispensable. Le subventionnement des chaudières biomasse par la Région wallonne, crée une demande par rapport à laquelle il va falloir donner satisfaction. L’utilisation du bois à une échelle industrielle à des fins énergétiques – chaîne courte par excellence – semble aggraver les pénuries et la surenchère au niveau de la matière première accentuant davantage la position difficile de nos entreprises sur le plan de la concurrence internationale. N’oublions pas que le bois prend des années pour grandir, mais qu’il se consume en quelques minutes. La production de pellets et les installations de cogénération fonctionnant sur la base du bois sont une filière en pleine expansion. En Région wallonne, les installations en marche ou en projet nous permettent d’estimer la future demande en bois de cette filière à des quantités supérieures à 1.000.000 de tonnes. La filière bois/énergie a toute sa place en Région wallonne. Néanmoins, il ne faut pas qu’elle devienne la filière principale. Il ne faut pas, pour des raisons économiques immédiates – augmentation des prix pétroliers et environnementaux à court terme, Kyoto et la réduction des émissions de gaz à effet de serre – mettre en péril un outil économique performant. « Avec mon collègue André Antoine, nous avons lancé un appel d’offres à quatre universités pour réaliser une étude sur les ressources en bois énergie dans notre Région. L’objet de cette étude était d’estimer les différents gisements de bois disponibles et d’apprécier la concurrence de cette matière entre les industries et le bois énergie. Nous disposons depuis maintenant quelques semaines des résultats finaux de cette étude. Même si l’étude est déjà plus que relevante, j’attends les résultats de ce groupe de travail pour savoir comment nous allons faire évoluer les outils. Autrement dit, va-t-on continuer à aider une filière qui ne représente qu’un intérêt relatif en termes d’impact environnemental ? » (réponse de Monsieur le Ministre à l’interpellation développée le 8 mars 2007).

    Le groupe Electrabel annonce l’investissement dans 6 à 8 unités de cogénération d’une puissance, chacune, de 200 MW et alimenté au départ de bois (importé pour une grande partie du Canada). La mise sur pied d’unités de cogénération de cet ordre de grandeur créera indubitablement une demande en matière première qu’il sera, en effet, impossible de gérer au départ de la seule production sylvicole belge ou wallonne. Mais elle nous confronte aussi avec le risque que la pénurie du bois-matériau comme matière première soit encore renforcée – et ce au détriment des entreprises et des emplois qui existent dans ces filières. Il faudra donc être vigilant à conserver un équilibre entre le bois-énergie et le bois-matériau qui permet le développement de l’un sans mettre en péril la survie de l’autre.

    La forêt wallonne est une composante d’un massif forestier plus vaste. Le bois produit en Wallonie voyage à l’échelle européenne, comme des bois d’ailleurs sont importés chez nous. La quantité de matière première que l’on peut chaque année mettre sur le marché correspond au maximum au volume d’accroissement annuel du bois.

    « Notre ressource forestière a considérablement augmenté puisque, depuis l’adaptation en 1854 du Code forestier, la forêt a gagné plus de 100.000 hectares. Ce sont 100.000 hectares pour un total aujourd’hui de 544.000 hectares. En termes de surface et il y a une augmentation et surtout aussi en termes de volume. Cela veut dire que la production est plus importante au total qu’il n’y a un siècle et demi. Rien que sur les vingt dernières années, nous avons augmenté le volume total de bois sur pied de près de 21 % ... La disponibilité (en matière première) est de 4,4 millions de m3. L’utilisation de la matière première : papier et panneaux : 6 millions de m3; bois énergie, prévision en 2012; 2,2 millions de m3.» (réponse de Monsieur le Ministre à une interpellation développée le 8 mars 2007).

    Il s’agit donc de quantités appréciables, mais toujours limitées et, par ailleurs, fort sollicitées par les acheteurs venant de France ou d’Allemagne; ce qui traduit que dans ces pays, malgré que les scieurs allemands et français bénéficient de contrats d’approvisionnement, la matière première disponible ne suffit pas pour satisfaire les besoins du marché. Ce n’est donc pas un problème exclusivement wallon, c’est une question à se poser à l’échelle européenne.

    De plus, la mise en place de capacités trop importantes de transformation du bois – que ce soit dans le secteur des scieurs ou dans celui de la pâte à papier – accentue le manque de matières premières disponible à des prix qui risquent d’asphyxier nos entreprises.

    Nous devons poursuivre un double objectif en politique forestière, à savoir la valorisation de notre forêt au travers d’une approche économique et environnementale. Notre Région, qui entend mener une politique active en matière de développement durable, doit se soucier de ses forêts. Et pour assurer une gestion durable de ses forêts, mais également une économie durable, il est impératif p.ex. de limiter la mise sur le marché de la matière première à son rythme de renouvellement qui est l’accroissement annuel.

    Le développement de nos forêts permettra aussi de remédier au problème du réchauffement climatique. La production de biomasse peut être une forme de stockage de CO2 à long terme, pour autant que le CO2 ne soit pas libéré de façon immédiate après la coupe du bois. « La sylviculture doit donc favoriser une production de bois qui puisse être valorisée dans des utilisations stockant le carbone de façon durable. L’ameublement, la construction ... » (réponse de Monsieur le Ministre à l’interpellation du 8 mars 2007).

    Le scénario qu’il va falloir éviter est que le développement d’une filière entrave le développement des autres filières qui vivent toutes de la même matière première. La question se pose tant pour les bois résineux que pour les feuillus.

    Ne faut-il pas augmenter la capacité de production de matières premières en augmentant progressivement les surfaces boisées ? À l’intérieur de la filière « biomasse-énergie », ne faut-il pas aussi encourager, voire accélérer le recours à d’autres combustibles que le bois, par exemple en développant – d’une façon prudente - une nouvelle forme de production agricole ? Ne faut-il pas mettre en place un triage plus performant, dès la vente des bois, réservant les bois qui en valent la peine à d’autres fins plus nobles de transformation qu’à des fins énergétiques ?

    De plus, toute une industrie s’est développée autour de ce qu’on pourrait appeler le « petit bois », c’est-à-dire l’exploitation des bois d’élagage. Or, les normes de plantation actuelles sont telles qu’il est difficile à l’heure actuelle pour ces entreprises de trouver de la matière première. Leur survie semblerait menacée.

    Nous avons très bien compris les raisons qui ont poussé le gouvernement à choisir la liste des essences « subsidiées ». Néanmoins, il est important d’assurer la gestion durable des forêts, c’est-à-dire une gestion qui assure un juste équilibre entre l’environnement, l’économie et le social.

    Au niveau environnemental et de la biodiversité, on pense bien entendu au maintien de toute une série d’essences indigènes, mais aussi au maintien de la biodiversité. Au niveau économique, on n’est pas sans savoir que de nombreuses communes tirent les moyens indispensables à leur survie de la forêt. Il est donc indispensable de garder une activité économique et un savoir-faire dans les métiers de la forêt, afin qu’à l’avenir, la forêt soit toujours génératrice de revenus. Au niveau social, le maintien d’un emploi local de qualité est indispensable dans les zones rurales.

    Un constat : la demande de bois dépasse ou va dépasser l’offre et le coût de la matière première va encore augmenter. La filière bois et la forêt wallonne sont confrontés à diverses problématiques comme :
    – la localisation d’une grande partie d’industries transformatrices du bois en dehors de la Wallonie;
    – la priorité à accorder aux aides en faveur de telle ou telle essence; et je sais que Monsieur le Ministre a déjà pris des mesures,
    – les possibilités d’agir en vue de limiter les exportations;
    – l’équilibre forêt-gibier;
    – les ressources ligneuses mal exploitées ou inexploitées;
    – l’accroissement de la part improductive de la forêt.

    Autre constat : la biodiversité et bien sûr de Natura 2000 et du programme LIFE ont un impact sur la production de la forêt. On sait combien la forêt et la biodiversité sont liées et importantes. Mais nous ne pouvons pas passer sous silence une préoccupation exprimée par certains représentants de la filière bois qui recommandent la plus grande prudence dans l’exécution de Natura 2000 et de certains projets LIFE, trop de territoires forestiers étant – selon eux - concernés, avec le risque que des mesures trop restrictives ne mettent à mal la filière bois.

    Alors, comment garantir à l’industrie de transformation du bois un approvisionnement suffisant en matière première ?

    Comment
    - inciter le consommateur à opter pour le bois (dans l’ameublement ou dans le bâtiment p.ex.) plutôt que de recourir à des matériaux de substitution ;
    - encadrer la vente de bois de façon telle que les entreprises wallonnes bénéficient, en termes d’approvisionnement, des mêmes conditions que leurs homologues allemandes ou françaises ;
    - respecter l’équilibre entre les différentes sous filières de la valorisation du bois de façon à ce que les filières du bois-énergie et du bois-matériau peuvent coexister sans provoquer une pénurie de matière première ;
    - développer l’emploi dans le secteur de la transformation du bois par le soutien des scieries encore trop petites pour se lancer dans le séchage, le rabotage, le traitement des bois ;
    - intensifier les efforts en matière de recherche et de développement afin de trouver de nouveaux débouchés et afin d’accélérer et d’orienter les innovations en cours ;
    - promouvoir les métiers du bois et le savoir-faire de la main d’œuvre qualifiée ;
    - respecter l’équilibre des surfaces réservés aux feuillus et aux résineux tel que garanti par le Code forestier et limiter les surfaces non productives ;
    - diversifier l’approvisionnement des entreprises en matière d’essences afin de réduire les risques liés aux aléas d’une seule espèce ;
    - assurer une production sylvicole de qualité tant par le choix des essences que par la pratique sylvicole favorable à la valorisation du bois (élagage à grande hauteur, protection contre les dégâts de gibier, écarts à la plantation suffisamment étroits) ?
  • Réponse du 26/06/2012
    • de DI ANTONIO Carlo

    Pour répondre de manière plus générale à la question, je tiens à rappeler que la Wallonie a mis en œuvre un outil, l’Office économique wallon du bois.

    Cette structure est opérationnelle depuis janvier de cette année.
    Elle était demandée depuis de nombreuses années par les acteurs de la filière.

    L’Office Economique Wallon du Bois sera chargé de construire et piloter une stratégie de développement du secteur, de l’amont à l’aval.

    L’office devra travailler avec l’ensemble de la filière forêt-bois pour en accroître la cohésion et l’efficacité, et en faire l’un des pôles majeurs de l’économie wallonne.

    C’est la raison pour laquelle, nous avons voulu que le conseil d’administration soit composé essentiellement des représentants des fédérations professionnelles.

    A la lecture des missions confiées par le gouvernement à l’office, l'honorable membre comprend que les nombreuses questions qu'il soulève seront étudiées dans les toutes prochaines semaines.

    Les missions sont :

    1. La coordination de la politique de développement économique du secteur du Bois, en soutenant et développant les activités existantes, en assurant la promotion d’activités innovantes, en valorisant les recherches appliquées et en développant des partenariats internationaux.
    Concrètement, dès ce mois de mars, a débuté une étude approfondie du montage d’une unité de traitement du bois à haute température en valorisant des sciages feuillus et résineux. De même, une étude a démarré concernant un éventuel centre de conditionnement de bois de construction articulé sur le classement « machine » pour mise en conformité et valorisation des bois de structure.

    2. La veille économique pour mettre à disposition l’information aux entreprises pour qu’elles puissent développer leur processus stratégique. La veille doit aussi permettre d’optimaliser les projets d’investissement et d’alerter les entreprises des événements pouvant avoir un impact sur l’activité du secteur, tant au niveau national qu’international.
    La question des approvisionnements sera analysée par rapport à l’état des ressources et sa disponibilité, à l’analyse des flux de matière alimentant les différents secteurs.
    Dès le début de sa mission, l’Office a pris l’initiative de trouver des solutions structurelles aux problèmes rencontrés par les scieries de feuillus.

    3. La mission de conseil et d’avis vis-à-vis du gouvernement. Certaines décisions peuvent avoir des conséquences directes et indirectes sur le développement micro et macro-économique des entreprises.

    4. La promotion et la sensibilisation au développement économique du secteur en identifiant les bonnes pratiques et en optimalisant l’action des opérateurs. Un ensemble d’actions de communication et promotion seront prévues.

    5. La valorisation économique des ressources forestières dans une optique de développement durable conforme au Code forestier.
    C’est d’ailleurs, dans ce cadre qu’une cellule d’aide à la petite propriété privée a été crée au sein de l’office.
    Sa mission sera de gérer les petites forêts privées (les propriétés privées de moins de 5 ha représentent 25 % de la surface forestière privée et appartiennent à 90 % du nombre de propriétaires privés), de sorte d’y mobiliser de façon optimum la production forestière sur ces surfaces.



    Indépendamment du futur travail de l’office, je peux déjà donner quelques informations complémentaires relatives aux questions de l'honorable membre.

    Spécialement pour les scieries feuillues qui connaissent une crise très grave actuellement comme dans les pays voisins, l'honorable membre insiste sur la solution consistant à conclure des contrats d’approvisionnement. Cette demande de contrats d’approvisionnement pour les feuillus ne fait pas l’unanimité au sein de la filière bois.

    Au niveau légal, la différence entre la Wallonie et la France par exemple est fondamentale. En France, le principe de l’adjudication publique pour les propriétaires publics coexiste avec la vente de gré à gré. En Wallonie, le gré à gré constitue un régime d’exception par rapport à l’adjudication publique. Au sein de l’Union Européenne, la libre circulation des biens reste un principe de base à l’encontre de toute mesure de protectionnisme.
    L'honorable membre insiste sur la conclusion de contrats à des prix raisonnables pour donner un avantage compétitif à nos industriels. Cela ne pourrait se faire qu’à des prix inférieurs aux prix du marché avec un manque à gagner pour les propriétaires publics dont les communes. Or l’évolution des prix des bois feuillus sur pied en euros constants est déjà défavorable pour ces propriétaires.

    Dans les bois bénéficiant du régime forestier, il existe un « contrat d’approvisionnement global ». Les volumes mis sur le marché sont relativement constants d’une année à l’autre : en résineux : 1 100 000 m³ et en feuillus (grumes et houppiers) : 510 000 m³

    Lors des 10 ans du Plan Bois-Energie et Développement Rural, j’ai rappelé que l’utilisation du bois pour la production d’électricité devait être réservée à des produits en fin de vie, des bois sans valeur industrielle ou des bois produits par des cultures dédiées hors-forêt.