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"les carnets d'épargne des Belges sont remplis"

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 628 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 21/06/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Les Belges sont les champions de l’épargne ! Quasiment 222 milliards d'euros se trouvent sur les carnets d’épargne. En période de crise, les Belges ont tendance à encore plus mettre de côté que d’investir. Corrigeons : certains Belges, car pour mettre de côté, il faut avoir de quoi mettre de côté.

    Le taux d’intérêt que cette épargne génère ne compense pas l’inflation. Les épargnants perdent donc en valeur nette.

    Se pose la question de savoir comment mobiliser l’épargne, comment la mobiliser en faveur d’investissements dans le secteur du logement et dans les énergies renouvelables ou dans l’URE.

    Ce serait nettement plus intéressant que l’épargne retourne dans l’économie réelle plutôt que de servir comme masse d’argent à des fins spéculatives.

    La politique de Monsieur le Ministre envisage-t-elle éventuellement de mobiliser l’épargne du citoyen en faveur de ce type d’investissements ? Est-elle efficace sous cet angle de vue ? Quelle est la proportion de l’épargne que la politique wallonne du logement et de l’énergie a pu mobiliser ?
  • Réponse du 12/07/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    L'honorable membre me réinterroge une nouvelle fois sur les incitants pour les particuliers à investir dans l’immobilier et dans l’utilisation rationnelle de l’énergie.

    Je le répète, ma position est très claire à ce sujet : je mets tout en œuvre pour inciter les particuliers à investir dans les travaux économiseurs d’énergie et dans l’immobilier. Depuis plusieurs années, les primes aux particuliers les encouragent à réaliser des travaux de salubrité et de performance énergétique dans les logements. J’ai dernièrement renforcé ce second pilier tout en le rendant plus attractif pour les bas revenus.
    C’est aussi dans cet objectif que je viens de lancer l’Ecopack, sous la forme d’un prêt à 0 % proposé aux ménages wallons. Cet Ecopack permet, depuis le 1er mai 2012, de financer des travaux de rénovation pour obtenir un logement moins énergivore, que l’on soit propriétaire occupant, propriétaire bailleur ou encore locataire. C’est dire si cette mesure est incitative pour de nombreux citoyens wallons car ils sont les premiers bénéficiaires de ces efforts qui ont aussi un impact non négligeable sur l’environnement.

    En termes d’investissement dans les énergies renouvelables, complémentairement aux efforts réalisés en vue des économies d’énergie, les récentes décisions du gouvernement en matière de certificats verts renforcent tout l’intérêt pour le particulier d’investir dans une installation photovoltaïque. Ce type d’installation, placé sur un logement performant énergétiquement, est un investissement plus que judicieux pour les wallons. Bon nombre d’entre eux l’ont déjà compris, il n’y a qu’à constater l’évolution fulgurante de ce marché pour s’en convaincre, en pleine expansion continue. Il y a vraiment dans ce secteur une possibilité d’investir intelligemment et de manière durable.

    Toutes ces mesures wallonnes étaient, jusqu’il y a quelques mois, efficacement renforcées par les déductions fiscales judicieusement mises en place au niveau fédéral. En effet, ajouter aux aides régionales la possibilité de bénéficier de larges déductions fiscales pour des investissements énergétiques avait incité de nombreux particuliers à consentir des efforts à ce niveau tout en y trouvant un placement particulièrement rentable.

    Je suis interloqué, au moment où l’on sait qu’il y a un enjeu énorme pour toute la Planète de lutter contre les effets de serre, de constater qu’en Belgique, le Gouvernement fédéral a préféré supprimer les soutiens fédéraux aux économies d’énergie. Je ne peux que désapprouver que le Gouvernement fédéral, qui a supprimé les aides fiscales pour les travaux économiseurs d’énergie et pour les investissements dans les énergies renouvelables, persiste dans sa position et ne revient pas sur cette décision malgré les nombreuses sollicitations émanant des citoyens. De surcroît, ces décisions sont prises dans un contexte de crise financière, comme le souligne précisément l'honorable membre. C’est d’autant plus paradoxal que ces investissements permettaient de mobiliser efficacement l’épargne des citoyens. Mais il faut encore rappeler que derrière ces investissements dans l’immobilier se trouve une masse considérable d’emplois non délocalisables, que le Gouvernement fédéral persiste à mettre en péril. Le risque de ce choix politique de court terme est donc d’inciter les citoyens à s’orienter vers des investissements moins rentables pour eux, mais également pour l’emploi local.

    D’autres initiatives pourraient toutefois être prises par le pouvoir fédéral, comme cela s’organise dans d’autres pays. En France, le déploiement du « Livret A » permet de largement mobiliser l’épargne, de manière sociale mais également rentable pour le citoyen. Ce livret d’épargne, défiscalisé, permet à l’état français de disposer de fonds importants, principalement utilisés pour financer le logement social. La Caisse des Dépôts prête aux organismes sociaux de l’habitat, aux Entreprises Sociales de l’Habitat, … des fonds indexés sur Livret A, à des taux privilégiés. Le Livret A est le placement d’épargne favori des français. Plus de 60 millions de Livret A sont ouverts, plus de 190 milliards d’euros de dépôts. Actuellement, le plafond de dépôt sur le livret A est de 15 300 euros (hors capitalisation des intérêts), mais le doublement de ce plafond des versements de 15 300 euros à 30 600 euros devrait y être rapidement appliqué.

    La création de ce type de placement de l’épargne belge répondrait à la fois aux difficultés budgétaires structurelles rencontrées par les régions en vue de financer l’indispensable création de logement social, tout en rassurant les épargnants que les crises financières récentes continuent d’inquiéter. Quand on constate les succès récents des bons d’état, on ne peut plus douter que cette initiative, appliquée chez nous, offrirait une nouvelle opportunité de soutien aux différentes mesures prises par le Gouvernement wallon pour soutenir activement l’investissement dans l’immobilier et singulièrement dans les travaux économiseurs d’énergie.

    Je réitère mon invitation à l'honorable membre à soutenir les initiatives prises par le Gouvernement wallon dans le cadre de l’Alliance Emploi Environnement, mais également à plaider auprès du pouvoir fédéral pour qu’il reconsidère favorablement l’opportunité de soutenir les citoyens dans leurs efforts d’investissements rentables financièrement, socialement et environnementalement tout en envisageant de déployer des formules de mobilisation de l’épargne.