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Le coût de la crise

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 229 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 21/06/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    D'après le Financial Times Deutschland qui cite IfW (Kiel Institute for World Economy): "L’Allemagne économise 15 milliards d'euros en 2011 et 2012".

    Explication : un taux d'intérêt plus bas que ce qu'il serait s'il n'y avait pas de crise.

    L'Allemagne retrouvera donc assez rapidement l'équilibre budgétaire.

    Plus rapidement que la Belgique (scénario 2015), ne bénéficiant pas des mêmes conditions de financement.

    Pour nous, le taux à 10 ans se situe du côté de 3,3 à 3,4% tandis que pour l’Allemagne, il est de 1.52 %, soit inférieur au taux d’inflation.

    Quel est l’impact de cette différence sur les exportations wallonnes vers l’Allemagne ?
  • Réponse du 06/09/2012
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Ce faible taux, auquel emprunte l’Allemagne, témoigne de la confiance des investisseurs dans les finances de ce pays. Il y aurait dès lors, de la part des investisseurs, peu de doutes sur la capacité allemande à lever des fonds sur le long terme pour couvrir ses dépenses. Les investisseurs considèrent dès lors, en prêtant à ce taux sur 10 ans, que l’activité économique allemande devrait permettre le financement de l’Etat sans devoir faire l’objet d’une imposition freinant son développement et donc sa capacité de contribution à long terme aux finances publiques. C’est dès lors un gage de confiance donné par les investisseurs à l’économie allemande.

    C’est une sorte de cercle « vertueux » qui se met en place pour l’Allemagne. En effet, c’est la bonne forme relative de son économie qui lui permet d’emprunter à des taux d’intérêt bas et ces taux vont ensuite contribuer à la diminution des coûts de financement de l’Allemagne ce qui, les dépenses diminuant, devrait impliquer une maîtrise du niveau de l’imposition pesant sur les entreprises et le travail.

    La compétitivité de l’économie allemande garantissant la santé financière de l’Etat est par conséquent récompensée par les investisseurs qui octroie à ce dernier des facilités de financement devant diminuer ses charges et, indirectement, celles des entreprises allemandes ce qui impliquerait in fine un renforcement de leurs compétitivités.

    Nos voisins d’Outre-Rhin étant le deuxième client de la Wallonie après la France, le dynamisme de l’économie allemande devrait profiter à nos entreprises. Cependant, cette situation devrait accroitre la domination économique de l’Allemagne en Europe et donc également sur la Wallonie pouvant impliquer des pertes de parts de marché pour nos entreprises.

    De manière plus globale, ce qui est le plus inquiétant dans les faits exposés dans la question n’est pas tant la différenciation de taux d’emprunt entre l’Allemagne et la Belgique mais le niveau du taux auquel emprunte l’Allemagne.

    En effet, le fait que l’Allemagne bénéficie de tel taux reflète le manque de confiance qui existe au niveau européen. Les investisseurs préfèrent prêter aux allemands quitte à perdre de l’argent en termes réels (c’est-à-dire en prenant en considération l’inflation) que de le placer autre part. Deux conséquences semblent découler de cette situation. Tout d’abord, la proportion de placements risqués ne cesse d’augmenter en Europe. Ensuite, les politiques d’investissement en Europe semblent écarter toute prise de risque afin de rencontrer un objectif de placement qui se résumerait à « limiter les dégâts ».

    Cette situation est bien sûr liée au contexte économique et politique de la zone euro qui n’arrive pas à trouver de solutions aux problèmes de l’euro et qui consiste en une monnaie commune partagée par des Etats ayant leur propre politique économique, fiscale et sociale. Tant que cette hétérogénéité perdure entre les pays et qu’une coordination et/ou une convergence beaucoup plus significative ne sont pas instaurées dans le domaine socio-économique, les différences de compétitivité risquent de s’amplifier dues notamment à l’augmentation des coûts de financement des pays dont l’industrie n’est pas concurrentielle. Une telle situation ne peut manifestement continuer.
    Même si cela devrait favoriser une diminution du prix de l’euro sur le Forex, le phénomène d’emprunt à taux négatif par certains Etats - dont a d’ailleurs récemment profité la Belgique - est représentatif des graves conséquences issues de la crise de la zone euro pour l’économie européenne et ses entreprises qui ont et devraient continuer à avoir de grandes difficultés à financer des projets d’investissement qui sont nécessaires au maintien de leur compétitivité.