La présence d'abeilles Melecta Luctuosa sur le site de la liaison Tihange-Tinlot

• Session : 2011-2012
• Année : 2012
• N° : 575 (2011-2012) 1

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• Question écrite du 29/06/2012

  • de CASSART-MAILLEUX Caroline
  • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine
  
  La presse a récemment relayé une position pour le moins surprenante de Natagora concernant la liaisonTihange/Tinlot… et sa volonté de suspendre les travaux entrepris il y a plus de 30 ans…
  
  En effet, il semblerait que le site installé dans le bois, à côté de la Nationale 684, soit riche en biodiversité. Et pour preuve, Natagora avance la présence d’abeilles Melecta Luctuosa. Cette abeille n’avait plus été aperçue en Belgique depuis 1971 … Bref, elle apparaît en petit nombre et de manière très localisée.
  
  Suite à cette observation, Natagora a lancé une pétition visant à protéger ce site en mettant un terme à toute idée de poursuite des travaux de la liaison Tihange-Tinlot.
  
  Monsieur le Ministre a-t-il reçu une demande allant en ce sens ?
  
  Pour un nombre considérable de citoyens, il n’est pas envisageable que l’apparition de cette abeille vienne mettre un frein à la construction de cette route attendue depuis plus de 30 ans… La sécurité et l’aspect économique qui y sont liés revêtent un aspect non négociable pour certains.
  
  Monsieur le Ministre peut-il me préciser sa position face à la demande de Natagora ? Des mesures spécifiques seront-elles prises afin de protéger un maximum la biodiversité observée ? Est-il envisageable de déplacer les insectes de ce site et de les réimplanter dans un lieu a priori plus adapté ?

• Réponse du 17/07/2012

  • de DI ANTONIO Carlo
  
  Les abords du premier tronçon de la liaison Tihange-Tinlot et les friches associées sont connues pour leur grande diversité biologique. On y trouve une grande variété de papillons, libellules, coléoptères, plantes, etc.
  
  Ce printemps 2012, M. Rousseau-Piot, membre de Natagora, a découvert la présence de l'abeille Melecta luctuosa le long d'une partie de la route N684. L'identification de l'abeille a été confirmée par le Professeur P. Rasmont (Université de Mons).
  
  Cette abeille est très rare, le dernier spécimen observé date de 1971 selon la Banque de Données Fauniques de Gembloux et Mons. Une observation plus récente a cependant été effectuée par un agent du Département de la Nature et des Forêts, M. Minet, en 2001 à Lavaux-Sainte-Anne (observation encodée dans la Banque de données du Département de l’Etude du Milieu naturel et agricole).
  
  L’espèce fait partie de l'annexe IIb de la Loi sur la Conservation de la Nature, c’est-à-dire qu’elle fait l'objet d'une protection stricte.
  
  Des agents du Département de l’Etude du Milieu naturel et agricole se sont rendus sur place le 26 juin dernier en compagnie de M. Rousseau-Piot et d'agents du cantonnement de Liège du Département de la Nature et des Forêts (dont l'ingénieur). Ils ont pu visiter le site d'observation des abeilles. Celui-ci est situé sur un talus de remblais posé sur l'assise de l'ancienne route.
  
  De cette visite, des échanges de vues avec M. Rousseau-Piot et vu la biologie des espèces concernées, il apparaît que la pérennité des populations n'est pas menacée directement par l'établissement de la route. Rien n'indique que la reprise des travaux constitue une menace pour les espèces en question. En revanche, la dynamique naturelle de recolonisation végétale des talus risque de compromettre leur avenir. Il n'est pas imaginable de déplacer les populations de ces insectes. Dès lors, le Service public de Wallonie prendra des mesures d'aménagement et d'entretien de ces talus pour favoriser les abeilles sur base de l'expertise rendue par le Département de l’Etude du Milieu naturel et agricole. Ces aménagements se feront en fonction des impératifs de sécurité car des éboulements ont eu lieu sur les talus les plus pentus.