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Les poussières et les particules fines

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 880 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 05/07/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    La question par rapport à laquelle je souhaiterais avoir une réponse est de savoir s’il y a des mesures régulières qui sont faites en matière des émissions de poussières et de particules fines générées le long des autoroutes et les routes régionales.

    La question se pose dans un double intérêt : d’une part, elle concerne directement les risques de santé auxquels les riverains s’exposent, d’autre part, elle concerne indirectement la santé par l’intermédiaire des denrées alimentaires produites dans les champs et jardins le long desdites autoroutes et routes.

    Prenons à titre d’exemple une des autoroutes les plus fréquentées, à savoir le tronçon qui relie Liège et la frontière allemande.

    Je suis régulièrement interpellé par des riverains qui se plaignent de nuisances diverses.

    A-t-on organisé une étude épidémiologique examinant l’état de santé de la population riveraine le long de cette autoroute et l’impact que peuvent avoir les émissions décrites ?
  • Réponse du 21/09/2012
    • de HENRY Philippe

    Je rejoins l'honorable membre sur l’importance de caractériser finement la pollution de l’air et notamment de discriminer les différentes sources – background interrégional, trafic proche, chauffage, industrie… - au sein de cette pollution, et ainsi les risques y afférents. Mon administration développe à cet effet des campagnes de mesure ainsi que son réseau télémétrique.

    Au sein du réseau de stations fixes (dit « réseau télémétrique ») assurant un suivi en temps réel de l’évolution de la qualité de l’air sur le territoire régional pour différents paramètres, 23 stations sont équipées d’un moniteur GRIMM permettant le suivi des concentrations de l’air en PM 1 (particules dont le diamètre est inférieur à 1 µm), PM 2.5 et PM 10 . Aucune de ces stations n’est située actuellement directement aux abords d’une autoroute. Néanmoins, toutes les stations sont influencées de façon plus ou moins importante par le trafic, selon la plus ou moins grande proximité des axes routiers et les conditions météo. Les stations de Corroy-le-Grand et de Mons) se situent toutes deux à moins d’un kilomètre d’une autoroute (E411 et E42). La liste complète des stations et leur localisation est disponible sur le site suivant : http://airquality.issep.be.

    Afin de parvenir à caractériser la pollution, il est prévu de mesurer certains traceurs spécifiques à l’avenir. Au niveau du trafic, l’AWAC s’est ainsi dotée récemment d’analyseurs dits « Black Carbon », dont trois pour le réseau télémétrique, afin de mesurer la concentration d’un traceur spécifique de la combustion du gasoil dans l’air, à savoir le carbone élémentaire. A titre d’exemple, un autre marqueur, le levoglucosan, permettra de quantifier quant à lui l’impact du chauffage au bois sur la concentration en particules fines dans l’air.

    Outre les stations fixes, un réseau de stations mobiles a été mis en place afin de caractériser des situations particulières. Parmi celles-ci, un suivi de 4 mois, s’étalant du 6 février au 11 mai 2012, en bordure de l’autoroute E411, vient de se terminer. Les mesures sont actuellement en phase de traitement et d’analyse. L’objectif sera de mieux cerner la pollution due au trafic non loin d’une autoroute. Au cours de cette campagne, les analyseurs Black Carbon ont été utilisés.
    En outre, certains prélèvements seront analysés par microscopie à l’ULg afin d’analyser la composition exacte des particules récoltées sur les filtres. Une fois les analyses réalisées, un rapport de cette campagne mobile sera rendu public sur le site mentionné ci-avant et pourra alimenter la réflexion environnement-santé.

    La CPES ne dispose pas d’informations sur l’impact de la pollution atmosphérique sur la qualité des denrées alimentaires mises sur le marché. Je rappelle que le contrôle de la qualité sanitaire des denrées alimentaires, produites en dehors de la sphère privée, est une compétence fédérale exercée par l’AFSCA (Agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire).
    Concernant l’impact des retombées atmosphériques de proximité sur la qualité des sols et des légumes produits dans les jardins potagers, une étude POLLUSOL 2 coordonnée par SPAQuE - permettra de dresser une cartographie des pollutions ; toutefois, elle ne couvre pas à ma connaissance les retombées atmosphériques liées au trafic.
    Par ailleurs, il n’existe pas d’étude épidémiologique réalisée en Wallonie concernant l’impact à long terme de la concentration de particules fines sur la santé de l’homme vivant à proximité de zones de trafic. Par contre des études ont été réalisées réalisée le long de routes principales ou d’autoroutes (1) et (2) en Rhénanie/Nord-Westphalie. Dans cette étude, un taux plus élevé de maladies cardio-pulmonaires attribuable au fait d’habiter à moins de 50 mètre d’une rue à fort trafic a été mis en évidence chez les femmes de plus de 55 ans.



    (1) http://www.airvia.fr/pollution-et-sante/consequence-des-particules-fines-et-du-trafic-automobile-sur-la-sante.php
    (2) Heinrich J et al. Long-term exposure to ambient air pollution and cardiopulmonary mortality in women. Epidemiology, 2006, 17 : 545-551