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L'étude menée sur le suicide en Wallonie

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 168 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 09/07/2012
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances


    La Région wallonne finance une recherche coordonnée par l’Association interrégionale de guidance de la santé, l’AIGS.

    Cette recherche est destinée à expliquer scientifiquement l’incidence élevée du suicide élevé en Wallonie.

    L’objectif de cette étude est de permettre aux autorités d’ajuster les dispositifs en place et de les faire davantage correspondre aux besoins.

    Madame la Ministre peut-elle préciser l’échéancier de cette recherche ? Peut-elle faire part de premiers résultats ?

    Dans le cadre dans la prévention sur le suicide, Madame la Ministre précisait en Commission (19 juin dernier), que l’une de ses priorités était : «  la sensibilisation, l’information et la formation des professionnels dont les généralistes qui sont l’un des piliers de la prévention du suicide ».

    Madame la Ministre peut-elle développer ce point ? Quels sont les moyens et méthodes utilisées afin de :
    - sensibiliser ;
    - informer ;
    - former ?
  • Réponse du 24/07/2012
    • de TILLIEUX Eliane

    Une subvention facultative est octroyée à l’AIGS pour la réalisation de la recherche.

    Un rapport d’activités nous est parvenu le 15 novembre dernier. L’objectif de l’étude consistait à identifier les facteurs permettant d’expliquer l’origine des différences de taux de suicide entre les régions.

    Dans une première phase, il a été question d’établir des comparaisons entre la Wallonie, la Flandre et les Pays-Bas. La deuxième phase analysait les relations entre les variables retenues et taux de suicide.

    Les éléments importants à retenir sont les suivants.

    a) Les données chiffrées

    - 700 décès par suicide par année en Wallonie;
    - taux 22% plus élevé qu’en Flandre et 126% plus élevé qu’aux Pays-Bas.

    b) Les facteurs explicatifs du suicide

    Au niveau des facteurs de risques :
    - l’existence d’antécédents suicidaires (pensées, comportements, …) ;
    - les problèmes de santé mentale en général.

    Au niveau des facteurs de protection :
    - la recherche d’aide formelle (professionnelle) ou informelle (famille, entourage) pour des problèmes psychiques ;
    - les attitudes de la population vis-à-vis du suicide (stigmatisation).


    c) Les déterminants de la recherche d’aide

    Des obstacles structurels : l’accessibilité aux soins de santé mentale (physique, financière,…).

    Des obstacles socio-cognitifs : la stigmatisation (sentiment de gêne ou de honte quand il est question de rechercher de l’aide pour des problèmes psychiques), le manque de connaissance de l’offre de soins, etc.

    Face à ces constats, j’ai chargé l’AIGS de poursuivre la recherche en 2012 avec une attention sur les éléments suivants :
    - l’investigation du rôle des variables socio-démographiques et économiques dans les différences interrégionales ;
    - l’analyse des déterminants de la recherche d’aide informelle ;
    - la mise en œuvre des bonnes pratiques et l’évaluation des résultats.

    J’ai en outre renforcé et initié des mesures spécifiques, afin de donner au secteur les moyens nécessaires pour une intervention efficace.
    Parmi elles, l’ASBL « Un Pass dans l’Impasse », subventionnée par la Wallonie, constitue un dispositif spécialisé en matière de prévention et d’accompagnement du suicide. Une prise en charge rapide est assurée par des professionnels spécialisés.

    Cette asbl, vouée à désamorcer la crise et à accompagner les personnes et les professionnels concernés directement et indirectement par la question du suicide, travaille en étroite collaboration avec l’ensemble des acteurs de la santé, tels les médecins généralistes, les hôpitaux, les services de santé mentale, etc. Cette asbl assure, ainsi, un rôle phare en termes d’information et de formation. Par ailleurs, la Wallonie agrée et finance également cinq Centres de Télé-Accueil. Bien sûr, les services de première ligne, représentés notamment par les médecins généralistes, constituent des partenaires privilégiés.

    Au-delà d’assurer le soutien nécessaire à l’ensemble de ces services, un Centre de Référence Spécifique consacré à la question du suicide verra prochainement le jour. Nous attendons l’avis du CWASS pour poursuivre la procédure de reconnaissance. Pour rappel, le Code wallon de l’Action sociale et de la santé assigne à cette structure les missions suivantes :
    - appui aux acteurs du secteur;
    - observatoire des pratiques;
    - recherche;
    - concertation;
    - information;
    - formation.

    A noter que la reconnaissance se fonde sur une subvention annuelle de 100 000 euros.

    Ce Centre ne pourra solutionner à lui seule cette question de société. Il devra donc s’inscrire dans un réseau, comprenant les initiatives des différents niveaux de pouvoir mais aussi les autres structures régionales (services de santé mentale, centres de télé-accueil,…). Le cadre décrétal relatif aux services de santé mentale leur permet de consacrer du temps de travail pour sensibiliser et informer les médecins généralistes notamment.

    Outre ces diverses initiatives, la Région contribue à la déstigmatisation des troubles de la santé mentale en s’impliquant dans diverses actions cibles, telles que la journée internationale francophone de la prévention du suicide, la Semaine Antistress et le Reintegration Award.