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Les poussières et particules fines

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 170 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 10/07/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances

    La question par rapport à laquelle je souhaiterais avoir une réponse est de savoir s’il y a des mesures régulières qui sont faites en matière des émissions de poussières et de particules fines générées le long des autoroutes et les routes régionales.

    La question se pose dans un double intérêt : d’une part, elle concerne directement les risques de santé auxquels les riverains s’exposent, d’autre part, elle concerne indirectement la santé par l’intermédiaire des denrées alimentaires produites dans les champs et jardins le long desdites autoroutes et routes.

    Prenons à titre d’exemple une des autoroutes les plus fréquentées, à savoir le tronçon qui relie Liège et la frontière allemande.

    Je suis régulièrement interpellé par des riverains qui se plaignent de nuisances diverses.

    A-t-on organisé une étude épidémiologique examinant l’état de santé de la population riveraine le long de cette autoroute et l’impact que peuvent avoir les émissions décrites ?
  • Réponse du 24/07/2012
    • de TILLIEUX Eliane

    L’Agence wallonne de l’Air et du Climat (AWAC) est bien consciente de l’importance de caractériser finement la pollution de l’air et notamment de discriminer les différentes sources – background interrégional, trafic proche, chauffage, industrie… - au sein de cette pollution, et ainsi les risques y afférents. Elle développe à cet effet des campagnes de mesure ainsi que son réseau télémétrique.

    Au sein du réseau de stations fixes (dit « réseau télémétrique ») assurant un suivi en temps réel de l’évolution de la qualité de l’air sur le territoire régional pour différents paramètres, 23 stations sont équipées d’un moniteur GRIMM permettant le suivi des concentrations de l’air en PM 1 (particules dont le diamètre est inférieur à 1 µm), PM 2.5 et PM 10. Aucune de ces stations n’est située actuellement directement aux abords d’une autoroute. Néanmoins, toutes les stations sont influencées de façon plus ou moins importante par le trafic, selon la proximité plus ou moins grande des axes routiers et les conditions météo. Les stations de Corroy-le-Grand (TMNT02) et de Mons (TMMO01) se situent toutes deux à moins d’un kilomètre d’une autoroute (E411 et E42). La liste complète des stations et leur localisation est disponible sur le site suivant : http://airquality.issep.be.

    Afin de parvenir à caractériser la pollution, il est prévu de mesurer certains traceurs spécifiques à l’avenir. Au niveau du trafic, l’AWAC s’est ainsi dotée récemment d’analyseurs dits « Black Carbon », dont trois pour le réseau télémétrique, afin de mesurer la concentration d’un traceur spécifique de la combustion du gasoil dans l’air, à savoir le carbone élémentaire. A titre d’exemple, un autre marqueur, le levoglucosan, permettra de quantifier quant à lui l’impact du chauffage au bois sur la concentration en particules fines dans l’air.

    Outre les stations fixes, un réseau de stations mobiles a été mis en place afin de caractériser des situations particulières. Parmi celles-ci, un suivi de 4 mois, s’étalant du 6 février au 11 mai 2012, en bordure de l’autoroute E411, vient de se terminer. Les mesures sont actuellement en phase de traitement et d’analyse. L’objectif sera de mieux cerner la pollution due au trafic non loin d’une autoroute. Au cours de cette campagne, les analyseurs Black Carbon ont été utilisés. En outre, certains prélèvements seront analysés par microscopie à l’ULg afin d’analyser la composition exacte des particules récoltées sur les filtres. Une fois les analyses réalisées, un rapport de cette campagne mobile sera rendu public sur le site mentionné ci-avant et pourra alimenter la réflexion environnement-santé.

    La CPES ne dispose pas d’informations sur l’impact de la pollution atmosphérique sur la qualité des denrées alimentaires mises sur le marché. Le contrôle de la qualité sanitaire des denrées alimentaires est une compétence fédérale exercée par l’AFSCA (Agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire).

    Concernant l’impact des retombées atmosphériques de proximité sur la qualité des sols et des légumes produits dans les jardins potagers, une étude POLLUSOL 2 coordonnée par SPAQuE permettra de dresser une cartographie des pollutions ; toutefois, elle ne couvre pas à ma connaissance les retombées atmosphériques liées au trafic.

    Venons-en à l’état des connaissances quant aux impacts sanitaires de la pollution atmosphérique liée au trafic. Il n’existe pas d’étude épidémiologique réalisée en Wallonie concernant l’impact à long terme de la concentration de particules fines sur la santé de l’homme vivant à proximité de zones de trafic. Par contre, des études ont été réalisées le long de routes principales ou d’autoroutes1,2 en Rhénanie/Nord-Westphalie.

    Dans ces études, un taux plus élevé de maladies cardio-pulmonaires attribuables au fait d’habiter à moins de 50 mètres d’une rue à fort trafic a été mis en évidence chez les femmes de plus de 55 ans.

    Par ailleurs, suivant une étude épidémiologique française menée en 2003-2004 sur les cancers et leucémies de l’enfant3, une association a été mise en évidence entre la leucémie infantile et les indicateurs de proximité4 et densité de trafic, ainsi qu’entre la leucémie infantile et les concentrations de NO2. Les mêmes tendances ont été constatées selon le statut urbain ou rural du lieu de résidence, même si l’association était légèrement plus marquée en zones urbaines. Ces résultats, s’ils appellent à des études complémentaires prenant en compte les expositions au trafic routier notamment durant la vie entière et à d’autres émissions liées à la circulation routière, doivent également alimenter notre réflexion quant à la politique de mobilité et d’aménagement de notre territoire.


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    1 http://www.airvia.fr/pollution-et-sante/consequence-des-particules-fines-et-du-trafic-automobile-sur-la-sante.php
    2 Heinrich J et al. Long-terme exposure to ambient air pollution and cardiopulmonory mortality in women.Epidemioloy,2006,17 : 545-551
    3 Etude ESCALE. Amigou A, Sermage-Faure C, Orsi L, Leverger G, Baruchel A, Bertrand Y, et al. 2010. Road Traffic and Childhood Leukemia : the ESCALE Study (SFPCE). Environ Helth Perspect:-.doi:10.1289/ehp.1002429 (abstract en EN : Voir synthèse en française sur http://www.iewonline.be/spip.php?article3925
    4 la présence d'une route à fort trafic à 500 m ou moins du lieu de résidence, en comparaison de l'absence d'une telle route dans les 500 m dans la même zone (OR = 2,0; 1,0-3,6), le risque de leucémie LA croissant significativement avec la longueur totale de route à grande circulation à 500 m ou moins