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La bigorexie

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 173 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 11/07/2012
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances

    La bigorexie est une maladie qui a été reconnue officiellement par l’OMS il y a un an. Il s’agit de l’addiction psycho-physiologique au sport.

    Il semblerait que, selon diverses études, 10 à 15% des personnes pratiquant un sport sont atteintes de cette addiction.

    Les symptômes sont multiples :
    - opinion altérée de soi ;
    - troubles du comportement alimentaire ;
    - auto persuasion de ne pas assez s’entraîner ;
    - déprime à l’idée de ne plus pratiquer son sport ;
    - le sport prend le dessus sur la vie sociale ...

    Madame la Ministre a-t-elle connaissance de cette addiction ? Celle-ci est-elle répandue en Wallonie ? Dispose-t-on d’informations sur le pourcentage de Wallons pratiquant un sport et qui sont atteints de cette addiction ?

    Cette addiction est en contradiction avec les constatations du monde médical qui n’a jamais connu autant de problèmes d’obésité ou de problèmes cardio-vasculaires liés au manque d’activité …

    Madame la Ministre a-t-elle des contacts avec ses homologues, flamand et fédéral, face à cette problématique de bigorexie ? Une action est-elle envisagée sur le plan régional ou national ? Dans l’affirmative, merci d’en préciser la teneur.
  • Réponse du 24/07/2012
    • de TILLIEUX Eliane

    Comme pour les assuétudes avec produits, l’excès et l’addiction au sport peuvent nuire à la personne, et ce, tant dans sa sphère psychique que sociale.

    Les premiers symptômes de la bigorexie sont particulièrement difficiles à détecter et tant que l’usager n’est pas demandeur, il reste très difficile d’anticiper une action.

    Cette dépendance au sport peut entraîner un repli sur soi, voire de la honte et ce, à l’instar d’autres dépendances. Cette addiction se distingue toutefois de certaines dépendances (alcool, drogue, sexe …) qui sont davantage dévalorisées et même stigmatisées.

    Les personnes souffrant de bigorexie ne sont pas plus enclines à utiliser des substances permettant d’améliorer les performances que les autres athlètes pratiquant un sport de manière aussi intensive. La seule différence qu’il peut y avoir entre une personne souffrant de bigorexie sous produits dopants est qu’elle recherchera la performance avec certaines limites. Les produits dopants imposent certaines contraintes en termes de prise et d’effets. Ils seront donc limités. Par opposition, les personnes n’utilisant aucune substance dopante seront plus fragiles car elles ne subiront aucun frein dû à l’usage lié à ces substances. Il y a donc lieu de ne pas faire l’amalgame entre bigorexie et dopage.

    Néanmoins, et comme pour toutes les assuétudes, il est nécessaire de mettre en place des dispositifs d’aide et de soutien. Il semble communément admis que l’aide en matière de dépendance sportive est essentiellement d’ordre psychothérapique.

    Plus largement, les projets à visée préventive ont également toute leur importance mais la Wallonie est seulement concernée par l’axe curatif. A ce titre, notre Région subventionne notamment des services d’aide et de soins spécialisés en assuétudes. Ceux-ci focalisent leurs actions sur le phénomène de l’addiction et non sur le produit. Les équipes multidisciplinaires sont en capacité de soutenir et d’accompagner les usagers pour s’émanciper de cette dépendance même si, à ce jour, seules de rares situations ont été portées à notre connaissance.

    Bien que ce phénomène ait été découvert dans les années 70, la littérature et les recherches scientifiques sur le sujet n’en sont encore qu’à leur début. Nous ne disposons pas de chiffres précis autres que ceux que vous évoquez, quant à l’ampleur du phénomène sur le territoire wallon.