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Les certificats verts et le coût engendré pour les ménages wallons

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 706 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 25/07/2012
    • de KAPOMPOLE Joelle
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Sur ce point, Vent de Raison développe un argumentaire qui m’interpelle. En effet, ils estiment que :

    « Concentrons-nous dans un premier temps rien que sur l’éolien. Rappelons que les exigences imposées aux fournisseurs en matière de quotité de renouvelable (37,9% en 2020 ?) ont pour effet que le prix du certificat vert (=CV) sur le marché voisine le montant de l’amende de 100€/MWh. Compte tenu de la validité de 15 ans de ces CV, la charge des ménages pourrait donc être de l’ordre de 450 x 15 = 6,75 milliards d’euros partir de 2020.
    Une analyse bilantaire des sociétés d’exploitation de centrales éoliennes nous apprend que le cash-flow est composé à raison de plus de 80% par les CV et que le délai de retour sur investissement propre (« return on equity »), dans l’hypothèse d’une quotité d’emprunt de 80% de l’investissement, est de moins de deux années lorsque la rentabilité énergétique de la centrale est maximale et de 7 années dans le cas où cette rentabilité est médiocre (Voir L’Avenir du 28 janvier dernier) Il en résulte que les calculs de l’ICEDD et repris par la CWAPE, concernant le payback de 12 ans, manquent de fondement. Le retour sur investissement réel de 1,5 à 7 ans selon le productible éolien implique que la période actuelle d’octroi des CV (15 ans) constitue bel et bien un cadeau d’au moins 8 années de CV à la filière éolienne, comparable au bénéfice exorbitant de l’outil nucléaire suivant la fin des amortissements et qui a donné lieu à la controverse de la « rente nucléaire ».
    Rien que pour les 4500GWh/an éoliens prévus à partir de 2020, le montant des sommes ainsi épargnées, correspondrait à 418 millions d’euros de non-amputation de pouvoir d’achat des ménages wallons.
    Comme les CV wallons sont attribués, en ce qui concerne l’éolien industriel, à raison de 1CV= économie de CO2 de 456kg, on devrait donc s’attendre à ce que la CWAPE réalise périodiquement une étude « technico-économique » détaillée à ce sujet. Car si on peut admettre la validité de l’équation précédente pour une éolienne en stand-alone, il n’en est rien pour l’éolien industriel dont la production intermittente est injectée dans le réseau et doit être régulée par des turbines à gaz qui fonctionnent loin de leur rendement optimum et sont dès lors caractérisées par une surconsommation de combustible et une émission supplémentaire de CO2 qui doivent être mis à charge de l’éolien industriel. Plusieurs études internationales montrent que ce phénomène est quantifiable et permettrait d’adapter le coefficient de modération du CV éolien. Cette adaptation permettrait de re-valoriser le coefficient de modération de la biomasse, grande richesse de la Wallonie, et qui ne représente pas les inconvénients de l’intermittence éolienne et constitue une source énergétique bien plus sûre et propre. ».

    Monsieur le Ministre partage-t-il cette analyse ? Estime-t-il que les solutions alternatives envisagées soient effectivement exploitables ?

    Très concrètement quel est le coût des CV depuis leur instauration? Quel est l'impact sur la facture de nos citoyens wallons?
  • Réponse du 17/08/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    J’ai déjà pu m’exprimer à de nombreuses reprises sur la prétendue rentabilité excessive de l’éolien, ainsi que sur le taux d’économie de CO2 qui est appliqué par la CWaPE. Je suis étonné que l'honorable membre relaie les arguments d’une association clairement anti-éolien et dont le seul objectif est de discréditer toute politique de soutien à l’éolien terrestre.

    L’analyse effectuée par cette association présente nombre de raccourcis qui induisent le lecteur en erreur. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer à ce sujet en réponse à la question n°477 de Monsieur le Député Claude Eerdekens.

    Concernant le coût de l’éolien en Wallonie, je rappelle que cette filière enregistre un bon rapport coût-efficacité ; en outre, la rentabilité des investissements en électricité verte, dont celle de la filière du grand éolien, est strictement encadrée par l’arrêté gouvernemental du 30 novembre 2006 et deux arrêtés ministériels. Les taux de rentabilité de référence des différentes filières y sont déterminés ; pour l’éolien, celui-ci s’élève à 8% compte tenu des paramètres liés aux risques spécifiques à cette filière (taux de base de 5% + 3% pour compenser ce risque technologique ; arrêté ministériel du 21 mars 2008). Il est tout à fait normal et même nécessaire que pour ces technologies, une rentabilité minimale soit assurée durant l’ensemble de la durée de vie de l’installation. Tous les experts en la matière vous confirmeront par ailleurs qu’un taux de rentabilité de 8% n’est certainement pas excessif.

    Quant à la question de l’efficience de l’éolien au regard des économies de CO2, je rappelle qu’une éolienne en fonctionnement substitue sa production d’électricité à la centrale thermique en fonctionnement à ce moment, qui n’est pas toujours celle qui a le meilleur rendement. Or, par principe de précaution, la CWAPE a pris comme référence, pour le calcul du CO2 évité, les émissions de CO2 de la meilleure technologie à combustible fossile disponible, la centrale turbine-gaz-vapeur.

    La base de données EcoInvent développée par le « Swiss Centre for Life Cycle Inventories », référence mondiale dans les données environnementales et faisant l’objet d’un large consensus scientifique, avance des chiffres prenant en compte le cycle de vie du gaz : extraction, transport, construction de la centrale et de tous les éléments qui entourent sa combustion. Selon cette base de données, il y aurait, rapporté au MWh de gaz brûlé par une centrale, une émission de 243,36 kg de CO2. En combinant cet élément avec un rendement classique pour une TGV de 55%, on obtient, par MWh électrique produit par une centrale à gaz, une émission de CO2 de 442 kg. En comparaison, les quelques grasses d’émissions de CO2 liés au cycle de vie de l’éolien sont marginaux. La réduction de CO2 par MWh éolien produit (456 kg) avancée par la CWaPE peut donc être validée.

    Enfin, l’impact des certificats verts sur la facture dépend intimement de la consommation d’électricité. A l’horizon 2020, où les quotas seront encore plus importants qu’aujourd’hui, l’impact tarifaire s’élèvera entre 0,03 euro et 0,04 euro/kWh.