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La problématique des lampes économiques

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 988 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 05/09/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité
    Le VIF vient de publier jeudi 02 août 2012 à 15h31 une info électrique : « Les rayons UV émis par les lampes économiques seraient aussi nocifs que le soleil ».

    Dans l’article, inspiré par Belga, nous trouvons l’info suivante : « Des scientifiques de la Stony Brook University de New York ont étudié in vitro, les effets des ampoules à incandescence classiques ainsi que des ampoules économiques (lampes fluocompactes) sur des cellules de peau saines. Il en ressort que les ampoules économiques provoquent des dégâts au niveau des fibroblastes, les cellules de la peau qui produisent le collagène et au niveau de la kératine, la protéine fibreuse présente dans l’épiderme, écrivent les chercheurs dans le journal scientifique Photochemistry and Photobiology. C’est par les petites fissurations dans la couche de phosphore que peuvent s’échapper deux sortes de rayons UV : les UV-A, les moins dangereux, et les UV-C, filtrés par l’atmosphère. Les dégâts sur la peau seraient comparables à ceux provoqués par les rayons UV du soleil.»

    C’est une info à prendre au sérieux – me semble-t-il. De ce fait, je voudrais savoir si Monsieur le Ministre a eu connaissance de l’étude citée ? S’agit-il d’une étude impartiale et non guidée par des intérêts économiques ? Monsieur le Ministre confirme-t-il les propos publiés ? Est-ce au Ministre de l’Environnement à en tirer les enseignements et les conséquences ou est-ce une compétence partagée avec d’autres : Ministre de l’Energie, de la Santé … ? Monsieur le Ministre compte-t-il informer le public qui, faisant foi au discours d’économie d’énergie, recourt auxdites lampes et s’expose à un risque jusqu’à présent inconnu ?

    L’article continue : « Outre le mercure, les ampoules contiennent encore d’autres substances toxiques, comme les retardateurs de flammes et toute une série d’autres substances cancérigènes qui se libèrent en cas de bris de lampe. La lumière artificielle est également jugée responsable de toute une série de problèmes de santé, comme les maux de tête, les migraines, la fatigue oculaire et les problèmes de concentration ». (Belga/TE)
  • Réponse du 21/09/2012
    • de HENRY Philippe

    Il revient aux autorités compétentes de prendre en considération l’état des connaissances – par nature évolutives – dans les politiques dont ils ont la responsabilité. En l’occurrence, la promotion de la santé et la médecine préventive relèvent de la compétence des communautés. Le niveau fédéral dispose d’une compétence résiduelle en matière de santé, et dans le cadre de normes de produits, peut notamment régler l’étiquetage des produits autorisés de mise sur le marché à l’attention des consommateurs. Au plan régional, les questions me paraissent plus directement en lien avec les compétences de mes collègues Ministres de l’Energie et de la Santé.

    Sur le fond, la Cellule permanente Environnement Santé du SPW (CPES) ne dispose pas de l’étude américaine évoquée par l'honorable membre. Il est cependant bien établi qu’aux rayons ultraviolets du soleil, pour lesquels les conseils de prévention abondent, s’ajoute le rayonnement de différents appareils dont des lampes. Dans une publication du Conseil supérieur de la santé du 1er octobre 2008 (1) rassemblant les avis émis sur les rayonnements non ionisants sur la période 2000-2008, celui-ci liste ainsi parmi les sources de rayonnement UV les lampes à décharge de basse pression (dont relèvent les lampes dites économiques), et les lampes à décharge de haute pression moins destinées à des usages domestiques. Les effets nocifs des ultraviolets sont rappelés par le Conseil supérieur de la santé : érythème aigu, kératite, conjonctivite, cataracte, photorétinite, vieillissement accéléré de la peau et cancer cutané. C’est eu égard aux risques d’une exposition excessive au rayonnement UV que le même Conseil, en 2000 déjà (2), avait formulé des recommandations en ce qui concerne les bancs solaires.

    En 2008, les experts du Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux (CSRSEN) institué auprès de la Commission européenne ont examiné les caractéristiques des lampes fluorescentes compactes (LFC) à basse consommation afin d’évaluer les risques sanitaires liés à leur utilisation.

    Le comité a conclu que la seule propriété des LFC qui puisse éventuellement représenter un risque supplémentaire est le rayonnement ultraviolet (et de lumière bleue (3)) émis par ces appareils, en cas d’exposition à la lumière de certaines lampes (à enveloppe simple) pendant de longues périodes et à moins de 20 cm de distance (4).

    Quant à d’autres effets, l’avis du CSRSEN mentionne la possibilité de migraines, voire de crises chez certains patients épileptiques du fait du scintillement (5) de certaines lampes (6), des maladies rétiniennes chez les patients sensibles, provoquées par la lumière bleue. Il considère qu’il existe suffisamment de preuves indiquant que l’utilisation de lampes fluorescentes compactes n’aggrave ni la dyslexie ni le syndrome de Meares-Irlen, c'est-à-dire des troubles de l’apprentissage se soldant par des difficultés à lire et écrire. Enfin, il n’exclut pas que la photophobie, une sensibilité anormale à la lumière, soit provoquée ou aggravée par différentes conditions lumineuses.

    En termes de communication vers le grand public, la Fondation contre le cancer s’est attachée aux risques des lampes halogènes; son analyse et des recommandations sont disponibles sur son site internet (7). Le site internet du SPF santé publique, sécurité de la chaîne alimentaire et environnement publie une fiche d’information sur les ampoules économiques, et aborde la question des risques relatifs aux ampoules économiques : mercure, rayonnement électromagnétique et émissions d’ultraviolets (8). Le SPF précise que c’est uniquement lorsque l’on se trouve pendant une longue durée sous la lampe, à moins de 20 cm de celle-ci (lampe de bureau, de chevet) que l’exposition aux UV approche la valeur limite d’exposition pour la santé humaine (9). Il conseille aux personnes présentant une sensibilité particulière à la lumière de maintenir une certaine distance par rapport à l‘ampoule, ou de se procurer une ampoule pourvue d’une enveloppe supplémentaire bloquant la plupart des émissions UV.



    (1) CSS 8433. Voir http://www.health.belgium.be/internet2Prd/groups/public/@public/@shc/documents/ie2divers/15954534_fr.pdf
    (2) CSH 5783
    (3) La lumière bleue est une lumière visible dans la bande bleue du spectre. La lumière bleue est notamment responsable de l'éblouissement causé par les reflets de la neige ou de l'eau. L'oeil exposé à la lumière bleue ne peut pas voir clairement.
    (4) Pour une synthèse en français : http://ec.europa.eu/health/opinions/fr/lampes-basse-consommation/index.htm#7. Avis complet en anglais : http://ec.europa.eu/health/ph_risk/committees/04_scenihr/docs/scenihr_o_019.pdf
    (5) L’intensité d’une lampe peut osciller ou « scintiller » lorsqu'elle est générée par un courant alternatif. Tandis que les lampes fluorescentes de technologie plus ancienne scintillaient fortement en raison du circuit électronique que nécessitait l’opération, la technologie actuelle a permis de minimiser le problème, à tel point que les LFC sont dites « sans scintillement »
    (6) Les effets n’ont pas été rapportés pour les lampes fonctionnant convenablement
    (7) http://www.cancer.be/index.php/lampes-halogenes-et-cancer/enonce-du-probleme/id-menu-4311.html
    (8) Voir http://www.health.belgium.be/eportal/Environment/Products/Electricalandelectronicequipme/energysavingbulbs/RadiationandUV/index.htm
    (9) 30 J/m2 pour une exposition répétée de 8 heures par jour. Une lampe économique émet environ 1 mW/m2 à une distance de 20 cm selon le site du SPF.