/

Les véritables chiffres sur la Wallonie

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2012
  • N° : 4 (2012-2013) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 12/10/2012
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Lors du discours de Monsieur le Ministre-Président, lors des Fêtes de Wallonie, un certain nombre de chiffres furent cités afin de tenter d'apporter la preuve de la réussite wallonne.
    Selon la presse, certains de ces chiffres relèvent plus d'une tentative désespérée d'embellissement ou d'une méthode Coué qui cache mal son nom.

    Lorsqu'il évoque les investissements étrangers en Wallonie, Monsieur le Ministre-Président précise qu'ils "se sont élevés à 8,3 milliards sur la décennie 2000-2011, générant près de 22.000 emplois" . En tentant de prendre de la hauteur, la presse signale que, selon un rapport du SPF affaires étrangères, sur la seule année 2010, l'investissement étranger en Wallonie avait été de 257 millions d'euros et de 2 milliards en Flandre ! Cette comparaison ne nous ramène-t-elle pas à une plus triste réalité ? Comment expliquer l'ampleur de cet écart et que le fossé ne se pas résorbe ? Ne vaut-il pas mieux voir la réalité en face pour l'affronter plutôt que d'idéaliser une vérité qui n'existe pas ou pas encore ?

    Concernant le chômage, Monsieur le Ministre-Président affirme que le taux wallon "a enregistré une réduction de 0,6 point de pourcentage entre 2004 et 2010, malgré la crise". En intégrant la crise et les chiffres récents, Monsieur le Ministre-Président aurait dû confesser que, si le taux de chômage était de 17,1% en 2004, il était toujours de 16,9% en août 2012, soit totalement catastrophique, ce malgré une administration du FOREM qui représente le plus gros budget de la Wallonie.

    L'amère réalité des chiffres n'impose-t-elle pas la remise en question des méthodes et l'aveu du constat d'échec ? Ne faut-il pas plus modestement reconnaître qu'on est loin des promesses émises plutôt que de se voiler d'un discours lénifiant qui risque d'occulter le fait que tout le travail reste à faire ? Les Wallons ne méritent-ils pas qu’on leur dise la vérité, fût-elle politiquement désagréable et électoralement pénalisante ?
  • Réponse du 25/10/2012
    • de DEMOTTE Rudy

    Il n’est pas dans ma culture de transformer la réalité, ni pour l’embellir ni pour la noircir.

    Les chiffres cités lors des fêtes de Wallonie sont donc simplement réels et consultables auprès d’organismes tels que l’IWEPS, l’Institut des Comptes Nationaux ou Eurostat.

    Par ailleurs, il n’a jamais été prétendu que la situation wallonne était satisfaisante face aux défis nouveaux qu’elle devait relever à savoir : les transferts de compétences, la réforme de la loi de financement et le contexte économique.

    C’est d’ailleurs, pour cette raison, que la dynamique Horizon 2022 a été lancée en vue d’amplifier et d’accélérer le redéploiement économique de Wallonie.

    Ceci étant, il est important que chacun fasse preuve de la même objectivité intellectuelle. Ainsi, on ne peut plus nier, aujourd’hui, qu’on observe un redressement en Wallonie.

    En effet, voici quelques années, de nombreux indicateurs étaient défavorables à la Wallonie alors, qu’aujourd’hui, ils affichent des taux de croissance semblables à ceux de la Flandre, qui n’est pas la région de comparaison la moins dynamique d’Europe.

    À cet égard, il est d’ailleurs important de pouvoir poser un constat ensemble pour ensuite se dire que la prochaine étape consiste à faire mieux pour combler le retard accumulé. C’est tout l’objectif de la dynamique Horizon 2022.

    En ce qui concerne plus précisément les éléments chiffrés mentionnés.

    Il convient d’abord, pour ne pas entrer dans une querelle de chiffres, mais pour inciter à ne pas mélanger des définitions et des concepts différents de mentionner, par exemple, que le taux de chômage cité de 11,4 % en 2010 en Wallonie, contre 5,1 % en Flandre, 8,3 % en Belgique et 9,6 % au niveau européen est une réalité.

    Tout comme, il est vrai que c’est en Wallonie que cette donnée a connu la plus forte baisse depuis 2004 : 0,6 point de pourcentage, contre -0,3 point en Flandre, une stabilisation au niveau belge (-0,1 point) et une augmentation à Bruxelles (+1,6 point).

    Ce constat aurait même pu être renforcé s’il avait été établi à partir de l’année 2011 où, la tendance est encore plus favorable à la Wallonie : entre 2004 et 2011, on observe que la Wallonie a connu la plus forte baisse de son taux de chômage (définition BIT) : -2,5 points de pourcentage, contre -1,1 en Flandre, -1,3 au niveau belge et une augmentation à Bruxelles (+1,2 point de pourcentage).

    Ceci, n’a cependant pas été fait, justement par honnêteté intellectuelle et ce, car un changement de méthodologie est intervenu en 2011 et aurait pu entacher l’exercice.

    Par ailleurs, les chiffres mentionnés dans la question de : 17,1 % en 2004 et 16,9 % en août 2012 sont également discutables du fait, qu’ils relèvent d’une définition administrative du chômage qui est fortement influencée par la réglementation et le suivi en vigueur au sein de chaque pays.

    Dès lors, seuls ceux cités, de l’ordre des 10 %, permettent réellement de répondre aux critères du Bureau international du Travail et peuvent être utilisés dans les comparaisons internationales.

    Enfin, concernant l’article de presse, mentionné dans la question et qui mettait en doute les chiffres du discours prononcé, il se base sur une étude relative au marché du travail menée, en 2012, par la KULeuven, Federgon et l’ONSS. Celle-ci était loin d’être négative pour la Wallonie. En effet, elle établissait que :

    « La Wallonie présente des caractéristiques d’un jeune marché du travail dynamique : avec des taux de création et de cessation d’entreprises élevés, mais aussi une forte création réelle d’emplois qui entraine donc le renforcement nécessaire de l’industrie et du service commercial wallons ».

    Elle ajoutait que « si un certain nombre de secteurs industriels tels que la chimie et le secteur pharmaceutique présentent une dynamique de l’emploi croissante, c’est surtout dans les services de soutien aux entreprises et le commerce que de nombreuses nouvelles entreprises et PME créent chaque année de nombreux emplois ».

    Et que : « la combinaison d’un important secteur public et d’un certain nombre de secteurs dynamiques dans l’industrie et le commerce a rendu le marché de l’emploi wallon très résistant ces dernières années. Même pendant la crise où il y a eu plus d’emplois créés que détruits, et pendant la reprise économique la forte dynamique de l’emploi se fait immédiatement ressentir ».

    Sa conclusion mentionnant que : « Prises dans leur ensemble, ces constatations témoignent d’une économie jeune avec un potentiel de croissance considérable ».

    Dès lors, dans ce cadre-là non plus, il n’y avait pas matière à dissimulation dans le discours prononcé, bien au contraire.

    Tous ces éléments, pour conclure, Monsieur le Député, que je suis conscient – et le gouvernement également que la Wallonie doit encore amplifier et accélérer son redéploiement économique.

    C’est notre objectif, notre priorité et mon obsession, réaffirmés dans tous mes discours et face à toutes les digressions.

    C’est la raison pour laquelle la dynamique Horizon 2022 a été lancée.

    Justement pour capitaliser sur les tendances de ces dernières années qui montrent indiscutablement des signes encourageants.

    Et ce, bien entendu, afin d’aller audelà et jusqu’à une totale prise en main de la Wallonie par elle-même et par les propres forces de la population wallonne.