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La priorité donnée à l'éolien public

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2012
  • N° : 31 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 18/10/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    La question qui fait hésiter les investisseurs publics à se lancer dans des projets éoliens n’est pas celle qui dit que cela ne les intéresse pas, mais bien assez souvent la question du mécanisme de financement.

    Si une éolienne a une rentabilité de 8 % en moyenne, cela nous signale que le temps de retour sur investissement est probablement trop long pour permettre aux communes de faire face à la fois aux besoins en termes de financement de l’ensemble des tâches classiques d’une commune et de dégager en plus des marges pour rembourser l’emprunt contracté comparé à une rentabilité de 8 %.

    « Actuellement, sur base des données des projets réalisés en Région wallonne, le coût d’1 MW éolien installé s’élève, en moyenne, à 1,6 million d’euros. L’investissement pour une éolienne de 2 MW est donc d’environ 3,2 millions d’euros; ce prix peut cependant varier quelque peu en fonction de circonstances locales et des conditions de vent de l’éolienne. 
    La rentabilité d’un projet éolien est fonction du rapport entre le prix de vente du kWh éolien et son prix de revient. Ce prix de revient se calcule sur base des données suivantes :
    - le coût d’investissement moyen est de 1,6 million d’euros / MW;
    - la durée de fonctionnement à puissance nominale d’une éolienne de 2 MW est en moyenne de 2.200 heures par an pour un site propice au développement éolien; la production généralement admise pour une éolienne de 2 MW est donc de 4.400 MWh par an;
    - le coût d’exploitation annuel moyen (maintenance, gestion, assurance, loyer, divers) se situe autour de 20 euros / Mwh;
    - les charges financières annuelles s’élèvent en moyenne à 15 euros / MWh (pour un emprunt représentant 80 % de l’investissement et un taux de 6,5 %);
    - la durée de vie économique d’une éolienne est comprise entre 15 et 20 ans.

    Les revenus procurés par l’éolienne proviennent de la vente de l’électricité produite et des certificats verts :
    le prix de l’électricité vendue par le producteur éolien se situe actuellement entre 25 et 35 euros / MWh ; ce prix varie selon divers paramètres (évolution du prix de l’électricité, décote appliquée par le fournisseur, durée du contrat entre le producteur et le fournisseur);
    pour l’électricité éolienne, un certificat vert est octroyé par MWh produit durant 15 années. Actuellement, le prix de revente du certificat vert s’établit autour de 85 euros (mais il peut varier à l’avenir).

    Sous ces conditions, on observe un taux de rentabilité de projet autour de 8 %. » (UVCW).

    Ne faut-il dès lors pas imaginer un mécanisme d’aide au financement favorable aux investisseurs publics dans la mesure où la Région wallonne interviendrait – au-delà du mécanisme des certificats verts financés in fine par le consommateur - dans le taux d’intérêt de l’opération de financement et de donner, par ce biais, une certaine priorité à l’investissement public ?

    Il me serait en effet beaucoup plus sympathique que le bénéfice de la technologie revienne dans les caisses publiques (contribuant à limiter la pression fiscale locale) plutôt que de partir dans quelques poches privées.
  • Réponse du 05/11/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    Le taux de rentabilité de référence pour l’éolien de 8 % est issu d’un arrêté ministériel datant de 2008. C’est ce taux de référence qui est utilisé par la CWAPE dans le cadre de ses propositions de facteurs ‘k’ de réduction les 5 dernières années d’octroi de certificats verts, ainsi que ses avis sur la durée d’octroi du prix minimum garanti lorsque la demande lui est faite.

    Le niveau de rentabilité suscité est applicable à tout porteur de projet éolien, qu’il soit d’initiative publique ou privée. En ce qui concerne l’investissement communal, le Gouvernement wallon a montré clairement fin 2011 qu’il souhaitait le soutenir à travers une incitation à l’ouverture des projets privés à concurrence de 24,99 %.

    Vu le niveau particulièrement bas des taux d’intérêt actuels, il semble que les facteurs dissuadant les communes de s’impliquer dans un projet éolien sont plutôt les suivants :
    - le décaissement des fonds propres, qui obère parfois lourdement la trésorerie communale ;
    - le risque lié à tout projet industriel (variation du vent, prix des CV, fiabilité du matériel) ;
    - l’importance de l’endettement à long terme.

    Pour trouver des solutions à ces écueils, les communes peuvent notamment s’appuyer sur une structure intercommunale qui peut venir en soutien tant au niveau financier que du montage du projet.