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Le coût de la décentralisation des unités de production d'électricité

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2012
  • N° : 65 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 24/10/2012
    • de BORSUS Willy
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Les GRD wallons ont publié des chiffres relatifs aux investissements nécessaires en vue de gérer le réseau suite au processus de décentralisation des unités de production d’électricité. En effet, en moins de dix ans, nous sommes passés de quelques dizaines de sites à plusieurs dizaines de milliers de sites de production.

    Quel est le coût sociétal induit par cette décentralisation ? Les chiffres avancés par les GRD wallons peuvent-ils être cautionnés par Monsieur le Ministre ?

    Quelle est l’analyse de Monsieur le Ministre face à ce coût sociétal induit par la décentralisation ? Est-ce socialement justifié et socialement supportable à ses yeux ?

    Par ailleurs, qui doit supporter financièrement ce coût sociétal ?
  • Réponse du 16/11/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    L’évolution des réseaux de distribution est un processus de longue haleine, car on vient d’une situation historique où les installations des gestionnaires de réseau distribuaient l’électricité de l’amont vers l’aval, c'est-à-dire depuis les grosses centrales électriques, vers les petits consommateurs, en passant de la haute vers la moyenne puis vers la basse tension. Le plan de tension dans la distribution est de 230 volts. Quand une ou plusieurs installations photovoltaïques de faible puissance sont installées et que la consommation sur les réseaux basse tension est faible, les productions décentralisées ont pour effet d’inverser le sens d’écoulement de l’énergie active la faisant remonter vers le poste de transformation. Ce n’est pas tel ou tel gestionnaire de réseau qui est plus en difficulté d’adaptation qu’un autre. Les principales difficultés résultent de la localisation des implantations (milieu rural vs urbain, type de consommation, nombre d’installations).

    La majorité des solutions proposées par les GRD consiste à diminuer la tension, en rééquilibrant le réseau (chargement des phases mieux équilibré). De nombreux renforcements de ligne ou reconfigurations du réseau ont également été effectués ou sont prévus.

    Dans le cadre de l’intégration des productions décentralisées, il y a lieu de nuancer l’affirmation relative aux coûts. En effet, l’intégration des productions décentralisées permet de développer les énergies renouvelables; ce qui présente différents avantages externes de maîtrise des coûts à moyen et long terme. Le développement des énergies renouvelables permet non seulement de répondre en partie au problème environnemental lié à la consommation des énergies fossiles, mais également aux fluctuations des prix de celles-ci sur le marché mondial. Cette production décentralisée contribue par ailleurs à réduire les pertes réseaux. Bien gérée, elle peut donc avoir un bilan positif pour les GRD.

    C’est pourquoi l’adaptation des réseaux en vue de la bonne intégration des productions décentralisées constitue une priorité pour moi. J’en veux pour preuve le lancement à mon initiative, et sous l’égide de la CWAPE, du groupe de réflexion sur le développement des réseaux électriques durables et intelligents (REDI), dont j’ai déjà pu évoquer les avancées précédemment. Les avancées de REDI sont impressionnantes et s’avèrent robustes, mais sont très lentes à s’implémenter (gestion active de la demande au profit des GRD, compensation financière, accès flexible au réseau, …). Des tests in situ de gestion sont en cours d’élaboration par les GRD. En outre, certaines dispositions du décret électricité sont en cours de révisions afin d’assurer une intégration des productions décentralisées à moindre coût.

    Enfin, j’ai également initié des recherches pour faire émerger des solutions innovantes qui pourront à terme être appliquées par les opérateurs de réseau. Le programme mobilisateur « Reliable » sur les réseaux électriques intelligents a sélectionné deux projets au mois de juin 2012: Gredor et Flexipac. Ces deux projets contribueront à l’établissement de réseaux électriques intelligents particulièrement adaptés à la Wallonie et pouvant promouvoir son développement économique par l’exportation. Les détails de leur conventionnement sont en cours d’élaboration de manière à pouvoir débuter les travaux en janvier 2013.