/

La difficulté d'intégrer le marché de l'emploi pour les jeunes diplômés

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2012
  • N° : 27 (2012-2013) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/10/2012
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Selon un rapport publié par le Forem, le taux d'insertion des jeunes diplômés, étudié sur une durée de six mois après leur inscription en tant que demandeurs d'emploi, ne cesse de baisser et est passé de 61% en 2007 à 56% l'an dernier.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il le constat du Forem et quelle analyse politique porte-t-il sur la situation et ce qui peut apparaître comme un échec de l'insertion des jeunes sur le marché de l'emploi ?

    Comment la Wallonie peut-elle intervenir dans la problématique de l'inadéquation des programmes d'études par rapport aux attentes du monde du travail ? Faut-il considérer que l'efficacité des relations entre Monsieur le Ministre et sa collègue Simonet reste à démontrer, mais n'a, à l'heure actuelle, pas fait preuve d'efficacité ? Quelle réaction compte-t-il apporter et quelles solutions envisage-t-il ?

    Lorsque l'on sait et que l'on constate que près de la moitié des nouveaux inscrits au Forem disposent uniquement d'un diplôme du secondaire et proviennent essentiellement des filières générales, que paradoxalement de plus en plus de métiers continuent à être qualifiés en pénurie ne convient-il pas de tout mettre en œuvre pour que les jeunes poursuivent leur cursus éducatif plutôt que d'allonger les files de demandeurs d'emploi ?

    Quelles sont la structure et les procédures mises en place pour conscientiser le jeune et l'inciter à ne pas cesser sa scolarité ? Quel est le bilan des actions menées et ne convient-il pas d'améliorer les techniques et d'innover afin de faire preuve d'efficacité ?

    Comment expliquer qu'un tiers des jeunes ayant trouvé du travail dans les six mois après leur inscription comme demandeurs d'emploi ont été engagés par le secteur intérimaire ?

    N'est-ce pas également un constat d'échec pour la structure du Forem ? Faut-il envisager une plus grande et meilleure collaboration entre le Forem et le secteur intérimaire ?
  • Réponse du 25/01/2013
    • de ANTOINE André

    La baisse du taux d’insertion des jeunes à 6 mois (56,3 % en 2011 pour 61 % en 2007) est liée à la crise économique et financière de 2008. En effet, en période de ralentissement conjoncturel, les sorties à l’emploi des jeunes diminuent de manière plus importante que pour les autres classes d’âge, mais, à l’inverse, en période de relance économique, les sorties à l’emploi de jeunes connaissent une croissance plus forte. Ceci montre bien la sensibilité accrue du public jeune aux changements conjoncturels. La baisse du taux d’insertion n’est donc certainement pas à interpréter comme un échec des politiques menées, mais comme un effet direct des fluctuations conjoncturelles.

    J’aimerais cependant apporter quelques nuances à ces chiffres. En effet, en temps de crise, on constate que ce sont les plus faiblement qualifiés qui sont le plus touchés ; par contre, les jeunes qualifiés (surtout l’apprentissage et le baccalauréat dont la formation est davantage pratique) continuent de disposer d’atouts importants pour s’intégrer sur le marché. Ainsi, si le taux d’insertion est seulement de 27,3 % pour le niveau primaire et secondaire de base, de 38,4 % pour le secondaire du 2e degré, 55,9 % pour le secondaire du 3e degré, 56,7 % pour le master), il est de 59,7 % pour l’apprentissage et 73,8 % pour le baccalauréat.

    C’est pourquoi les politiques actuelles en matière de formation professionnelle des jeunes doivent être poursuivies et comprendre un temps d’immersion en entreprise important. Voilà pourquoi également j’insiste tant sur le développement de la formation en alternance, même dans les formations professionnelles du Forem.

    Quant à orienter les jeunes peu ou pas qualifiés vers des métiers en pénurie, je peux dire que cet objectif est celui que je poursuis depuis le début de la législature. Le choix du ou des métiers que les jeunes envisagent d’exercer au sortir des études constitue d’ailleurs une étape-clé du parcours d’accompagnement. Lorsqu’ils ne disposent pas d’une qualification particulière, les leviers d’action que le Forem privilégie sont les essais-métiers, les mises en situation professionnelle (MISIP) – les intérims également – afin de les confronter aux métiers et aux réalités du marché. À titre indicatif, 80 % des jeunes qui entraient dans les essais-métiers en 2011 disposaient au maximum de l’enseignement secondaire supérieur et près de 50 % disposaient au maximum de l’enseignement secondaire.

    En ce qui concerne maintenant les jeunes en formation professionnelle, sur une population de 32 966 personnes, 8 004 avaient, en 2011, moins de 25 ans, soit 24,28 %. Ils étaient particulièrement représentés dans la Construction et Bois (42,93 %), en industrie (31,51 %), en transport et logistique (22,75 %) et en informatique (21,50 %). Nous sommes donc loin d’une situation où les jeunes ne seraient pas intégrés de manière active dans un processus visant le développement de compétences dans des métiers en demande. Et je voudrais souligner ici la qualité de la formation en Wallonie. J’en veux pour preuve les résultats obtenus par le Forem et l’I.F.A.P.M.E. à EuroSkills 2012 : avec 5 médailles pour le premier et 3 pour le second sur les 14 remportées en Belgique, nous pouvons, sans modestie, parler d’un bon classement pour la Wallonie.

    Enfin, le fait qu’un tiers des jeunes ait trouvé du travail via le secteur intérimaire n’est pas un constat d’échec au niveau du Forem. Cette situation reflète la structure du marché de l’emploi, dans laquelle l’intérim joue une place importante. C’est une réalité qu’il faut reconnaître et à laquelle il faut s’adapter. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Forem resserre sa collaboration avec le secteur intérimaire.