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L'exemple néerlandais en matière de politique cyclable

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2012
  • N° : 120 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 07/11/2012
    • de TROTTA Graziana
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Le SPW Mobilité s'est récemment rendu deux jours aux Pays-Bas avec des représentants des dix communes pilotes «Wallonie cyclable», projet phare du plan éponyme que Monsieur le Ministre a initié. Selon mes informations, des visites ont été organisées à Eindhoven et Den Bosch pour s'inspirer de la politique cyclable mise en place dans ces villes et, plus globalement, aux Pays-Bas.

    Les Pays-Bas sont en effet depuis plusieurs décennies un exemple en la matière, tout comme le Danemark, mais aussi l'Allemagne. La proportion de la population utilisant quotidiennement le vélo comme moyen de transport y est bien plus élevée que dans notre région et la volonté des autorités politiques néerlandaises est clairement d'augmenter encore davantage cette proportion.

    Le vélo n'a pourtant pas toujours été le moyen de transport favori de nos voisins, ce qui prouve clairement que l'on peut nous aussi développer avec succès une politique cyclable du même type. C'est d'autant plus vrai qu'aujourd'hui les vélos à assistance électrique permettent beaucoup plus facilement de faire fi du relief parfois accidenté de la Wallonie.

    Nombreux sont les éléments dont nous pouvons nous inspirer pour développer chez nous l'utilisation du vélo. Rien qu'en termes de réseau cyclable, la continuité, la clarté des indications et la propreté des aménagements constituent des piliers qu'il faut, à l'instar de ce qui existe aux Pays-Bas, renforcer.

    Quoi qu'il en soit, il s'avère toujours utile de s'intéresser de près aux expériences et aux bonnes pratiques menées à l'étranger.

    Relativement aux visites organisées à Eindhoven et Den Bosch, Monsieur le Ministre peut-il d'abord m'indiquer le coût de cette visite pour le SPW Mobilité et son cabinet ?

    N'eut-il pas été plus utile d'inviter l'ensemble des communes candidates au projet pilote «Wallonie cyclable» à s'inspirer des expériences étrangères (et ce nonobstant le fait que certaines d'entre elles l'ont certainement fait) avant qu'elles ne posent leur candidature via un plan communal cyclable ?

    Autrement dit, pourquoi cette visite intervient-elle seulement maintenant alors que les dix communes pilotes sont dans la phase de concrétisation de leur plan communal cyclable ?

    Au niveau de la politique cyclable que Monsieur le Ministre développe au niveau régional, quels sont les enseignements de ces récentes visites ? En quoi ont-elles été utiles pour la politique régionale en faveur de la mobilité à vélo ?
  • Réponse du 06/12/2012
    • de HENRY Philippe

    Quarante personnes ont participé à ce séjour de deux jours aux Pays-Bas pour un montant total de 6 500 euros.

    Entre la présélection des 13 communes et associations de communes (le 16 décembre 2010) et la date à laquelle celles-ci devaient remettre leur Plan Communal Cyclable (le 3 octobre 2011), toutes ces communes ont eu l’occasion de participer au congrès Vélo City à Séville. Au cours de ce congrès, elles ont pu confronter leurs projets aux idées de nombreux pays européens.

    Les communes pilotes avaient donc déjà eu la possibilité de s’inspirer d’autres expériences européennes au moment de l’élaboration de leur plan.

    Le projet « communes pilotes Wallonie cyclable » est maintenant dans sa phase de mise en œuvre et certaines communes éprouvent quelques difficultés lors de la mise en œuvre pratique de leur projet. L’objectif de ce séjour d’études était de voir comment nos voisins hollandais avaient résolu des problèmes identiques à ceux rencontrés par les communes pilotes.

    Voici la synthèse des leçons à tirer de ce voyage ce qui permet de mieux comprendre les questions que les communes wallonnes se posaient encore.

    Infrastructure :

    * Utiliser une définition forte du ‘confort pour le cycliste’ = minimiser l’énergie nécessaire : peu d’arrêts et de redémarrages, revêtement lisse, courbes sans ralentir (angle de giration)…
    * Abaisser les bordures, un facteur de confort essentiel
    * Se rappeler qu’une largeur permettant de rouler à deux de front offre un grand surplus de convivialité (normes NL : 2m50)
    * Donner la priorité à l’itinéraire cyclable aux intersections et inclure les cyclistes dans la priorité aux giratoires
    * Envisager la piste bidirectionnelle autour d’un giratoire, pour offrir une grande flexibilité du cheminement cycliste, et sans danger (expérience à Den Bosch) – ceci nécessite probablement une modification de la législation
    * Envisager la transformation de voies latérales en ‘rues cyclables’ – concevoir un aménagement bien lisible qui exprime la priorité du cycliste (au-delà du panneau de signalisation) ; déplacer la bande de stationnements vers la gauche (éviter le risque des portières)
    * Envisager la couleur unique pour tout aménagement vélo (le rouge aux Pays-Bas, aussi appliqué aux bandes suggérées)
    * Envisager des feux à la demande pour cyclistes aux carrefours à feux
    * Assurer la continuité et la lisibilité de l’itinéraire – le cheminement doit à tout moment être clair
    * S’appuyer sur une forte hiérarchisation des voiries : canaliser la circulation pour créer des itinéraires tranquilles et sécurisants dans d’autres rues
    * Bien exprimer la hiérarchie des voiries dans l’aménagement – accord entre fonction et forme : des grands axes fluides et sécurisés, des rues locales physiquement apaisées



    Stationnement :

    * Offrir du parking gratuit et surveillé (personnel) au centre-ville
    * Offrir une diversité en offre de stationnement vélo : emplacements avec arceaux, du parking couvert et surveillé, des casiers vélo…
    * Offrir des bornes de rechargements gratuits – dans les parkings vélos, à l’entrée d’un équipement public…



    Promotion-sensibilisation-formation :

    * Focaliser sur le message clé : « faire du vélo, un vrai plaisir » (‘lekker fietsen’) – moins de messages ‘donneurs de leçons’ (santé, responsabilité écologique) et moins insister sur casques et gilets fluo
    * Penser au vélo pour tous les âges
    * Offrir des incitations financières : primes, cadeaux (tirage au sort parmi les utilisateurs d’un parking vélo)
    * Développer la promotion du vélo à assistance électrique (e-bike), qui permet de franchir des distances jusque 15 km (éviter l’image du e-bike seulement pour les personnes âgées)
    * Sensibiliser les automobilistes au fair-play vis-à-vis des cyclistes
    * Sensibiliser les cyclistes à la bonne cohabitation avec les piétons



    Ancrage :

    * Envisager un équivalent de la Fietsbalans : un outil d’évaluation externe de la cyclabilité et de la politique vélo des communes, un ‘bulletin’ qui incite à l’émulation (aux Pays-Bas une méthode complète et rigoureuse, mise en place par le Fietsersbond) ; la Fietsbalans sert aussi à décerner le prix annuel de « commune vélo »
    * Envisager un ‘budget vélo’ structurel