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Les coûts des matières premières exprimés en dollar ou en euro

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2012
  • N° : 34 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 22/11/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Quant aux prix des matières premières hors énergie, les prix sont calculés en dollar. Vu la faiblesse de l’euro face au dollar, on ne s’étonnera donc pas de voir les prix en 2012 évoluer à des niveaux tels qu’ils mettent en péril la compétitivité des entreprises. Le constat est essentiellement fait pour les denrées alimentaires, mais concerne aussi d’autres matières premières.

    À l’inverse, le repli de la demande mondiale provoque un recul du prix des matières premières industrielles. Si les prix, exprimés en dollar, reculent, la dépréciation de l’euro par rapport au dollar a un impact important sur l’évolution du prix : - 12.5 % en dollar et – 1.9 % en euro.

    Doit-on dès lors s’étonner que les multinationales se retirent de la zone euro pour se retrancher dans la zone du dollar ?

    Monsieur le Ministre confirme-t-il ces analyses ? Avons-nous des moyens pour aider les entreprises à faire face à cette évolution et à ne pas perdre trop de points en matière de compétitivité ?
  • Réponse du 27/05/2013
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La diminution du cours de l’euro face au dollar risque de coûter cher aux entreprises intensives en matières premières importées, mais cela, par contre, ne risque pas de leur faire perdre des parts de marché face à leurs concurrents étrangers.

    Même pour ces entreprises fortement dépendantes de l’étranger pour leurs biens intermédiaires, la baisse de l’euro leur donne un avantage par rapport à leurs rivales sectorielles étrangères. D’un point de vue international, la hausse du prix des matières premières importées est plus que compensée par la diminution de la valeur de l’euro. En effet, la baisse de l’euro permet une diminution du prix des biens européens qui comprend le coût des biens intermédiaires incluant donc les frais énergétiques – ce qui compense l’augmentation du coût des matières premières due à l’appréciation du dollar en euro - mais également la valeur ajoutée produite sur le territoire européen.

    Il faut rappeler que, même lorsque nos entreprises n’exportent pas, elles sont, nos frontières étant ouvertes, soumises à la concurrence internationale d’entreprises étrangères installées ou désireuses de s’installer en Belgique pour conquérir de nouveaux marchés. Ainsi, une diminution du cours de l’euro est également favorable à des entreprises n’exportant pas ou pas encore.

    L’impact d’une hausse du coût des matières premières a plutôt un impact sur les consommateurs qui, à salaire égal, voient une augmentation du coût de certains biens, et principalement ceux dont l’intensité énergétique est importante.

    Les entreprises hautement consommatrices en matières premières importées, tant belges qu’étrangères, feront dès lors face, à moins qu’elles ne proposent des biens indispensables pour les consommateurs, à une demande globale en diminution. Un tel phénomène peut être un incitant pour ces entreprises à revoir leur modèle économique vers un mode de fonctionnement moins dépendant de l’extérieur. Cette incitation sera plus contraignante pour les entreprises dont l’activité principale se situe dans la zone euro.

    Avec la hausse des prix des produits importés, les consommateurs subissent une hausse du coût de la vie. Le pouvoir d’achat individuel diminue dès lors. Cependant, l’effet de la baisse de l’euro ne peut se résumer qu’à ce constat. En effet, les entreprises créant de la valeur ajoutée dans la zone euro verront le coût de leurs biens diminuer à l’étranger et verront le coût de leurs concurrents produisant hors zone euro augmenter sur le marché intérieur.

    S’il en résulte, dans un premier temps, une diminution du pouvoir d’achat, la baisse de la valeur de l’euro peut être un incitant pour nos entreprises à diminuer leur dépendance aux produits importés ainsi qu’une opportunité pour l’ensemble de nos entreprises tant sur le marché intérieur que le marché extérieur pour augmenter leurs parts de marché et créer davantage d’activités et d’emplois en Belgique. D’une perspective globale, la diminution du cours de l’euro pourrait être considérée comme une bonne nouvelle en Belgique.

    Il faut cependant nuancer cette conclusion, car nous partageons toujours une monnaie commune avec nos voisins européens et, au vu de l’importance du marché unique dans nos échanges commerciaux, l’opportunité que représente cette baisse du cours pour nos entreprises wallonnes peut s’avérer être très restreinte. En outre, l’avenir de notre économie européenne est de s’orienter vers une économie à haute valeur ajoutée. Les entreprises agissant dans ce type d’économie sont fortement spécialisées et dès lors peu sujettes à concurrence. Ainsi, les variations de l’euro ne devraient dès lors pas avoir pour nos entreprises porteuses d’avenir l’importance qu’elle pourrait avoir pour des entreprises de plus en plus menacées par la productivité et les salaires à l’étranger.

    Par contre, l’incitant à une moins grande consommation énergétique qu’implique la diminution du cours de l’euro est le bienvenu, car la hausse des coûts de l’énergie va s’intensifier et le plus tôt nous pouvons anticiper ce phénomène le mieux cela sera.

    Ainsi, l’ampleur des avantages et des inconvénients et l’impact global de la diminution de la valeur de la monnaie unique dépendront de l’importance et la durée de la tendance de la variation du cours de l’euro ainsi que du dynamisme et de la réactivité de nos entreprises ; dynamisme et réactivité que le gouvernement se doit d’encourager et d’amplifier. C’est dans ce contexte que les primes, et particulièrement les primes énergétiques, que les soutiens à l’internationalisation et que la promotion de l’innovation et de la recherche prennent tout leur sens.

    À noter finalement que le Ministre de l’Économie, dans un objectif de préservation de la compétitivité de nos P.M.E., a lancé la phase test du projet « Smart Park » permettant de sensibiliser les P.M.E. à la problématique des coûts croissants de l’énergie et aux possibilités de réduire facilement leur facture énergétique ainsi que d’octroyer les instruments leur permettant de maîtriser leur consommation d’énergie.