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Les stratégies permettant de faire face à la désindustrialisation

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2012
  • N° : 44 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 03/12/2012
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Suivant Eurostat, qui compare l’évolution de la valeur ajoutée dans l’industrie sur base d’un indice 100 au premier trimestre 2000, la Belgique et la France sont, après quelques montées de l’indice jusque 2008 et une chute en 2008-2009 suivie d’une légère montée en 2010 et 2011 avant de retomber en 2012, quasiment au même niveau qu’en 2000.

    Depuis 1970, le nombre de travailleurs dans l’industrie belge a chuté de 1.2 million à 0.6 million aujourd’hui. C’est dû en partie à la croissance de la productivité basée sur l’évolution technologique qui remplace le travail de l’homme par le travail de la machine, offrant toujours moins de perspectives d’emploi aux travailleurs moins bien qualifiés. C’est une des stratégies moyennant lesquelles le patronat belge (et wallon) a réagi par rapport aux déficits en termes de compétitivité internationale des entreprises.

    Par contre, l’évolution du même indice pour l’Allemagne, les Pays Bas et l’Autriche montre qu’il s’agit là de pays, qui ont également subi les effets de la crise en 2008/2009, mais qui se sont, avec un indice 2012 entre 120 et 135, repris de façon nettement plus spectaculaire que la Belgique et la France. Et il parait que les trois pays cités subissent actuellement aussi la crise, mais avec nettement moins d’impact négatif sur la valeur ajoutée générée dans l’industrie.

    Est-ce que dans ces pays, l’évolution, nettement plus favorable en termes de valeur ajoutée, se traduit par la création ou le maintien d’un nombre proportionnellement plus important d’emplois dans l’industrie ? En d’autres termes, la situation dans ces pays a-t-elle été analysée sous cet angle de vue par le Gouvernement wallon dans le but d’en tirer les enseignements éventuellement transposables chez nous ?

    En effet, si l’on peut observer qu’il n’y aurait pas de politique européenne en matière de développement industriel, cela ne couvre qu’une partie de la vérité. Je dirais plutôt que s’il n’y a que trop peu de politique industrielle commune, il y a quand même des politiques industrielles menées au niveau de certains pays-membres de l’UE plus efficaces que les politiques industrielles menées par d’autres.
  • Réponse du 27/05/2013
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La Région wallonne s’est dotée d’une politique industrielle qui se traduit notamment par une incitation à la recherche industrielle, à l’investissement, par une emphase sur l’innovation et le prototypage ainsi que par la politique des pôles visant à faire travailler ensemble P.M.E., grandes entreprises, universités, centres de recherche et centres de formation en vue de produire des projets à haute valeur ajoutée et à potentiel commercial élevé.

    C’est d’ailleurs une des raisons expliquant la chute plus importante en Flandre qu’en Wallonie de l’industrie tant en termes d’emplois qu’en termes de valeurs ajoutées. De 2000 à 2009, selon l’UWE, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée totale est tombée en Flandre de 23 % à 19,5 tandis qu’en Wallonie, cette diminution n’a été que d’un demi-pour cent (de 18 % à 17,5 %). Toujours sur la même période et selon la même source, il y a une diminution du nombre d’emplois dans l’industrie manufacturière qui s’est élevé en Flandre et en Wallonie respectivement à 15 % et à 8 %.

    L’Union européenne est née, avec la Communauté économique du Charbon et de l’Acier (CECA), sur l’industrie. La politique industrielle est cependant restée longtemps l’apanage des États membres et cette situation s’est traduite par une mise en concurrence et par des délocalisations à l’intérieur de l’Union européenne. En 2010, en publiant la stratégie 2020, la Commission a fait de la politique industrielle l’un des piliers de ce vaste programme de redéploiement économique. Bien que certains États aient tenté de s’opposer à une stratégie industrielle intégrée, le Conseil a finalement adopté des conclusions allant dans ce sens.

    La crise ayant frappé plus durement certains secteurs, notamment l’acier en Wallonie, la commission a affiné sa stratégie à l’occasion d’une réévaluation qui a été publiée en octobre 2012. Elle se donne pour objectif d’amener la contribution de l’industrie au PIB européen à 20 % d’ici 2020. Quatre priorités et six domaines d’action ont été identifiés. Font partie des priorités, « la Recherche et Développement », « l’accès au capital », « l’internationalisation » et « l’amélioration des conditions de marché ». Parmi les domaines d’actions identifiés, sont notamment concernés : « les technologies de pointe propres », « la construction durable », « les réseaux énergétiques intelligents » et « les sciences du vivant ».

    De plus, la commission a lancé des initiatives en faveur des secteurs les plus touchés et notamment l’acier, l’industrie automobile et la construction.

    La Région wallonne a été étroitement associée à ces initiatives. Elle a soutenu la position de la France lors des Conseils compétitivité d’octobre et de décembre quant à une meilleure articulation de la politique industrielle avec les politiques dans les domaines de l’emploi, de l’environnement, du climat et du commerce extérieur. Elle a plaidé également pour que la modernisation des aides d’État, qui est en cours, intègre les contraintes liées à la réindustrialisation.

    Selon les chiffres d’Eurostat relatifs à l’industrie entre 2005 et 2011, on voit que, pour l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche leur industrie est respectivement caractérisée par une augmentation, une stagnation voire une légère diminution du volume de valeurs ajoutées, mais également par une stagnation, une diminution légère voire une diminution importante du nombre d’emplois dans le secteur. On peut en conclure que la productivité des travailleurs n’a cessé d’augmenter.

    Si on fixe un indice 100 pour la valeur ajoutée de l’industrie à l’économie européenne en 2005 et en 2011, cet indice ne représente plus que 92,2 pour la France et 111,9 pour l’Allemagne. De même, en ce qui concerne le volume d’emplois, la valeur 100 de 2005 passe, respectivement, à 87,45 pour la France et à 100,35 pour l’Allemagne, en 2011.

    Ces chiffres ne doivent cependant pas occulter une nécessaire prudence. En effet, si l’Allemagne semble avoir fortement augmenté sa valeur ajoutée, l’emploi, quant à lui, semble avoir stagné. De plus, il convient de rappeler qu’alors que la productivité augmentait dans la plupart des autres pays, en Allemagne, la pression a été mise sur les salaires afin d’améliorer la compétitivité au détriment des partenaires européens et d’une convergence économique européenne.

    Toute politique industrielle doit dès lors prendre en compte les politiques économiques menées dans tous les États de l’Union européenne. Elle doit s’appuyer sur des mesures qui ont fait leurs preuves dans les domaines social et économique et sur une convergence fiscale autant que sociale et économique au niveau européen.