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Le Plan wallon nutrition, santé et bien-être des aînés

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 40 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 10/12/2012
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances

    D’après une récente étude, la moitié des aînés vivant à domicile sont dénutris ou considérés comme à risque de dénutrition.

    Interpellée par ce constat, je me tourne vers Madame la Ministre suite à la parution d’une nouvelle brochure intitulée «Plan nutrition, santé et bien-être des aînés».

    Madame la Ministre peut-elle m’expliquer comment on est arrivé à de tels résultats ? Pourquoi y a-t-il autant de personnes âgées touchées par la dénutrition ? Est-ce dû à un facteur social, économique, sociétal, à un manque d’information des recommandations particulières en matière de nutrition en fonction des âges ?

    Cette dernière s’adresse non seulement aux professionnels de la santé, mais également au grand public.

    Je souhaiterais connaître les effets que Madame la Ministre espère de cette brochure.

    À combien d’exemplaires va-t-elle être distribuée outre le fait que l’on peut la télécharger sur le site http://socialsante.wallonie.be? Où sera-t-elle distribuée ?

    Quel budget Madame la Ministre a-t-elle octroyé à sa réalisation ?

    Comment les différentes cibles vont-elles pouvoir utiliser efficacement le contenu de la brochure ?
  • Réponse du 27/12/2012
    • de TILLIEUX Eliane

    « La dénutrition est un état pathologique provoqué par l’inadéquation persistante entre les besoins métaboliques de l’organisme et la biodisponibilité en énergie et/ou en protéines et/ou en micronutriments. Elle peut être liée à la réduction des apports nutritionnels quel qu’en soit le mécanisme et/ou à une augmentation des besoins métaboliques »(1).

    Il existe peu de chiffres de prévalence de la dénutrition chez des personnes âgées à domicile. La prévalence de la dénutrition dépend des outils utilisés pour le diagnostic et du lieu de vie des personnes concernées.

    La littérature montre que 12,5% des personnes âgées souffrant d’affections chroniques présentent un poids insuffisant.

    En fait, la prévalence et le risque de dénutrition auprès des personnes de plus de 65 ans vivant de manière autonome à domicile est respectivement de 4,3% et de 25,4% (Cuervo et al., 2009).

    D’autres études montrent que la dénutrition chez les personnes âgées vivant à domicile peut atteindre 25 à 30 % (Christensson, 1999 ; Payette et al., 2000 ; Ödlund Olinet al., 2005 ; Soini et al. 2006).

    La prévalence relativement élevée de la dénutrition dans la population âgée peut être expliquée par les modifications physiologiques liées au vieillissement et par l’accumulation des pathologies au cours du vieillissement, éventuellement aggravée par les médicaments et certains régimes.

    Les causes de la dénutrition chez la personne âgée sont donc multifactorielles :
    - socio-environnementale : isolement, perte des liens familiaux, perte du conjoint ;
    - perte d’autonomie pour les actes de la vie quotidienne ;
    - toute affection aiguë ou décompensation d’une pathologie chronique ;
    - traitements médicamenteux de longue durée ;
    - troubles bucco-dentaires ;
    - régimes restrictifs ;
    - troubles cognitifs et autres troubles neurologiques ;
    - troubles psychiatriques comme la dépression ;
    - altération de la déglutition ;
    - perte du goût et de l’odorat.

    Il est constaté que la dénutrition, phénomène sous-estimé et sous-diagnostiqué, n’est généralement pas prise en charge, alors même qu’elle participe à l’aggravation de la dépendance par ses multiples comorbidités et donc diminue la qualité de vie.

    Lors de l’enquête de 2009 sur les pratiques alimentaires et nutritionnelles dans les MR/MRS en Wallonie menée auprès des gestionnaires, il est apparu que la plupart de ces maisons n’avaient pas de procédure de dépistage et de suivi de l’état nutritionnel pour combattre la dénutrition.

    Le guide du « Plan Wallon Nutrition Santé et bien-être des Aînés » pour les maisons de repos est un outil de référence. Il est destiné aux professionnels et composé de deux brochures :
    - la première aborde la dénutrition au travers des connaissances scientifiques et les conseils pour améliorer l’état nutritionnel des résidents,
    - la seconde présente des fiches techniques, par métier, destinées aux personnels de la maison de repos.

    L’objectif du guide est d’amener chaque établissement à élaborer une stratégie, d’implémenter une véritable politique nutritionnelle qui puisse apporter une plus‑value dans la qualité de vie et de soins via une approche souple, intégrée et multidisciplinaire.

    La réalisation du guide a été confiée par marché public de services à l’ASBL Question Santé pour un montant de 24 400 euros.
    L’impression a été attribuée par marché public à la S.A. Alleur Printing pour un montant de 18 725 euros.
    La Poste s’est chargée de la distribution des guides pour un montant de 4 373 euros.

    Je souligne que ce sont des experts et des professionnels wallons de haut niveau qui collaboré bénévolement à la rédaction du guide.

    Plus de 4 600 exemplaires de ce guide ont été distribués à ce jour. Chaque maison de repos a reçu 6 exemplaires. Plus de 500 exemplaires ont été envoyés aux institutions et personnes susceptibles d’être intéressées par le thème de la dénutrition de la personne âgée en institution, à savoir :
    - les écoles d’infirmiers, de diététiciens, de santé publique, d’enseignement de promotion sociale, d’hôtellerie ;
    - les gestionnaires d'hôpitaux et les responsables de services G des hôpitaux ;
    - les fédérations des maisons de repos et association de directeurs de maison de repos et l’AFRAMECO (association des médecins coordinateurs) ;
    - l’Union professionnelle des diplômés en diététique de langue française ;
    - les revues de diététique, Question Santé et Roularta Media Group;
    - le Journal du médecin et les bibliothèques universitaires wallonnes ;
    - la Société belge de gérontologie et de gériatrie et la Belgian Nutrition Society ;
    - le SPF Santé Publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et environnement et l’INAMI ;
    - Infor-Homes Wallonie, Test-Achats, le Crioc et Sodexho ;
    - le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) et l’Observatoire franco‑belge de la santé (OFBS) ;-
    - les Fédérations de la santé Wallonie-Bruxelles et les Observatoires de la santé ;
    - le Gouvernement wallon, le Parlement wallon, le ministre de l'enseignement obligatoire et de la promotion sociale, le SPF Santé publique - Conseil supérieur d'hygiène ;
    - le ministre wallon des pouvoirs locaux, de la ville et du tourisme, Fédération Horeca Wallonie ;
    - l’OMS Belgique et le Conseil de l’Europe ;
    - les CPAS de Wallonie;
    - les Alliances et Fédérations des mutualités ;
    - la RTBF et RTL qui nous avaient interrogés.

    Le guide a été rédigé de manière à ce qu’une grande partie des messages puissent être compris par le plus large public. Les résidents et les familles peuvent ainsi prendre connaissance des soins qu’ils sont en droit d’attendre dans les établissements d’accueil pour les aînés. Cette brochure n’a qu’indirectement l’objectif de concerner les aînés soignés à domicile.

    Néanmoins, la plupart des causes de dénutrition étant semblables et les personnels chargés de soins présentant un même profil, le guide leur sera d’un grand secours dans le secteur des soins à domicile.

    Mon intention est de promouvoir les bonnes pratiques dans les maisons de repos et ensuite de structurer le dispositif dans le contexte de la charte qualité.

    Le quart des octogénaires et plus sont en établissement collectif d’accueil. Entre 15 et 20% d’entre eux sont dénutris et 60% à risque de dénutrition. Parmi les trois quarts restants, un grand nombre d’entre eux bénéficient de soins à domicile et, si le taux de dénutrition parmi eux est faible (± 8 %), en revanche leur nombre absolu est plus important. Par conséquent, parmi ces derniers, à terme, nous ne pourrons faire l’économie d’actions concertées avec les professionnels.


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    (1) Définition proposée par le CNANES (Comité national de l'alimentation et de la nutrition des établissements de santé) dans le cadre du programme de formation continue de la filière médicale (PNNS) France.