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Le cap des 12.000 faillites

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 65 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 09/01/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    L’ECHO du 2 janvier 2013 : « Plus de 11 000 faillites ont été recensées en 2012, avec 22 000 pertes d’emplois à la clé. Et ce sera pire encore en 2013, prévient Graydon. » 

    « Et ces pertes ne sont pas compensées puisque du côté des créations d’entreprises, le bilan est tout aussi déprimant. En 2012, 73 500 nouvelles entreprises ont été constituées. C’est 8,4 % de moins qu’en 2011. » Ce sont là les chiffres pour la Belgique. L’article pointe surtout la « Flandre en crise » : la hausse des faillites étant presque intégralement attribuable à la Flandre, secouée par une crise sans comparaison. Seulement, si la crise est « flamande »(?), on n’a aucune raison de se contenter parce que tôt ou tard, elle nous touche directement étant donné que les relations commerciales entre la Wallonie et la Flandre ne restent pas sans impact, ni dans le domaine de la sous-traitance, ni dans la mesure où le pouvoir d’achat du côté flamand sera gravement touché.

    Quelles en sont les raisons ?

    D’une part, Graydon constate que : « La crise économique fait fonction de catalyseur: beaucoup d’entreprises qui avaient pratiquement épuisé leurs réserves, sont aujourd’hui contraintes de mettre la clé sous le paillasson ».

    Cela étant, la crise n’explique pas à elle seule la forte augmentation du nombre de faillites. Elles résultent surtout des problèmes structurels qui se manifestaient déjà avant la crise de 2008.

    En plus, les retards de paiement, avec pour conséquence des déficits aigus de liquidité, restent la cause principale des faillites.

    C’est un angle d’analyse particulièrement inquiétant, car il traduit que le potentiel de relance de l’économie sera toujours quelque part fragilisé par le fait que des entreprises qui pourraient y participer n’ont pas les reins suffisamment solides pour se lancer vraiment dans l’aventure.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre par rapport aux entreprises wallonnes ? Résisteront-elles à l’effet de la crise comme cela est décrit par Graydon ? Est-ce le cas particulièrement pour les entreprises qui participent aux pôles de compétitivité ? Est-ce que la Région wallonne dispose d’une analyse systématique de la question ? Sur base de laquelle peut-elle développer ses outils d’aides d’abord à surmonter la crise actuelle pour ensuite investir dans les capacités de production ?

    Est-ce que les outils dont nous disposons se comportent de façon adaptée aux réalités que rencontrent les entreprises lorsqu’elles – ayant investi leurs réserves dans le développement d’activités et face à des banques toujours frileuses – s’adressent à la Région wallonne (ou à ses outils) ? C’est une question qui doit être posée surtout dans le cadre des invests ? Suivant les échos que j’en ai, ils aident à investir, pour autant qu’il n’y ait aucune difficulté dans les derniers bilans. Or, face à la crise, le risque de terminer une année avec un bilan négatif, miroitant la situation difficile actuelle, est plus important qu’en période de croissance soutenue.
  • Réponse du 04/06/2013
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La Wallonie est affectée également par la crise. S’il y a effectivement une diminution du nombre de faillites, cette baisse est extrêmement légère et est loin d’effacer les précédentes augmentations qui nous ont touchées ces dernières années.

    Si, cette année, les entreprises wallonnes semblent faire preuve d’une certaine résistance, peu importe la qualité de leur structure bilantaire, si la crise perdure encore plusieurs années, un risque d’hécatombe se fera de plus en plus menaçant.

    Les entreprises actives dans le secteur des pôles résistent effectivement mieux à la crise et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ces secteurs font l’objet d’un soutien significatif de la part des pouvoirs publics wallons. Ensuite, ils ont été choisis pour leur potentiel important de développement. C’est ainsi qu’ils affichent des statistiques relativement bonnes à l’exportation. Effectivement, selon l’AWEx, dans les cinq secteurs les plus exportateurs se trouvent, dans un ordre décroissant, les « produits des industries chimiques » dont les produits de l’industrie pharmaceutique, les « métaux communs et ouvrages en ces métaux », les « machines et équipements mécaniques, électriques et électroniques », les « matières plastiques et caoutchouc ; ouvrages en ces matières » et les « produits alimentaires, boissons et tabacs ».

    Il n’existe pas d’analyse systématique quant à cet aspect. La tenue d’un registre d’indicateurs économiques sur base des données de la BNB, Eurostat, IWEPS, AWEx et Graydon, est suffisante pour obtenir une image claire de la situation et de son évolution.

    Pour en revenir aux faillites et ses conséquences, les secteurs les plus touchés sont tout d’abord les secteurs habituellement concernés comme l’HORECA et le commerce qui sont des domaines au sein desquels la rotation est importante. Il y a ensuite les secteurs, comme le transport, qui sont affectés par la crise et par la réduction du commerce international qui en résulte.

    Il ne faut pas tomber dans le piège d’une politique économique adaptée secteur par secteur. Il faut conserver une approche relativement globale tout en favorisant les domaines porteurs qui sont les domaines à haute valeur ajoutée, permettant de compenser notre coût du travail, et se résumant principalement à l’industrie, domaine par excellence créateur de richesses.

    Les outils et mesures actuels publics semblent suffisants. En effet, ces derniers favorisent l’investissement, la recherche et l’innovation qu’elle soit technologique ou non. Ils permettent un accompagnement dans la création et le développement d’une entreprise. Et, finalement, l’existence d’outils financiers permet de répondre, au moins partiellement, au problème de financement dont sont victimes certaines entreprises.

    Des incitants fiscaux pourraient être instaurés afin d’atteindre des objectifs similaires tout comme une régulation plus contraignante de l’activité bancaire pourrait également servir. Cependant, ces aspects relèvent principalement voire exclusivement des compétences fédérales.

    Les Invests ne peuvent, effectivement, pas intervenir au profit d’entreprises en difficulté. Cette caractéristique nous provient du droit européen interdisant que l’immense majorité des régimes d’aides ne profite aux entreprises en difficulté.

    Cependant, la région a décidé, surtout en période de crise, de soutenir ces entreprises tout en se conformant à cette interdiction. En effet, la violence de la crise fait que, peu importe la santé financière ou les perspectives commerciales, aucune entreprise n’est épargnée.

    Dans un premier temps, la région a décidé d’intervenir plus en amont afin d’agir au plus vite et ne pas attendre que l’entreprise rentre dans les conditions d’une entreprise en difficulté. C’est ainsi que les conditions d’intervention de la Sowalfin, dès les premiers instants de la crise, ont été élargies afin de permettre un soutien plus conséquent et ouvert à davantage d’acteurs économiques.

    Ensuite, la région se donne les moyens d’intervenir tout de même financièrement au profit d’entreprises en difficulté via les seules aides autorisées au niveau européen que sont les aides au sauvetage et à la restructuration octroyées par la SOGEPA.

    Afin d’accompagner les entrepreneurs dans les moments économiques difficiles, l’exécutif régional a récemment mis en place, à l’initiative de son Ministre de l’Économie, le Centre d’entreprises en difficulté. Il a pour objectif de détecter les P.M.E. en difficulté, les écouter, les accompagner et les réorienter vers les bonnes personnes pour leur redressement.

    Il faut également souligner la mise en place, au sein de la Sowalfin, du Médiateur crédit qui a pour rôle d'examiner la situation des P.M.E. en difficulté de manière concrète et en concertation avec les organismes financiers concernés, en vue de proposer des solutions appropriées.
    Ainsi, malgré l’interdit européen, le Gouvernement wallon a réussi à établir différents mécanismes d’écoute, de soutien et d’accompagnement au profit d’entreprises en difficulté qui, en ces temps de crise, en ont plus que jamais besoin.